En 1944, la guerre n’est pas terminée que les puissances occidentales souhaitent construire un nouvel ordre mondial dans lequel la coopération commerciale internationale assurerait la promotion des impératifs économiques et sociaux au services des peuples. En quelques années, en dépit de l’engagement frénétique de John Maynard Keynes, va se jouer et s’imposer l’orientation néolibérale de la mondialisation. Celle qui se fait au dépend des peuples, de leur souveraineté démocratique et de leur condition de vie. Celle qui s’impose au profit indécent d’une élite sociale et économique occidentale et immorale.
Pourtant, une autre coopération internationale eut été – et reste – possible. Dans les débats qui ont animé la création des accords internationaux en matière de coopération économique et de régulation monétaire, Keynes a tenté d’imposer une organisation qui reposait sur une combinaison vertueuse entre d’une part, uneindépendance des politiques économiques et industrielles nationales favorisant la création d’emplois et d’autre part, des échanges commerciaux bien compris entre les nations. Les élites économiques et politiques nous en ont clairement éloigné.
Garante de cet intérêt général, la Banque des Règlements qu’il appelait de ses vœux, aurait contrôlé et régulé les déficits structurels nationaux et les excédents commerciaux massifs. Des outils égoïstes de prédation d’une économie sur les autres, empêchant le développement économique, détruisant l’emploi et sabordant globalement la stabilité économique internationale. Les Etats-Unis refuseront toute idée de coopération solidaire et responsable et pourtant, elle est possible, elle est utile, elle est bénéfique.
La preuve par le fait, posthume pour Keynes épuisé et décédé dans son combat vain, mais riche d’enseignements pour nous, maintenant et pour demain. En 1951, pour redresser une Europe détruite sera mise en place l’Union européenne des paiements, une coopération économique entre les Nations européennes dans un cadre fortement inspiré de la Banque des Règlements. Dans cette période, les pays qui s’y sont engagés ont vu leur croissance et leur développement économique croitre considérablement. A contrario, l’Angleterre qui s’y refusa accusa un long déclin économique, une croissance atone et un processus de désindustrialisation.
La mondialisation telle qu’elle a été mise en œuvre n’est pas heureuse et il faut revenir dessus. Elle n’est qu’une globalisation financière et marchande, mensongère ravageuse et les prochaines notes que je vous proposerai seront une présentation des causes et des conséquences désastreuses pour les Nations, pour les peuples et pour les salariés, dans les pays occidentaux comme dans les pays en voie de développement et toujours sous-développés. Cette présentation s’appuiera sur le dernier livre de Jacques Sapir, économiste et directeur d’études à l’EHESS, l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. C’est pas rien.