"Si l’on veut battre la droite de Sarkozy, il faudra bien entrer dans un débat sincère avec le MoDem, qui pourrait à terme déboucher sur un contrat de gouvernement ». En disant cela Peillon, fait une grossière erreur d’analyse et une erreur tactique qui aura probablement des conséquences sur le regard que porte l’ensemble de la famille socialiste sur Ségolène Royal et son courant.
« Sincère » nous dit-il. Les sincères parlent aux sincères ! S’il est vrai que tous les acteurs du jeu de rôle socialiste passent leur temps à prendre des postures pour mieux se positionner les uns par rapport autres en vue du sprint final (congrès de Reims), leur degré d’insincérité est sans commune mesure avec celui de Monsieur Bayrou. Pour exprimer plus clairement les choses, disons que si l’on prenait l’échelle des vents comme outil de mesure de sincérité, la plupart des leaders socialistes se situeraient sur une échelle de 1 à 3 (sauf quelques cas… mais nous ne citerons pas de noms), Monsieur Bayrou, lui par contre, se situant entre force 9 et 10 ! Vincent Peillon fait bien de préciser la « … droite » dans la phrase « …Si l’on veut battre la droite de Sarkozy… ». Car on peut se poser la question : les présidentielles sont loin derrière nous et nous ne savons toujours pas qui est Monsieur Bayrou (si ce n’est un imprécateur). Est-il toujours de droite ou est-il encore de nulle part ? Mais la proposition Vincent Peillon pourrait avoir un sens : il pourrait être en effet envisageable de faire alliance avec une partie de la droite, pour former une sorte de gouvernement de salut public, histoire de sauver la République avec des objectifs communs très précis… Voyons voir… libérer la France de… Carla l’Italienne… rétablir PPDA dans ses fonctions… Voyons voir… qu’y a-t-il d’autre de commun avec Monsieur Bayrou de réellement identifiable ?
Soyons plus sérieux. A l’heure où la gauche ne sait plus où elle en est de ses repères politiques, à l’heure où l’ensemble des social-démocraties européennes reculent pour laisser la place à des droites de plus en plus dures, il est illusoire (et dangereux), de vouloir prendre appui sur des sables mouvants. C’est au contraire l’inverse qu’il faut faire. La gauche a besoin de se reconstruire une identité. Nous sommes en train changer d’ère économique et nous assistons à un développement vertigineux de l’économie de marché. Nos sociétés ont besoin de ce développement mais il doit être maîtrisé. Les querelles sémantiques sur le plus ou moins de socialisme, de libéralisme ou de social-libéralisme sont certes utiles, mais il est peut-être une manière plus pragmatique et efficace de se poser les questions : ce que nous ont montré ces 20 dernières années, c’est que les forces économiques, instrumentalisent le pouvoir politique. Nous vivons un temps de retour de la violence politique, corollaire de la violence économique. Cette violence porte le nom des puissants du monde et non celle de quelques obscurs ayatollahs. Georges Bush, n’est pas un épiphénomène. Il est la droite en devenir. Il faut en tirer des conclusions. Au delà des interrogations sur l’organisation de nos sociétés, l’identité de la gauche c’est avant tout la résultante de son combat frontal avec la droite. Ce combat est plus que jamais nécessaire. Lorsque la droite se radicalise, le devoir de la gauche c’est de mettre en évidence la frontière qui la sépare de la droite et non l’inverse.
On peut dire les choses autrement. Je fais une confidence personnelle. J’ai moi aussi, au moment des présidentielles, cédé un court instant à l’idée que l’hypothèse Bayrou était la solution. J’ai même commis un article en ce sens à quelques jours des élections. Dois-je le regretter ? Je ne sais. Je n’ai en tout cas pas voté pour lui. En quoi est-ce différent aujourd’hui ? L’affrontement des présidentielles aura été le point d’orgue d’une guerre incertaine qui dure depuis près de 30 ans entre la gauche et la droite française. Elles ont scellé la fin d’un cycle politique. Celui qui perdait cette guerre subissait une immense défaite, une défaite probablement durable, une défaite dont il est à craindre que tous les effets ne se soient pas encore fait sentir (la cacophonie actuelle au sein du PS laissant présager le pire). A l’inverse si la gauche avait gagné, la droite aurait été défaite et les faux-semblants de François Bayrou avec. On n’impose pas ses conditions aux gagnants. C’est donc aux conditions de la gauche, que le gouvernement aurait été formé. Qu’en serait-il des négociations de Monsieur Peillon avec Bayrou aujourd’hui, à l’heure où la gauche n’a plus ni boussole ni crédibilité ? Ce serait n’importe quoi.
Nous vivons à l’heure de la marchandisation de l’espace public. Les dernières élections présidentielles ont mis en évidence que dorénavant les sondages sont devenus les instruments de régulation de la vie démocratique. C’est scandaleux, car ce ne sont en fait que de formidables outils de manipulation de masse. La passivité des partis politiques sur ces sujets montre à quel point ils sont impuissants à exister. Pour ma part, je pense que ce devrait être un des combats centraux de la gauche, une manière de se réapproprier l’espace politique volé par les tricheurs. De ce point de vue, le choix de Ségolène Royal comme candidate à l’élection présidentielle aura été une erreur, une soumission du parti socialiste au diktat médiatique et à l’idéologie du candidat dominant, Nicolas Sarkozy. La non-crédibilité actuelle du Parti Socialiste est aussi la résultante de cette faiblesse.
L’approche de Madame Royal, qui consiste encore aujourd’hui à s’appuyer sur une opinion factice (fabriquée par les médias) à l’extérieur de son camp, pour tenter d’exister à l’intérieur du sien montre la vacuité de sa démarche. Son empressement à aller vouloir chercher le secours de l’ogre Bayrou en est une illustration supplémentaire. La gauche est désormais dans l’opposition. Elle ne saura convaincre que si elle sait retrouver ce que sont ses valeurs. Elle ne réussira à vaincre que le jour où elle saura les défendre.
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Dans le début des années 80, on entendait Yves Montand pérorer sur tous les plateaux et vilipender le monde communiste en nous disant : écoutez-moi, croyez-moi, moi je sais ce que c’est, j’y ai cru !
J’ai appelé cela : le syndrome Yves Montand, de celui qui s’est trompé, toujours trompé, et qui pourtant vient nous donner des leçons sur ce que l’on doit croire.
Pour moi, quand on s’est fourvoyé, on doit la jouer profil bas, et écouter les autres, réfléchir… et surtout pas jouer les Casssandre et les analystes des "fautes" des autres.
Salutations némanmoins cordiales
Il n’y a pas DEUX places dans le segment de marché démocratique "chretien democrate /social democrate".
Or le parti socialiste, qui a depuis Mitterand reussit son OPA sur cette famille , la trahissant a chaque election au nom de la surenchère marxiste, la voit partir.
Certains comme Rocard s’etait ouvertement reclamé de la social democratie "trop tot" et se sont fait egorger par l’assassin royal de Mitterand , un certain Fabius.
PERSONNE n’a bougé au PS, surtout pas ceux qui se reclament de cette sociale democratie aujourd’hui.
Un nommé Delors, devant les reaffirmation marxiste de chaque congrès du PS, a préféré jeté l’eponge avant la présidentielle plutot que de gagner sans majorité dans son camps pour assimer cette sociale democratie : la surenchère marxiste a continué dans la bouche meme des "liberaux " de fait (Fabius, DSK ...) mais aussi dans toutes les autres.
Aujourd’hui Bayrou quitte une droite qui lui dit "derriere Sarkozy ou contre nous", redonant aux "centristes" democrates chretiens une place au centre de l’arène.
Est il de gauche devenu ?
NON, car les "democrates", qu’ils soient chretiens ou sociaux n’ont pas plus a se definir sur les choix de leurs rivaux de l’UMP et du PS que les souverainistes ou les marxistes révolutionnaires.
Nous n’avons pas forcement a choisir uniquement entre les liberaux atlantistes pro-israeliens de l’UMP Sarkozienne et les membres d’un PS qui ne croit plus lui meme au socialisme....
Le PS va exploser a terme, comme l’UMP in fine pour les meme raisons :
Vouloir etre tous les deux les poles de rassemblement de forces contraires en arbitrant toujours au profit des lobby les moins nombreux.
Pour le PS c’est tenter depuis des années de vouloir concilier le reformiste marxiste de sa génèse avec la sociale démocratie "moderne" et les gauchismes les plus bruyants.
Pour l’UMP c’est l’impossible synthèse entre souverainistes (gaullistes, villieristes ou lepenistes), liberaux pur jus, chretien democrates et les differents lobby atlantistes prosionistes.
L’explosion est inscrite dans les gènes de ces creation et seule la propagande acharnée d’une presse posédée entièrement par les copains permet de n’imposer que le choix UMP/PS aux electeurs.
Peillon ne se trompe donc pas en proposant de fait l’alliance avec le Modem.
Mais il tue ce qui faisait la force du PS : son ambiguité sur l’arbitrage entre toute ses composantes.
En reconnaissant le modem, il risque l’exsangination de tous les vrais sociaux democrates du PS, irrités par les surenchères marxistes des congrès du PS.
A l’opposé, si le PS s’inflechissait, il perdrait son electorat rouge vif au profit des troskistes.
Le PS , comme l’UMP a interet a saigner a blanc le modem pour forcer ses electeurs a le rejoindre, par defaut d’offre alternative.
Les deux sont contraint de s’allier pour imposer un bipartisme qui les sauvera, sinon ce sera l’effondrement.
On pari que le PS votera la reforme du mode de scrutin des europeennes pour tuer Bayrou ?
hmm je suis assez d’accord avec pas mal de choses dans votre commentaire mais vous semblez buté sur le PS <=> surenchère marxiste ?? Je ne comprends pas. Il me semblait que depuis le milieu des années 80 le PS avait abandonné presque toute référence au marxisme (en pratique du moins c’est incontestable).
Pour moi le PS était un parti que j’aurais qualifié de centre gauche il y a une quinzaine d’années. Après ça il y a eu le cataclysme Jospin et le raz de marée Hollande. Aujourd’hui c’est un parti de rien du tout qui regroupe des personnalités influentes aux idées libérales avec d’autres qui ont le coeur à gauche mais souhaitent à tout prix conserver leur boulot et ne pas faire trop de vagues.
Le problème est très simple : ni SR, ni BD , ni MA etc.., ne pourront renverser NS en 2012 sans les voix qui se portent sur FB et sans celui-ci et cela quelle que soit sa position au premier tour (ce qui veut dire que, s’il est second au premier tour, les socialistes devront bien appeler à voter pour lui, non sans un minimum de programme commun négocié) , c’est ce qu’a compris MA à Lille (mais qui ne veut pas l’assumer à cause de la réaction épidermique qu’exprime l’auteur de l’article, pour préserver ses chances de diriger le PS à court terme !). Et ces voix, dans le contexte de la monarchie élective de NS, vont, qu’on le veuille ou non, dans le sens de la démocratie.
Quant à FB, son attitude indiscutable de contestation démocratique de l’UMP et de son chef et ses propos de centre-gauche, en font, qu’on le veuille ou non, un allié, dors et déjà incontournable, de ceux des socialistes qui sont décidés et à défendre les libertés démocratiques et les droits fondamentaux, y compris sociaux, aujourd’hui menacés (Edwige, droits du travai, autonomie de la justice et de la presse etc..l)
Plus vite les socialistes en seront convaincus, plus les chances de battre NS seront grandes en 2012.
Je n’en pense rien de bon ; je ne suis pas allé à la Rochelle et ne m’en porte pas plus mal. Et je sais grès à SR de l’avoir déserté sur fond d’ironie à la Gréco...Disparaissez ! Quelle revigorante insolence.. et VP a enfoncé le clou.
La contribution de Larrouturou est convaincante en théorie, mais elle supposerait un mouvement social, organisé et cohérent, que j’ai du mal à imaginer...sauf un nouveau mai 68 sans gauchistes.
@ S.Reboul : Qu’est-ce qui peut vous faire croire que FB aura encore des voix en 2012 ?
Le seul cas ou FB peut, eventuellement faire de 3 a 5% c’est la configuration Royal/Sarko en competition. ces 3 a 5% representent les bords de la courbe de gauss... les electeurs qui lisent et reflechissent !
Tous les autres cas ne lui laisseront les miettes qu’un Besancenot ne pourra pas lever pour son agglomerat de gauche.
Et sincèrement, c’est peut être mieux ainsi, les vieux chevaux de retour, il y en a marre. A quand un homme neuf, libre d’engagement et porteur d’espoir ?
Vincent Peillon n’est pas commis de "faute politique", si ce n’est sans doute à l’encontre de quelques dirigeants influents accrochés désespérément à leurs privilèges, et contribuant par leur comportement et leur (non) prise de position à la décadence du Parti socialiste dont ils prétendent défendre les intérêts.
Autant de petits chefs, autant de courants, autant d’équipes qui s’affrontent, autant de discordes, autant d’illisibilité pour les citoyens qui ne savent plus très bien ce que représente aujourd’hui le Parti socialiste, quelles valeurs est-il sensé défendre ?
Cette énorme machine démodée, complètement dépassée par les réalités économiques est essoufflée, sans imagination aucune.
Si... certains responsables comme Vincent Peillon, de même que de nombreux militants, ont compris que l’avenir appartenait aux modérés.
On peut toujours rêver d’un Parti socialiste dépoussiéré de cette poignée de leaders archaïques aux commandes depuis 25 ans. Ce n’est qu’un rêve.
Vincent Peillon agit en fin stratège politique, et sans renier ses convictions, avance que la seule issue pour l’avenir politique du Parti Socialiste est de travailler avec le Mouvement Démocrate. Mais encore faudrait-il que le PS se modernise !...
Dans le cas contraire, on observera une lente et progressive mutation de l’électorat modéré du Parti socialiste vers le Mouvement Démocrate de François Bayrou. Mais ce mouvement n’est-il pas déjà pas amorcé ?
Sarkozy vient de démolir les "idées de droite". Bayrou celles du "centre droite". Pour le PS, c’est plus simple : il n’a pas d’idées. On cherche un volontaire pour démolir les "idées de gauche".
La première faute politique des gens de gauche est de dire en privé le contraire de qu’ils disent en public, ce qui prouve que leur cerveau marche à peu près normalement. Qu’ils harmonisent l’expression de leur pensée et l’on pourra commencer à examiner leur crédibilité !