La droite en rêvait, Hollande l’a fait !
2 longues années se seront bientôt écoulées depuis l’élection d’un certain François Hollande,
2 années de déceptions, de renoncement en renoncements, et pour voir finalement appliquer par un président qui se prétend socialiste, le programme de son prédécesseur… ou presque.
Le « président de tous les français » continue à s’affirmer d’abord le président de son groupe socialiste, puisque contrairement à sa promesse, lors des municipales, il a clairement exprimé sa déception de voir les élus locaux socialistes pâtir du mécontentement national.
Il n’a manifestement pas compris le message délivré par les électeurs, puisqu’il a vu une « forme d’injustice » dans les scores du PS. lien
Il aura probablement la même réaction après le 25 mai puisque d’après un sondage récent, 39% des personnes interrogées affirment qu’elles profiteront de l’élection européenne pour sanctionner la politique menée par François Hollande, et seulement 6% chercheront par leur vote à le soutenir. lien
Le PS est annoncé en 3ème position derrière l’UMP, et le FN, et seulement 35% des français sont « tout à fait certains d’aller voter ». lien
Mais revenons au bilan de ces 2 années de ce qu’il faut bien appeler maintenant un programme social libéral, d’autant que les français jugent, pour 64% d’entre eux, que le nouveau premier ministre mène un politique de droite. lien
Ce dernier, à l’instar de l’ex président, mène depuis le début une campagne de discrimination des Roms, ainsi que le juge Saimir Mile, président de l’association de la Voix des Rroms, dénonçant en septembre 2013 des propos racistes. lien
Nous avions constaté, lors de la présidence Sarköziste, des liens entre l’église catholique et l’état laïc, et on se souvient des visites, voire de l’allégeance à l’autorité papale de l’ex-président.
Il faut croire que les habitudes ont la peau dure, puisque le nouveau premier ministre est une fois de plus dans la continuité. lien
Et puis, la volonté de faire vivre un état réellement laïc se complique un peu plus, lorsque l’on découvre les liens étroits qui existent entre Manuel Valls et Israël. lien
Oublions ces mélanges de genre et intéressons nous aux opérations de favoritisme qui perdurent, à l’identique de celles qui existaient sous le régime sarköziste, puisque François Hollande a décidé de « remercier » pour ses bons et loyaux services Pierre Moscovici, en s’engageant à faire de lui le choix de la France pour la future commission européenne, (lien) avec en prime un joli salaire de 24 374 euros mensuels, auxquels s’ajoutera une généreuse prime de 41 334 euros au titre des frais d’installation.
Ajoutons que le commissaire européen reçoit, lorsqu’il a fini d’exercer sa charge, une pension à vie qui dépasse les 1000 euros mensuels. lien
Il avait provoqué la colère présidentielle en évoquant à la fin de l’été 2013 « le ras-le-bol » fiscal des français, et apparemment Hollande a dû passer l’éponge. lien
A la fin de son mandat, il recevra 20 667 euros pour ses frais de désinstallation, et, cerise sur le gâteau, pendant les mois de transition, ses indemnités seront de l’ordre d’une dizaine de milliers d’euros mensuels.
On le voit, l’austérité n’est pas la même pour tous.
Et puis l’affaire Cahuzac, suivi de celle en cours d’Aquilino Morelle, lequel avait été placé en garde à vue en 2001 soupçonné à l’époque d’avoir échangé une légion d’honneur contre un séjour bon marché à Venise, et qui avait refusé, contrairement aux décisions présidentielles, de baisser son salaire de 30%, avait rappelé de bien mauvais souvenirs, dignes de la présidentielle précédente. lien
Pas sur non plus que la parution de l’ouvrage « Le président qui voulait vivre ses vies », (éditeur Fayard) signé d’Elise Karlin, (lien) contribuera à améliorer la popularité de Hollande. lien
En attendant, celui qui voulait faire du monde de la finance son principal adversaire est en train de devenir, s’il faut en croire Lutte Ouvrière, le président des patrons puisqu’il a inscrit dans son pacte de compétitivité un cadeau de 20 milliards annuels, auquel s’ajoute la légalisation du chantage à l’augmentation du temps de travail, le blocage des salaires et la mobilité forcée. lien
Il ne sera bientôt plus nécessaire de déclarer la « fin des 35 heures » chères à Martine Aubry, puisque les diverses récentes décisions l’annulent de fait.
Sarközi était le président des riches, et Hollande est devenu en quelques mois celui des entreprises, voire celui des patrons.
Les ménages ont vu leurs impôts augmenter, par le biais de l’augmentation de la TVA, l’abaissement du plafond du quotient familial, la hausse des cotisations retraites, la suppression d’un niche fiscale sur les mutuelles, la relève des droits de mutation, et la suppression d’une aide aux parents d’étudiants, ce qui correspond à une soustraction global de 10 milliards d’euros, qui vient s’ajouter aux 13 milliards d’impôts supplémentaires décidés depuis l’arrivée de Hollande au pouvoir. lien
Ajoutons-y la réforme de la TVA, et les hausses des taxes sur la bière ou le tabac. lien
Par contre pour les patrons, le CICE représentera en 2015, 20 milliards d’euros, qui viendront s’ajouter aux autres cadeaux : 17 milliards votés depuis l’été 2012, moins les 10 milliards de baisse. lien
Quant aux lois qui devaient réguler le monde bancaire, leur contenu est si timide que le monde de la finance peut se rendormir tranquillement sur ses 2 oreilles. lien
Le moins qu’on puisse dire, c’est que le texte de loi décidé revient largement sur la promesse présidentielle, puisqu’il prévoit de limiter les activités de marché des établissements de crédit à des actions « utiles pour l’économie »… reste à définir ce qui est « utile », puisqu’une longue série d’activités spéculatives resteront possible dès lors qu’on les jugera « utiles » en haut lieu.
Comme l’écrit Samuel Laurent dans les colonnes du Monde, la promesse de Hollande destinée à « maitriser la finance » a vécu. lien
Sur ce lien, on peut découvrir le décryptage fait du contenu de tous les articles de la loi…
En en arrive à un point ou les français se demandent si François Hollande est-il toujours de gauche, question à laquelle François Delapierre, conseiller régional d’ile de France et secrétaire général du Parti de gauche répond catégoriquement non. lien
Dans les colonnes de Slate, Gérard Horny affirme qu’être socialiste aujourd’hui n’est pas compatible avec la rupture avec le capitalisme et qu’il n’est plus question de nationaliser les moyens de production. lien
Pourtant on se souvient qu’en mars 2013 Hollande assurait qu’ « être dans l’austérité, c’est condamner l’Europe à l’explosion (…) aujourd’hui prolonger l’austérité, c’est prendre le risque de ne pas aboutir à réduire les déficits et la certitude d’avoir des gouvernements impopulaires, dont les populistes feront une bouchée le moment venu »…il avait aussi promis de ne pas toucher aux petites retraites. lien
Promesses qu’il convient de méditer aujourd’hui.
Quant au non cumul des mandats, il est repoussé pour 2017…soit à la fin de son mandat, permettant à son successeur de l’annuler dès son élection s’il le souhaite.
L’histoire rattrape donc cruellement celui qui, en 1983, s’était fait passer sous le nom de Caton pour « un dirigeant de droite », en publiant une mystification politique qui avait défrayé la chronique à l’époque. lien
De là à s’interroger sur sa vrai nature, puisque après s’être fait passer pour un homme de droite à cette époque, se sera-t-il fait passer pour un homme de gauche 30 ans après pour accéder à la plus haute des fonctions. lien*
Revenons au programme annoncé par Manuel Valls, l’aficionado de la corrida. lien
Craignant d’être désavoué par l’assemblée nationale, il consulte à tout va les députés de la majorité, et est obligé de lâcher un peu de lest espérant que la fronde socialiste naissante ne va pas le mettre en difficulté lors du vote de programme de stabilité. lien
Ils ne sont pas moins de 100 députés socialistes à avoir contesté le programme du premier ministre, et les 20 autres députés qui viennent de signer une tribune de soutien ne semblent pas peser très lourd face à la fronde socialiste. lien
Heureusement quelques députés UMP et UDI sont prêts, semble-t-il, à voler à la rescousse de Manuel Valls afin de valider son plan. lien
Ce qui fait imaginer au politologue Thomas Guénolé, constatant l’impopularité présidentielle, et la fragilisation de la majorité parlementaire, la création d’un gouvernement d’union nationale dans lequel le centre serait partie prenante. lien
Mais pas sur que le Modem, et les autres partis centristes verraient d’un bon œil cette invitation.
Il n’est pas sur non plus que les français auront oublié d’ici le 25 mai, jour de l’élection européenne, ces différentes largesses faites au monde des patrons, et tout laisse croire que le parti présidentiel va durement pâtir de ces choix plus libéraux que sociaux.
En attendant, d’après un sondage récent, publié le 28 avril, il continue sa chute perdant 7 points supplémentaires de popularité. lien
Comme dit mon vieil ami africain : « on ne marche pas deux fois sur les testicules d’un aveugle ».
L’image illustrant l’article provient de « planet.fr »
Merci aux internautes de leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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