La campagne que vous souhaitez
Récemment le site d’une grande radio a mis en ligne un concours de slogans concernant la campagne présidentielle. Nous, internautes, devons proposer des slogans pour la campagne électorale à venir. Ils seront ensuite transmis aux différents partis. Ce brainstorming géant, à l’échelle du Web, s’inscrit dans la ligne de la campagne électorale actuelle des deux partis principaux que sont l’UMP et le PS. En effet, à l’heure actuelle, aucun des deux candidats principaux n’a dévoilé son programme. De part et d’autre, on nous dit à longueur de temps que les équipes sont en train de les élaborer. Cependant chaque semaine nous avons droit à des propositions plus ou moins choquantes, avec sondages associés.
Ce principe relève typiquement d’un plan d’expérience.
A quoi sert un plan d’expérience ? En gros, plutôt que de tester les solutions différentes à chacun des problèmes posés, vous croisez les paramètres d’entrée et étudiez les réponses.
Cela vous permet de tester rapidement et mathématiquement des configurations qui, prises une à une, demanderaient des années d’analyse.
Cette méthode consiste à énoncer les mesures pour ensuite mesurer leurs effets.
Aujourd’hui, nous assistons en direct à l’élaboration des programmes présidentiels.
On teste, on évalue, non pas la pertinence de la proposition, mais son accueil dans les populations visées, ensuite, en fonction des réactions, on entérine, on modifie, ou, en dernier recours, on abandonne la proposition.
Dans notre cas, les candidats proposent de multiples réformes combinées, et étudient par l’intermédiaire de sondages les réponses des populations visées à leurs propositions.
De cette façon, les candidats proposeront les programmes les plus adaptés aux ressentis de la majorité des populations.
Il y en aura probablement pour tout le monde.
Cela ressemble énormément à de la démagogie fondée sur des études scientifiques et statistiques.
Il est fort probable que les deux futurs programmes se ressembleront et finiront par épouser les propositions de l’UDF ; il s’agirait donc après de voter en fonction des personnes, et non plus en fonction du programme.
Ces futurs programmes seront aussi probablement truffés de : "il faudrait, il faudra, y a qu’à, faut qu’on"...
Mais de solutions concrètes, chiffrées, mesurées, évaluées, non, car cela ne plairait pas, et donc ne correspondrait pas aux principes de la démocratie participative.
En fait, la démocratie participative reviendrait à gouverner en fonction de ceux qui crient le plus fort, ou plutôt de ceux qui ont le plus de pouvoirs.
Cela ne s’appelle plus de la démocratie, dans ce cas.
Pour conclure, cela pourrait paraître peut-être utopique, mais si demain un candidat venait à proposer des solutions, concrètes, chiffrées, avec les analyses d’impact sur les populations visées, je crois que je voterais pour lui, même si je ne partage pas toutes ses idées.
Car je pense qu’il vaut mieux savoir où l’on va et se préparer à modifier son comportement pour s’adapter, plutôt que d’avancer dans le brouillard et de se retrouver complètement désemparé face à une situation subite (dans les deux sens du terme).
Enfin, il apparaît que nos dirigeants ou futurs dirigeants naviguent à vue, et se savent pas où ils vont ; ils s’en remettent au peuple, histoire de se déresponsabiliser, pour nous dire, plus tard : nous avons fait ce que vous avez voulu, ce n’est pas de notre faute, c’est de la vôtre.
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