La gauche divertit M. Bruni
La gauche à l’assaut du château : l’ex-future leader socialiste se réapproprie micros et caméras tandis que l’ancien Premier ministre s’essaie à l’extrême gauche caviar en proposant une « pétition populaire pour l’égalité audiovisuelle ». M. Bruni tremble déjà.

Passons sur le détail Voici : M. Sarkozy se serait marié à l’Elysée jeudi dernier, selon le journal préféré de Cécilia, L’Est Républicain. L’Elysée attend pour confirmer. En attendant, le nouveau M. Bruni se fait allumer par la gauche socialiste, qui ne peut s’empêcher de voir dans les municipales le quatrième tour, au moins, de la présidentielle. Les trois premiers (législatives comprises) ont été perdus, il est plus que temps de sauver l’honneur pour le peuple de la rose. Mais ce peuple a un problème : il n’a plus de tête. Beaucoup prétendent : Mme Ségolène tout d’abord, qui croit dur comme fer que ce trône lui est dû. Mais ni M. Moscovici ni M. Delanoë ni M. Lang ni même M. Fabius et encore moins M. Dray ne l’entendent de cette oreille. Ce n’est pas avec des cacahouètes qu’on attrape des éléphants et, pour eux, manifestement, les 47 % de Royal au second tour de la défaite de 2007, c’est des cacahouètes. Tout cela n’est pas sans divertir le petit homme régnant, qui, entre deux virées chez Disney, dans le Golfe ou bientôt en Inde, se marre bien en lisant le grand quotidien de « M. Joffrin », entre autre.
Mais hier, en écoutant une des
radios officielles du gouvernement, Europe 1, et un de ses porte-parole les plus
efficaces, Jean Pierre Elkabbach, M. Bruni a dû avaler son cookie de
travers : il y a entendu Ségolène le traiter de « Louis XIV »
d’opérette, ou pas loin : « Nicolas Sarkozy a choisi de faire des
événements de la vie privée des événements publics, comme Louis XIV : vous avez
le petit matin du roi, le déjeuner du roi, le coucher du roi, les maîtresses du
roi », a déclaré l’ancienne Mme Hollande, comparant l’exercice du pouvoir
façon ex-maire de Neuilly à la monarchie « où chaque événement privé
du roi était un événement politique ».
Diantre ! En voilà une autre qui ose traiter Sarkozy de monarque !
Comme si gifler Joffrin n’avait pas suffi ! Pis : Mme Royal
prétend que la presse étrangère se demande même « si Nicolas
Sarkozy a la carrure », là où
tout le monde au Monde, ou dans Le Point se demande juste s’il est déjà marié,
ou non. La presse étrangère ne connaîtrait donc pas le sens du mot
pression ? Ou serait-elle simplement... lue, contrairement à nombre de
quotidiens français, n’est ce pas M. Joffrin ?
Mais
la charge de Royal n’a pas pour but d’énerver notre envahissant président, elle
est juste là pour montrer aux militants socialistes, qui ne sont plus très sûrs
de leur choix, ni de leurs envies, que miss Ségolène est de retour, qu’elle n’a
rien perdu de sa pugnacité, et qu’elle est prête à relever bien des
défis : « Ceux qui disent que les élections municipales ne sont pas
politiques ne disent pas vraiment la vérité » (sic) ose-t-elle révéler, sans ciller, avant d’ajouter
qu’elle « pense » que ceux qui voteront contre un maire UMP voteront
contre Sarkozy. Quelle vision ! Quel style ! Elle avait annoncé il y
a quelques semaines déjà qu’elle avait compris que sans parti derrière elle
elle ne gagnerait jamais une présidentielle, mais aujourd’hui elle va plus loin
dans l’audace : « Il faut proposer une ligne politique claire
sur laquelle les militants socialistes auront l’opportunité de se prononcer
lors du congrès. Et ensuite je prendrais mes responsabilités s’il le
faut ». C’est beau, c’est
limpide, ça sent le deuxième quinquennat à plein nez pour M. Bruni !
Plus drôle encore, toujours à gauche, Fabius s’y met aussi. Toujours anti-Royal, toujours éléphant, et toujours pas prophète pour deux sous en son pays rose, nullement populaire, l’ancien plus jeune Premier ministre de Mitterrand a proposé hier de lancer une « pétition populaire pour l’égalité audiovisuelle » censée lutter contre l’omniprésence de l’omniprésident à la télévision. Il veut que le temps de parole du président soit comptabilisé dans le temps de parole du gouvernement, alors que la règle actuelle (un tiers pour le gouvernement, un tiers pour la majorité, un tiers pour l’opposition) ne définit pas clairement de temps de parole pour le président de la République. Il faut dire qu’on n’a jamais connu jusque-là monarque si disant. « L’équilibre de notre démocratie est bafoué puisque le temps de parole considérable du président de la République et de ses conseillers dans les médias n’est pas comptabilisé », psalmodie Fafa, qui estime que « les chaînes dégoulinent de la présence de Nicolas Sarkozy ». Jamais avare dans ses excès, Fabius espère « convaincre le PS que cette question est beaucoup, beaucoup plus importante que les autres aspects de la réforme institutionnelle ». Ce qui est en fait, « beaucoup, beaucoup plus important » que tout pour Fabius, c’est de barrer, ou d’essayer, une nouvelle fois, la route des sommets à son ennemie du Poitou. Il ne pense qu’à cela, Fabius, en se rasant, à longueur de journée, depuis le 6 mai dernier : faire payer à Ségolène sa défaite. Il sera prêt à tout pour cela : embrasser Delanoë, soutenir Jack Lang ou supporter Mélenchon. Ou faire des pétitions. N’importe quoi pour exister plus fort que sa rivale.
Nicolas Sarkozy Bruni Tedeschi entend mugir ces féroces soldats, seul, en privé, son sabre des Emirats au-dessus de la cheminée, à la Lanterne. L’avenir du PS se joue tout autour de lui, selon ses propres humeurs, son mariage caché ou ses jets prêtés. L’équilibre de notre démocratie est bafoué lorsque le président en place joue sans opposition. Cette opposition qui aujourd’hui se résume à un simple divertissement. Le roi et ses bouffons.
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