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La girouette PS et le vent du MoDem

Le vent tourne, la tête du PS aussi. Les alliances et discussions de l’entre-deux tours des élections municipales 2008 révèlent les contradictions idéologiques qui minent un Parti socialiste, pourtant gagnant du scrutin.

Débat stratégique au PS

La contradiction la plus flagrante est l’œuvre de l’ancien couple socialiste le plus célèbre, Ségolène Royal-François Hollande. Dès le soir du 1er tour, dimanche 9 mars, la candidate à l’élection présidentielle s’est exprimée en faveur d’alliances avec le MoDem. « La gauche doit s’allier partout avec le MoDem », a-t-elle déclaré devant les caméras et les militants. Le lendemain, le premier secrétaire du PS jusqu’en novembre a tenu à nuancer ces propos : « Il ne peut pas y avoir de discussions nationales (ndlr : avec le MoDem) ». Se joue donc la future orientation idéologique du PS. Les pontes du parti tardent à prendre position. Georges Frêche, président de la région Languedoc-Roussillon qui négocie son retour au PS et vise un strapontin sénatorial, a fait son choix : « Comme Ségolène Royal l’a déclaré dès dimanche soir, j’appelle moi aussi, pour ce second tour, à l’union avec le MoDem dans toutes les villes et dans tous les cantons de notre région afin d’amplifier le mouvement du premier tour. Avant d’enchaîner, Il faut poursuivre dans cette voie dimanche prochain car se joue, sous nos yeux, le laboratoire d’une prochaine majorité de gouvernement. »

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Ce débat au sujet de la drague du MoDem met en exergue, plus que jamais, la problématique du prochain congrès : l’aggiornamento, la rénovation, certes, mais vers quel côté ? Vers le centre, donc vers Bayrou comme le souhaite la frange la plus « libérale » économiquement du PS ? Ou bien vers la gauche, le PCF, les Verts et la gauche anti-capitaliste ?

Des alliances contradictoires

Ainsi la stratégie d’alliance dépend étroitement du bon vouloir du MoDem. A Périgueux, le MoDem s’est allié pré-premier tour à la liste UMP du très sarkozyste Xavier Darcos, ami personnel de François Bayrou. Il en va de même à Bordeaux où Alain Juppé a été élu dès le premier tour avec le soutien des centristes. Cette position « normande », « ptet ben à droite, ptet ben à gauche », de Bayrou énerve côté socialiste. François Hollande raille cette indécision : « il y a autant de positions du MoDem que de villes en France ». Les négociations hétérogènes menées au cas par cas, ville par ville, donne un reflet parfait de la problématique socialiste.

Quelques exemples caractéristiques :

A Paris, la liste de Bertrand Delanoë, qui comprenait des communistes, a rapidement décidé de récompenser « la fidélité » des Verts, mais a catégoriquement réfuté toute fusion de liste avec le MoDem parisien de Marielle de Sarnez. Une option vers la gauche. Le MoDem sera de la triangulaire.

Montpellier, géographiquement diamétralement opposée à la capitale, stratégiquement aussi. C’est à la tête d’une liste d’union avec le MoDem qu’Hélène Mandroux est arrivée en tête du premier tour avec 47,11 %. Situation exceptionnelle, du coup, ce sont les Verts, forts de 11 %, qui partiront seuls au second tour, faute d’un accord avec le PS. Un échec des négociations que le parti écologiste attribue à Frêche, confirmant l’orientation « ségoléniste » du PS local : « tout était scellé d’avance : les responsables locaux du Parti socialiste ne voulaient pas d’accord. Nous avons appris depuis que c’est Georges Frêche en personne qui a plaidé notre exclusion devant le conseil fédéral du PS hier soir. Le PS obéit à ses exclus », peut-on lire sur le site des Verts montpelliérains.

Autre schéma qui se retrouve fréquemment : une liste PS/PC affronte au second tour une liste MoDem/UMP. C’est le cas dans le très symbolique département de la Seine-Saint-Denis. A Noisy-le-Sec, la liste socialiste menée par Elisabeth Guigou a fusionné avec la liste PC et sera confrontée dimanche prochain à une liste UMP/MoDem.

La victoire de la gauche lors de ces municipales ne devra pas occulter la rénovation annoncée du parti. Cette nouvelle échéance électorale aura néanmoins permis de confronter le Parti socialiste aux différents courants qui le tiraillent. D’ici novembre et le congrès du PS, le vent peut tourner. Reste à savoir vers quel horizon les divers courants auront emporté le bateau socialiste.


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7 réactions à cet article    


  • Forest Ent Forest Ent 13 mars 2008 17:37

    Encore une brillante application du principe de relativité générale : la notion de mouvement dépend du point de vue.

    A propos, où se trouve le centre de masse PS-Modem ?


    • Voltaire Voltaire 13 mars 2008 17:38

      Il s’agit effectivement d’un choix stratégique majeur pour le PS.

      S ; royal a compris qu’étant donné la sociologie de la France, il faut des circonstances vraiment exceptionnelles pour que la gauche seule puisse l’emporter. D’où sa volonté d’accord avec le MoDem.

      François Hollande, et Bertrand Delanoë, sont sur un positionnement plus classique d’union de la gauche. Cela est lié à la composition interne du PS, où les partisans d’une alliance avec le MoDem sont minoritaires. B. Delanoë pense donc qu’il a besoin de l’aile gauche du parti pour prendre la direction du PS, tandis que S. Royal pense pouvoir jouer de sa popularité personnelle et de son résultat aux présidentielle pour l’emporter. A plus long terme, on a aussi une vision différentiée de l’avenir du P : S ; Royal prend le Labour de T. Blair comme exemple : elle veut dynamiter le vieux système, substituer les alliances anciennes avec le PC et les verts par un arc plus large, des anti-libéraux au MoDem, tandis que B. Delanoë propose une trajectoire plus classique, où il refuse toute accord avec le Modem et espèresimplement récupérer ses électeurs par rejet du Sarkozysme.

      Il est évident que la stratégie menée par S. Royal est beaucoup plus dangereuse pour F. Bayrou et le Modem que celle de Delanoë. Tant que le PS reste ancré à son système des années 70, Bayrou apparaitra légitimement comme le seul rénovateur de la politique française, et le seul à pouvoir effectivement battre Sarkozy en 2012.


      • Philou017 Philou017 13 mars 2008 20:53

        "François Hollande raille cette indécision : « il y a autant de positions du MoDem que de villes en France »."

        J’approuve totalement le fait que le Modem choisisse des alliances là ou ça l’arrange dans des élections locales. Infiniment plus démocratique que les stratégies d’appareil, auquel le PS et mr Hollande sont habitués, vu que ce parti n’est plus qu’une machine électorale sans âme.

        D’ailleurs, mr Hollande ferait bien d’éviter les leçons de stratégie, il me semble...


        • Aela 13 mars 2008 21:28

           

          C’est Ségolène Royal qui a la vision la plus large.

          Elle, mieux que quiconque, avait désespérément compté et recompté l’ensemble des voix qui s’étaient reportées sur des candidats de gauche, le 22 avril 07, à l’issue du premier tour. La somme UMP + FN + UDF(Bayrou) faisait plus des 2/3 du total des voix !!!

          Eh, oui : la France est de tradition libérale et vote plutôt à droite.

          François Hollande et Ségolène Royal ne sont pas volontairement contradictoires, mais dans des logiques différentes. L’horizon de François Hollande est le seul PS et il ne semble guère voir au-delà. L’jhorizon de de Ségolène Royal est la victoire d’une coalition suffisante en 2012, incluant le PS. A ce point de vue ces frictions sont nuisibles. Il est nuisible d’avoir snobé le MODEM parisien de Marielle de Sarnez pour la pousser, presque contre son gré, dans les filets de l’UMP. Cela aura des conséquences lointaines pour la constitution d’une future coalition entre le centre et la gauche.

          Les communistes et la LCR devraient se demander quelles valeurs ils défendent ? Ils veulent une égalité, une solidarité envers les travailleurs, envers les plus démunis. Alors, ils doivent voir aussi que tout libéralisme n’est pas forcément nuisible. Vendre ou acheter une action est un choix. La manière de diriger une entreprise et les égards qu’une direction prendra pour ses collaborateurs résulte aussi de choix. Ces choix peuvent certes être sordidement égoïstes, aux dépens de tous les autres. Mais ils peuvent aussi être altruistes, en harmonie avec tous les autres. Il est des investisseurs qui ne sont pas indignes de leur communauté. Il y a des patrons qui sont valables. Ceux qui votent au centre sont souvent chrétiens et dans une logique de conscience universelle. A ce point de vue, je pense qu’ils sont souvent capables de dépasser leur ego pour cette cause plus vaste qu’est celle de tous les leurs : celle de toute leur communauté, - dont les travaileurs et les plus démunis - . Je pense qu’à force de se battre contre un capitalisme caricaturisé et diabolisé, l’extrême gauche ne parvient plus à distinguer cela. D’où, ces tensions conflictuelles, comme à Paris.

          Le seul potentiel de croissance de la gauche est au centre. Ce sont idéologiquement les moins éloignés.

          Le dénominateur commun entre gauche et centre est dans le dépassement de l’individu pour sa communauté.

          Si les Verts, le PC, le PS et le centre opposé à l’ultralibéralisme prédateur, veulent un jour être aux commandes de la France, ils devront s’allier. C’est une évidence. Ils devront aussi accepter d’éviter de se tirer dans les pattes pour des enjeux locaux et prendre soin de leur alliance. 

          http://nowearefree.blogspot.com


          • Aela 13 mars 2008 21:52

            J’ai lu votre commentaire après avoir posté le mien. Mais je vois que pour l’essentiel, notre analyse politique est assez semblable.

            Si le MODEM opposé au libéralisme sans âme, veut le pouvoir, ce ne pourra être, comme pour le PS, le PC ou les Verts : qu’au sein d’une coalition plus vaste. Le MODEM, seul, est clairement trop faible pour avoir une chance de battre le bloc de la droite et de l’extrême droite.


            • vivelecentre 13 mars 2008 23:36

              L’udff Européenne et liberale , contrairement aux gaullistes interventionnistes ( sarko n’est pas le dernier) confié depuis dix ans à un président chrétien et conservateur finit par son entregents de mettre en place en remplacement une formation qui s’opposerait au libéralisme et qui fréquente de plus en plus les nonistes ???? , il y a là de sacrées contorsions !!!

              de quoi déboussoler et tromper l’électorat volontairement laissé dans le flou

               à Pau , le candidat modem n’ incarne t’il pas à nouveau un centre bien à droite face à 30 ans de gestions socialo comunistes...sic

              Et le pire , c’est que d’aventure , s’il est elu, compte tenu de toutes des fonctions qu’il cumul, laisserait au quotidien les cles de la ville à son adjointe archéo socialiste elle même dans les equipes precedentes ( vous savez les socialo communistes, depuis des decennies !!)

              evidemment, ce sont les autres qui trahissent parce qu’il ont l’audace de rester fidèles à leurs convictions !!


            • chmoll chmoll 14 mars 2008 12:24

              comme la pub koi y en a un ou deux quii vantent leur produit,

              et quand vous ach’tez l’produit,surprise ! c’est pas du tout c’que disait la pub

               

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