L’élection présidentielle de 2017 : choisir son candidat en quatre questions-clés
Un grand hebdomadaire se posait dernièrement la question de savoir si nos dirigeants sont à la hauteur de leur tâche. Les attentats dramatiques qui frappent notre pays font de cette question un enjeu crucial. En fait, deux options se proposent à nos gouvernants : l’option de la raison et l’option de la passion. L’option de la raison commande de réfléchir aux causes et aux conséquences de ces attentats et à ne pas se laisser envahir par le désir de vengeance. L’option de la passion consiste à pousser jusqu’au bout la logique guerrière et à créer des fractures entre les composantes de notre société.
Ce dilemme va recouvrir toute l’élection présidentielle. Il est naïf de penser que l’élection se décidera sur des programmes et sur des bilans. Elle se décidera très largement sur la personnalité des candidats : sont-ils capables de concilier raison et passion ? Quel type de personnalité faut-il à notre pays dans la période actuelle ? Cela ne va pas seulement concerner notre sécurité, mais l’ensemble du scope politique. Depuis quelques années, la population française n’accepte plus qu’on lui tienne le seul discours de la seule raison. Les jacqueries, révoltes, manifestations qui ont émaillé ces dernières années le démontrent : la révolte bouillonne dans les entrailles du pays. Elle concerne la fiscalité, l’accès équitable aux soins et à l’éducation, la justice sociale et surtout l’accès au marché du travail, plus verrouillé que jamais.
Jamais la personnalité profonde des candidats n'aura été aussi importante. Or il faut bien constater que le jugement porté par les citoyens sur ces personnalités est le plus souvent sommaire. Les variations dans les sondages montrent que le plus important paramètre est le coefficient de sympathie qu’inspirent les hommes politiques. Mais comment se rendent-ils sympathiques ? Souvent par une simple phrase, une attitude, une bonne réaction.
Et si l’on décidait de prendre en compte véritablement la personnalité des candidats dans toute leur dimension ? Si l’on allait au-delà des postures de communication et des opérations médiatiques pour se demander vraiment si la personnalité à laquelle nous allons confier notre destin collectif est une personnalité en laquelle vraiment nous avons confiance ? Qui serait vraiment à la hauteur des enjeux de la nation, entre passion et raison ?
Pour cela, il faut revenir aux fondamentaux, à des questions clés dans des situations où la décision est vitale pour soi.
Proposons ici une approche très simple, qui n’a pas vocation à définir un test scientifique mais est de nature à faire réfléchir sur ce que nous sommes en droit d’attendre du futur Président de la République.
Quatre questions centrales me semblent pouvoir amorcer en chaque citoyen une vraie réflexion sur ce qu’il attend des candidats.
La première question : si mon enfant était en danger, à quel candidat ferais-je appel pour assurer sa sécurité ?
Deuxième question : si demain quelqu’un que j’aime devait subir une opération chirurgicale à haut risque, à quel candidat confierais-je l'opération ?
Troisième question : si je devais donner en gestion tous mes biens à un mandataire en étant certain qu’à mon retour mon patrimoine aurait fructifié ou tout du moins serait en l’état, à quel candidat les remettrais-je ?
Quatrième question : si mon pays était en guerre et que je devais rejoindre un régiment, en quel candidat aurais-je confiance pour aller au feu et nous mener à la victoire ?
Ces quatre questions ont un rapport étroit avec la responsabilité politique : l’essentiel est en jeu. Le droit à l’erreur n’existe pas. Les conséquences sont trop lourdes pour être jouées aux dés. Il faut du sang-froid et de l’expérience. C’est la partie rationnelle. Dans les quatre cas aussi, il faut des qualités humaines : l’empathie, le sens de la responsabilité, la solidité et la confiance.
Posez-vous ces quatre questions à propos de chacun des candidats à la présidentielle de 2017. Elles ne sont que l’esquisse d’un test de personnalité mais elles fonctionnent. Chacun pourra du reste formuler ses propres questions en fonction de sa sensibilité politique.
Pourquoi ces questions ? Parce qu’elles ne se rapportent pas à la collectivité abstraite, à la Nation, à la France, mais à nous-mêmes. Nous savons parfaitement, en notre for intérieur, quelles vertus nous attendons de ceux à qui nous confions ce que nous avons de plus cher. Tous les jours, nous faisons confiance à un médecin, un professeur, un chauffeur, un pilote, un chef, et nous le faisons sans peur parce que nous avons jugé, dans la relation personnelle qui nous lie, que ces gens sont à la hauteur. Ce jugement nous le formons intuitivement, rapidement, presque sans réfléchir.
La distance énorme qui nous sépare apparemment de la fonction présidentielle dilue cette relation directe. Nous nous en remettons à des impressions confuses. A des petites phrases.
Mais un Président de la République aujourd’hui tient entre ces mains bien plus que la gestion du pays. Il dispose largement de notre destin individuel et de celui de nos enfants. Au-delà des programmes et de l’image médiatique, nous avons besoin d’un individu possédant au plus haut point ce que les Anciens appelaient des « vertus ». Nous savons quelles elles sont. Réfléchissons. En quatre questions, nous aurons une idée de la réponse.
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