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Accueil du site > Actualités > Politique > La France immobile pour 5 ans ?

La France immobile pour 5 ans ?

Il y a je crois deux façons de considérer la transition politique que nous avons connu il y a quelques jours lors des présidentielles : un sursaut démocratique d'un peuple refusant la voie mauvaise qu'on lui traçait ou le recul d'un pays devant les immenses efforts qu'il va devoir entreprendre pour s'adapter à un monde exigeant et compétitif.

Il y a donc deux façons de considérer la transition démocratique que nous avons connu il y a 2 semaines lors des présidentielles.

  • Pour la version optimiste : la France a été malmenée durant 5 ans par un personnage maladroit et brutal (une sorte de goujat politique) et les français dans leur grande intelligence politique ont compris que loin des extrêmes et des solutions faciles (faire payer l’Europe, les autres, les immigrés ou les riches) le pays devait être apaisé pour avancer.
  • La seconde lecture est plus négative : La France aurait pris peur du changement avec Nicolas Sarkozy, ses solutions libérales qui impliquaient tout à la fois le mouvement, la prise de risque, la remise en cause des acquis des siècles précédents et la mise à niveau dans une économie mondialisée et concurrentielle.

    Cette audace qui s’était emparée du corps électoral (avec une très forte majorité en 2007) , cette audace était retombée du fait des coups de la crise (comment ne pas en vouloir au capitaine quand la tempête gronde ?) de l’usure rapide du pouvoir, de l’inertie d’un pays et de ses corps sociaux (qui préservent peut-être par beau temps mais empêchent de s’adapter rapidement par gros temps) et peut-être aussi d’une aversion hexagonale à la prise de risque.

Que risquons-nous désormais pour les cinq prochaines années ?

Non pas la révolution (le peuple n’est-il pas au pouvoir ?), non pas non plus la ruine totale à la grecque (to big to fail) mais bien plutôt l’immobilisme, un engoncement dans une situation économique et sociale bloquées (depuis 40 ans au moins ) qui ne trouverait plus d’issue que dans la fuite en avant de la dette (si nos créanciers ferment les yeux sur le risque français).

Les Français sont pour nombre d'entre eux planqués aux abris :

  • Ceux qui ont un travail (salarié de préférence) font le gros dos, tiennent à coups d’arrêts maladie ou de diverses drogues chimiques, enferrés dans un travail dont il voudrait faire une forteresse, ne voulant pas se former ni changer (« tout ce qu’on demande c’est de conserver l’existant »)
  • Ceux qui n’ont pas (ou plus de travail) : Les outsiders sont passés du mauvais côté de la barrière. Désormais au niveau du travail salarié seuls ceux dont le travail est difficile et indiscutable ont une bonne chance de le conserver (mais il sera encore plus dur et moins bien payé dans les prochaines années).
    Ceux qui ont des compétences banales (l’hôtesse de caisse qui ne s’est jamais formée depuis la sortie de l’école), ceux-là risquent non pas d’être exploités, mais pire encore de ne plus être exploitables, éternelles victimes du système ou d’une crise qui promet de ne plus quitter l’Europe (et le monde) avant des lustres
  • Ceux qui vivent des diverses rentes qui se sont constituées dans le pays : rente sociale (pensionnés et allocataires divers et variés), rente politique ou syndicale (ceux qui vivent de leur mandat), rente scolaire (ceux dont une réussite passée à un concours procurait autrefois un avantage tout au long de la vie), rente économique (ceux qui à force de lobbying ont réussi à préserver leur territoire économique d’une réelle concurrence libre et saine).
    Ceux-là vont pouvoir compter les mois qui les séparent de la fin de leur acquis (ou privilèges).

Le risque désormais dans la société française c’est que le changement pour lequel ont voté les français soit l’autre nom d'une nostalgie économique et sociale (1981 ne reviendra pas) celle d’un temps où le pays vivait à crédit faute de décisions courageuses (les retraites qu’on abandonnait sous Rocard en 1992 car sujet trop risqué), le risque est donc que le changement proclamé aujourd'hui ne soit en fait que le costime à peine repassé d’une France apeurée, atterrée, effrayée et immobile.

Les risque est que notre économie se fige désormais avec des épargnants épargnant toujours plus (merci pour le doublement du livret A), avec des bas de laine gigantesques investis dans des placements sans risques (dans la pierre ou à l'étranger) , avec des entrepreneurs réduisant tous les ans un peu plus la voilure (pour être heureux en France il faut vivre petit, modeste et discret quand on est patron), des consommateurs n’achetant plus que des produits étrangers (les produits français à l’instar des voitures ou des vêtements devenant trop chers), des centres commerciaux désertés, des hôtels et des restaurants seulement fréquentés par une classe moyenne supérieure épargnée par la crise.

Quel que soit les qualités de François Hollande (et accordons lui le bénéfice du doute pour au moins quelques mois), n’a-t-il pas été élu sur un mensonge ? (la France va bien et Nicolas Sarkozy est son principal problème) et ne va-t-il pas surtout accompagner le mourant plutôt que de tenter de le ranimer (comment ranimer les français quand on est lié par ces stupides 35 heures qui plombent autant le travail salarié que le pays ?).

 Bref, c’est d’un second Sarkozy dont la France a besoin, si elle l’a trouvé en la personne de François Hollande (dont le rôle pourrait être d’enrober le libéralisme d’une très fine couche de rose pâle) on ne pourra que féliciter les français pour leur choix éclairé (il aura fallu un bouc émissaire à la colère populaire), si par contre les français pensent que la retraite 6 ou 7 avant celle de nos partenaires européens, les comptes sociaux en déficit permanent faute de remise au pas de tous les acteurs sociaux (professionnels de la santé compris), que travailler plus mal, moins et moins longtemps que les autres sera sans conséquences durables sur notre avenir économique, si nous pensons pouvoir ainsi défier les lois de l’économie (comme elles sont seulement défiées à Cuba ou en Corée du Nord aujourd’hui) nous courrons le risque d’un irréversible déclassement dont nos enfants et petits enfants et arrière petits enfants paieront la note durant tout le siècle.


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12 réactions à cet article    


  • chantecler chantecler 18 mai 2012 10:37

    Ouais, ouais,
    J’adore les arguments de la droite .
    Surtout quand je pense au grand bond en arrière que l’on a vécu en 5 ou 10 ans ...
    Continuez ça me fait du bien !
    Aux présidentielles : 2 à 0
    Aux législatives : 4 buts à 0 et pleine lucarne .


    • eric 18 mai 2012 11:29

      Je crois qu’on a déjà la réponse à votre pertinente question. Hollande a promis qu’il ne gouvernerait pas. Le premier Ministre est considéré même par le Nouvel obs comme sans poids politique, sans poids technique. Le gouvernement est composé pour les ministre de plein exercice de 70% de fonctionnaires dont 45% de profs !
      Les ministères économiques sont confié à des Enarques. Conclusion, ce Gouvernement va assurer le minimum républicain en matière de finance sous la houlette de technocrates, les chefs de services de Bercy ; Les autres vont faire du sociétal et du clientélismes avec les miettes sévèrement comptées par les premiers.
      C’est effectivement le choix de l’immobilisme.


      • Scual 18 mai 2012 11:50

        Je dirais plutôt que l’ennemi a été bouté hors de l’Élysée et que la France attend de voir si le nouveau n’en est pas un lui aussi... et sans enthousiasme aucun, contrairement à ce qu’on peut lire à droite, à gauche.

        Tout le monde attend de pied ferme la nature de son premier plan de rigueur et surtout le moment fatidique ou soit ça sera le retour de la croissance et la relance qui va avec comme annoncé par Hollande... ou un deuxième plan de rigueur puisque le premier n’a servit à rien.

        Puisque le plan de rigueur empêche toute croissance, dès l’annonce du deuxième plan, ça sera la pire grève générale qu’à connu le pays depuis Mai 68 auquel il aura droit. Quand on a Sarkozy pour faire ça, on serre les fesses parcequ’on a perdu les élections. Mais si on a voté contre ça et qu’on nous le fait quand même, on ne serre pas les fesses, on va mettre la fessée au traitre et lui rappeler de qui il tient son pouvoir.

        Voyons voir un peu l’ampleur de la croissance que peut entrainer la rigueur alors que toute personne sérieuse sait que cela entraine automatiquement la récession.

        La France ne sera pas immobile... elle continuera exactement la même politique économique que pendant Sarkozy, à moins que Hollande ait menti. Et pour bouger, ça va bouger, croyez moi ! Ça ne sera pas un quinquennat d’inactivité au vu de tout ce qui va se passer en France, mais aussi dans le reste du monde, et en Europe avec la probable fin de l’UE ou de l’Euro... ou des deux.


        • eric 18 mai 2012 12:54

          Il y a une autre solution : baisse très forte des dépenses publiques avec baisse des impôts. Comme cela on a une rigueur limitée et une relance générale et bien répartie.


          • bakerstreet bakerstreet 18 mai 2012 13:04

            Tant qu’à utiliser les métaphores
            L’immobilité est déjà un progrès
            Par rapport à la marche arrière !


            • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 18 mai 2012 13:28

              Quant l’avenir se lit dans le rétroviseur ,il est sur qu’il y ai recul futur !


            • Yvance77 18 mai 2012 13:22

              Salut,

              Monsieur je pense que vous êtes juste un « idiot » pas méchant, mais le constat est là. D’une part le sens l’histoire depuis l’élection de 1981 vous l’arrangez à votre sauce, et d’autre part vous omettez à dessein bien des aspects qui fait que vous êtes comme tous ces salopards de la droite libérale, un être qui sait se tartiner la biscotte des deux côtés.

              Vous omettez donc que pour le volet des retraites, tous ont botté en touche, y compris Fillon qui n’a fait qu’une mesurette, valable jusqu’à 2017 pensant que son mentor allait être réélu en 2012.

              Vous oubliez encore, que notre histoire c’est d’abord un socle républicain « égalitaire » et que si l’on a viré nos rois c’est dans ce but là, de ne plus vivre sous le droit divin du monarque.

              Et c’est surtout cette histoire qui a contribué à créer des amortisseurs sociaux faisant que dans ces crises là, on tient un peu mieux que d’autres nations. Et c’est tant mieux.

              Alors je vais vous le dire poliment, vous et tous vos collègues de la pensée friedmanienne allez vous faire mettre une bonne fois pour toutes. Presque 50 ans de votre doxa ont juste creusé le lit de la misère dans le monde, les mêmes sont toujours plus riches. Vous avez contribué à pourrir le monde partout. Au nom de votre sacro-sainte économie les gens ont faim, soif et n’ont comme solution que de boire des eaux emplies de pesticides, et de la bouffe farcie des saloperies diverses et variées. Ça c’est pour les pays industrialisés, pour les autres c’est la mort lente.

              Sarkozy, Bush Reagan Thatcher ; Merkel, Barroso, Berlusconni, etc... méritent tous de passer par les armes pour crimes contre l’humanité, tant ils ont engagé des guerres injustes (ou participer a). Ils ont travaillé uniquement pour des multinationales ; et ont vendu les peuples au plus offrant à moindre qualité.

              Alors Monsieur, dans cette Ve république on a eu plus de trente ans de vos copains au pouvoir, aussi fermez là maintenant !!!

              Et le jour, ou tout explosera on sera en face de vous, et là vous allez moins rigolez... les mangeurs d’hommes ont faim !!!


              • Marc Bruxman 18 mai 2012 14:10

                "La seconde lecture est plus négative : La France aurait pris peur du changement avec Nicolas Sarkozy, ses solutions libérales qui impliquaient tout à la fois le mouvement, la prise de risque, la remise en cause des acquis des siècles précédents et la mise à niveau dans une économie mondialisée et concurrentielle.« 

                Mais LOL :

                • Sarkozy n’est pas plus libéral que Hollande. Les deux croient en l’économie dirigée. Ils la dirigent juste de façon différente : l’un favorise une économie »sociale« , l’autre favorise quelques grandes entreprises et champions nationaux. Lorsque vous faites un grand emprunt dirigé vers quelques grandes entreprises plutôt que de baisser les impots des entreprises d’autant, vous n’agissez pas en libéral.
                • Qui est le plus conservateur : Celui qui ne cesse de parler de frontiéres, qui a peur des immigrés et de leur vote, qui a peur de l’islam ? Celui qui veut renoncer aux accords de Shengen  ? Celui qui vante le travail, la famille et la patrie  ? (Et c’est quelqu’un de droite (mais pas de celle la) qui vous dit ca).

                Non la grande nouveauté dans cette élection (et c’est un libéral qui vous le dit), c’est que cette fois ci, le camp du conservatisme était l’UMP. 

                Nicolas Sarkozy le dit très bien : »un monde nouveau est en train de naitre". Ce monde nouveau, ses électeurs en ont peur. Ils ont peur de la disparition des frontiéres européennes, ils voudraient rester Français comme dans l’ancien temps et vouent un fétichisme au drapeau bleu blanc rouge. 

                De son coté, Hollande a été plutôt raisonable en termes économiques pour un socialiste. On verra ce qu’il fera en pratique. Et il est plus ouvert sur les changements sociaux en cours. On va retrouver de plus en plus une opposition gauche / droite qui va se rapprocher de celle qui existait au XIXème siécle (avant l’apparition du communisme). Si l’UMP ne se reprends pas et reste sur cette ligne archaique, elle va avoir des jours sombres électoralement parlant.

                Et aux autres commentateurs, laissez de coté Milton Friedman, Sarko n’a jamais appliqué une politique libérale. On vous l’a présenté comme telle, mais il a fait tout autre chose. Cette élection ne s’est pas faite sur le terrain économique mais sur celui des valeurs, comme Sarko l’a voulu. C’est effectivement une ligne de fracture très sensible, mais qui le condamne à perdre le soutient des électeurs des grandes villes. (Pour la premiére fois, Paris a basculé à gauche).

                Si François Hollande réussissait à amener le PS vers la social démocratie et à appaiser le coté gauche radicale, alors la perte pour l’UMP serait énorme. Actuellement, beaucoup de gens ont voté Sarko parce qu’ils ont peur que le PS des années 80 soit de retour avec Hollande. Mais si celui ci parvient à gérer le pays de maniére convenable, les idées très réactionnaires que l’UMP a prises sous Sarko vont devenir très majoritaires y compris chez les électeurs aisés. Cela vous promet des années dans l’opposition car s’il réussit ce paris, sa réelection en 2017 est assuré. Après cela, la démographie ne vous est pas favorable, la plupart des électeurs de l’UMP étant très agés à l’heure actuelle. 


                • YVAN BACHAUD 18 mai 2012 16:49

                  Ce qu’il faut c’est que les citoyens arrachent au Pouvoir en place le référendum d’iniiative citoyenne afin de pouvoir le contrôler en IMPOSANT des référendums pour abroger les lois injustes et en proposer de nouvelles.

                  Il est INTOLERABLE que le peuple soit reduit au silence pednant 5 ans après le second tour des législatives.

                  Après les élections le Rassemblement pour l’initiative citoyenne va appeler a manifester à partir du 05 septembre, tous les mercredis de 18 à19H et jusqu’à obtenir satisfaction : L’instauration du RIC dans l’article 3 de la Constitution et sa promulgation.. !

                  Nous appelons les électeurs a voter pour les candidat du R.I.C la où il y en a.

                  Sinon à voter blanc ou à s’abstenir pour ne pas cautionner la mascarade de ces législatives où les partis ont DESIGNES ceux qui vont faire la loi pendant 5 ans...en violation de l’article 3 de la Constitution.

                   

                   

                   


                  • at974 at974 18 mai 2012 17:09

                    Avant de lire votre article, j’en connaissais la fin...


                    Votre CV plaide pour vous, si j’ose dire. Ingénieur de formation professionnelle, rédacteur d’ouvrages sur la formation (histoire de DIF, Reflex DIF...), dirigeant de l’agence pour la formation tout au long de la vie (AFTLV)...Bref, vous n’avez pas travaillé durement. Vous phosphorez, vous faites partie de cette frange de la population qui vit des autres.
                    Telle qu’elle est conçue, la formation professionnelle des adultes est une pompe à fric (il y en a beaucoup à se faire dans ce secteur) pour un résultat des plus médiocres et vous venez parler de rentiers....

                    Merci pour cet article qui renforce mes convictions dans le nécessaite bottage de cul en cours. Pourvu qu’il ne s’arrête pas trop tôt.

                    • kiouty 18 mai 2012 22:50

                      Les articles des libéraux se suivent et se ressemblent :

                      - nous avons vécu au-dessus de nos moyens
                      - il y a trop de service public et de fonctionnaires
                      - les 35h sont les responsables de ce qui arrive à la France
                      - il faudrait que les salariés français bossent 365 jours par an pour 200 euros par mois et qu’on supprime la retraite, et là peut-être qu’on verra un début de croissance pointer le bout de son nez.

                      Complètement débile. Le mec n’a juste pas compris que la crise de 2008 n’est pas due aux 35h, mais à la folie libérale de la dérégulation financière.

                      Le mec n’a pas compris qu’en situation de chomage massif, il est INUTILE de demander aux gens de bosser plus et plus longtemps si il n’y a pas assez de boulot pour tout le monde.

                      Le mec n’a pas compris que si on est en récession, c’est parce que son système est cassé : les banques ne prêtent plus et c’ets uniquement pour cette raison que l’économie oscille entre croissance insuffisante (<1.5%) et récession.

                      Le mec n’a pas compris que les chaines de dettes qui risquent de s’écrouler en engendrant des risques systémiques majeurs sont les dangers absolus, les bombes atomiques financières mises en place non pas par des fonctionnaires, mais par les banquiers, les investisseurs et leurs amis les politiques vendus.

                      Bref, le mec, il est tellement à côté de la plaque que c’est même pas la peine de discuter avec...


                      • fcpgismo fcpgismo 19 mai 2012 08:32

                        Les prédateurs dans toute leur splendeur, les chiens de garde gavé de fric qui veulent diminuer les avantages sociaux des plus pauvres.Vive la constitution des enragés. 

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