La crise ? Quelle crise...
On nous bassine avec la crise depuis plus de deux ans…..
Le dernier numéro de Challenge titre : La crise avec la photo du Président de la République…
Pas un jour sans que la presse écrite, la radio, internet ou la TV ne nous parle de la crise. Au début, je n’y ai pas prêté attention, et puis au fur et à mesure, à force de l’entendre, j’ai presque finis par l’admettre. D’autant plus que certains de mes amis et voisins enfonçaient le clou, alors il devait y avoir une crise.
Mais voilà, en mon for intérieur, quelque chose me disait que ce n’était pas tout à fait vrai. Et puis, étant dans le commerce, j’ai quand même acquis une certaine observation des gens et surtout de leur façon de consommer.
Laissons de côté les riches, car pour eux jamais de crise. Ils représentent une infime partie de cette planète, avec paradoxalement une grosse influence, mais la crise ne les concerne pas. Ou plutôt si, c’est eux qui décident s’il y en a une ou pas et qui font courir les rumeurs. Les médias font le reste.
2,2 millions de riches en France
Il y a aussi malheureusement les laissés pour compte, ceux qui gagnent le SMIC et en dessous, mais ce n’est pas nouveau. L’ouvrier, l’employé a toujours été sous payé par rapport au travail qu’il fait, et rien ne change de ce côté-là. L’inflation est présente chaque début d’année, et l’augmentation du coût de la vie n’est jamais compensée par la hausse dérisoire du SMIC.
3,4 millions de personnes en France touchent le SMIC
Entre 4 et 7 millions de pauvres en France, vivant avec moins de 790€ par mois.
Voici un tableau représentant le nombre de pauvres en France de 1970 à 2008, ou l’on peut constater qu’il n’y a pas d’évolution, ni dans un sens ni dans l’autre.
Nombre de personnes pauvres
(personnes vivant en France métropolitaine dans un ménage dont le revenu déclaré au fisc est positif ou nul et dont la personne de référence n'est pas étudiante.) Sources : Insee-DGI, enquêtes Revenus fiscaux 1970 à 1990, Insee-DGI, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux rétropolées 1996 à 2004, Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux 2005 à 2008.
Ceci étant posé, on en vient à se demander pourquoi depuis deux ans, il y a tout un consensus sur la pauvreté, la crise, et le fait que tout est en train de basculer dans le chaos.
Quittons ces extrêmes pour s’intéresser à la classe moyenne, celle qui fait tourner « la machine ». Car, s’il n’y avait que les riches et les pauvres, rien ne fonctionnerait. En effet, les premiers ne consomment que le luxe ou presque, et les seconds consomment peu.
La classe moyenne consomme et fait marcher l’économie de ce pays, et même de tout les pays. Mais voilà, cette classe moyenne, bombardée par la menace de crise, bombardée par les taxes, parataxes, surtaxes, bombardée par les mauvaises nouvelles, par la chute boursière, les menaces de crash, les agios, les retenues, cette classe moyenne donc, finalement, commence à dire « Stop » et à hisser le drapeau blanc. N’en jetez plus, la cour est pleine, arrêtez de tirer sur le pianiste…..
La consommation de cette classe moyenne, au fil des ans de la « crise », se modifie. Ce n’était pas notable au début, et puis au fur et à mesure, cette classe moyenne devient « chichiteuse ». On rogne sur quelques euros, mais on change de voiture souvent. On casse croûte de plus en plus souvent sur des parkings, mais on paye toujours en carte premier ou en Gold. On marchande les prix dans un hôtel, mais on se paye du foie gras en bocaux dans la boutique d’à-côté. Mais c’est la crise mon bon monsieur…
Il faudra m’expliquer. On nous parle de récession, de crise, mais de quel monde de crise s’agit-il ? La banque américaine Morgan tire argument des plans d’austérité en Europe pour réduire de 4,1% à 3,9% son estimation de croissance mondiale en 2011. Il s’agit bien de croissance, pas de récession. Le taux moyen constaté pour la croissance de l’économie mondiale entre 1990 et 2010 a été de 3% par an.
Question récession, faudra m’expliquer…. A moins que je ne possède pas la même définition de ce terme que d’autres… Côté banques, on verra début novembre les comptes trimestriels…. Gros à parier que ce sera positif. Par contre la machine à faire des agios et des commissions tourne à plein régime. Les entreprises globalement vont bien, et le taux d’impayés reste bas, et c’est tant mieux. Elle a bon dos la crise….
D’un point de vue du commerce pur, cela devient une véritable prouesse de faire consommer la classe moyenne, car la chasse aux prix est ouverte. Il faut déployer le tapis rouge, flatter le blaireau comme on dit avec des sourires en tranches de courge pour arriver à une consommation moyenne. Ouf, on y arrive mais pas sans mal. Enervant ce genre de pratique car cela pourrait commencer à enrayer la machine.
Même les retraités commencent à renâcler et se montrent prudent à dépenser quelques euros. Pourtant, ce sont eux qui ont le budget, car quand on touche une retraite décente, il n’y a aucunes raisons de freiner la consommation.
Car l’économie, la circulation de l’argent, est normalement basée sur du bon sens. On reçoit de l’argent pour un travail donné, on en met un peu de côté, et on dépense le reste, ce qui fait tourner la machine.
Mais voilà, cette menace de crise commence à stopper le bon ordre des flux. Les marchands de chaos sont à l’ouvrage : Spéculateurs, banksters, agences de notation, traders, médias, riches actionnaires, mondialistes, pétroliers etc…. Tous ces gens là ont intérêt à manœuvrer pour maintenir un climat de peur, de façon à ce que la classe moyenne continue à être la vache à lait de tout ce beau monde. L’ennuyeux est que tout message asséné finit par rentrer dans le crâne, et les braves gens commencent à être atteints de ce que je pourrais appeler le syndrome de la crise.
En conclusion, il y a toujours eu des pauvres, des nantis et une classe moyenne. Que le clivage entre les riches et les pauvres s’accentue, c’est fort possible. Que cela soit inadmissible est certain. Mais que la classe moyenne achète cet abatage, ce matraquage, de crise commence à devenir stupide et inadéquat.
En effet, les ténors de l’UMP et du PS en profitent pour faire campagne sur fond de crise. Moi, superman, je vais sortir ce pays de la crise et vous consommerez mieux. Vous y croyez ? Pas moi. Le véritable combat devrait se situer à lutter contre les inégalités, la précarité, les injustices, le SMIC ridiculement bas. Mais voilà, c’est plus facile de mettre tout ça sur le dos de la crise.
Crisis, What Crisis ?
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