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La loi travail, entre postures et idéologie

Cette semaine, l’Assemblée a commencé l’examen de la loi travail, un projet emblématique du mandat de François Hollande, révélateur de la démission du PS face au laisser-faire puisqu’il déborde la droite par la droite sur cette question. Mais ce débat comporte aussi beaucoup de postures

 
Réflexion à l’arrêt, sauf pour communiquer
 
En effet, ce projet de loi est pour beaucoup d’abord un véhicule politicien. Pour le gouvernement, il s’agissait de mettre en difficulté l’opposition en allant plus loin qu’elle ne l’avait été avant 2012 sur la dérèglementation du marché du travail, ne leur laissant pour choix que le soutien ou une dérive plus droitière encore. C’était le moyen de recomposer le paysage politique en sa faveur, en prenant une position centrale. Pour la gauche du PS, c’est le moyen de se positionner, même si le fait de rester au sein d’un parti qui a tellement libéralisé fait de leurs prises de position de simples postures stériles, pour ne pas dire plus. Et pour l’opposition, tous les ajustements réalisés sont le moyen de souligner la mollesse de ce président qui aurait trop cédé, un bon moyen de continuer à faire le procès de Hollande pour 2017.
 
Sauf que les choses sont un peu plus compliquées. En effet, le gouvernement a-t-il vraiment tellement mis de l’eau dans son vin sur la loi travail ? Bien sûr, quelques mesures ont été modifiées  : on peut penser à la disposition qui garantissant la liberté de manifester ses convictions religieuses, les règles permettant les licenciements économiques ont été ajustées, quelques ajustements à la tonalité plus sociale ont été mis en place. Mais quand on prend un peu de recul, on se rend compte que la majorité a surtout ajusté sa copie à la marge, ne remettant pas en cause les éléments plus fondamentaux de la loi. En effet, la possibilité pour les entreprises de négocier des accords spécifiques est conservée, tout comme les dispositifs d’ajustement des accords d’entreprise en fonction de la conjoncture.
 
Bref, l’éparpillement du droit du travail, la réforme évoquée dans les rapports commandés par la majorité va bien être mise en place. En clair, les entreprises, dont les profits sont à des niveaux tellement élevés que même The Economist dit depuis quatre ans qu’ils sont trop élevés, vont gagner deux nouveaux outils dans leur rapport de force avec leurs salariés, déséquilibrant plus encore un rapport qui n’en avait pas besoin. Il est tout de même effarant qu’un gouvernement qui se dise de gauche pousse le balancier plus encore vers les entreprises après dix ans de pouvoir de droite et alors que tout montre que les salariés sont démunis face aux entreprises, démontrant une démission intellectuelle complète de cette majorité qui cède au vents dominants du moment, exactement comme les Républicains.
 

La loi travail restera emblématique de cette époque et cette majorité, qui décide de pousser plus loin encore l’agenda ultralibéral des entreprises alors que les rapports de force sont historiquement déséquilibrés en leur faveur et que cela avait produit le krach de 2008. A quand le réveil ?

 

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6 réactions à cet article    


  • Jo.Di Jo.Di 7 mai 2016 18:13

     
    L’idéologie libérale de l’inversion des normes :

     
    L’État social-libéral ne peut pas demander directement aux individus de se soucier des conséquences sociales de leurs actes, en contradiction avec le principe de non-­ingérence des individus dans les affaires publiques, donc des autres, principe de base de sa fourmilière hayekienne : la liberté du moderne.
     
    Car l’ingérence dans la vie individuelle est LA faute morale pour le libéral, la porte ouverte à une volonté de répartition du travail et du profit, nuisible à l’économie. L’attitude préférable, non-citoyenne, de non-souveraineté, postule que l’individu n’est qu’égoïste.
     
    Par exemple le critère de Pareto pose que la loi « optimale » ne peut aller contre la volonté d’un seul individu. Évidemment c’est l’unanimité qui est alors dure à trouver pour changer le statu-quo et chacun à son idée de l’optimal. D’où quelque impuissance politique pour réformer suivant le plan de l’ingénieur Capital. L’État (où son mime actuel) doit convaincre de la « bonne action économique » qui optimisera tous les caddies pour trouver son consensus, et surtout pas en appeler à quelque sacrifices pour une collectivité qui ne doit pas exister moralement.

    Que fait l’état social-libéral individualiste pour modifier le comportement du bobo qui ne s’intéresse qu’à sa petite personne ? Le récompenser ou le punir, par « incitations » où « désincitations » « économiques » . L’Etat libéral ne se pose qu’une unique question : Qui subventionner, qui taxer, comment ? Il abolit alors la différence entre la politique économique et le droit pénal. D’où les non poursuites pénales de fraudeurs du fisc par ex ...
     
    Le Capital (l’UE) fixe des objectifs étatiques à réaliser. Mais l’État ne présente évidement pas les choses sous cet angle. Les individus doivent être manipulés : Le licencié est faignant, obsolète, il coule la boite, mais hypocritement il est laissé dans l’ignorance du fait que le secteur dans lequel il travaille a été ouvert par l’État à la concurrence mondialiste.
     
    Golden parachute : Une éthique patronale est promue. Une trop grosse rémunération du patron n’est pas morale ? Non, elle est juste dépendante du bénéfice, juste une optimisation économique de l’entreprise.
     
    L’état économiste doit organiser le culte du groupe de référence légitime, c’est à dire définir les sous-groupes d’individus qui servent de base à des monades économiques, et les légitimer moralement. D’une certaine façon il adopte la théorie des « états » constitutifs de L’État organique de Hegel (organisation en corporations de « classes » sociales coopératives aux cultures différentes), mais abandonnant l’Idée pure-politique d’Hegel, pour l’économisme.

    Si le groupe entreprise ne veut pas s’organiser, l’État libéral prendra incitation, taxation fiscales : Une optimisation toujours qu’économique de dernier recours (cas de la fiscalisation des options du Golden parachute).
     
    Alors contradiction inévitable de la morale des sous-groupes : syndicats corporatistes égoïstes mais profits des fonds de pensions inévitables ....
     
    Quoiqu’il en soit, l’entreprise devient un des groupes de référence légitime : loi El Khomri (l’inversion des normes est principe libéral de non-ingérence appliqué à un groupe économique). Cette obligation de non ingérence dans l’entreprise, est institutionnalisée par le fait que l’entreprise devient groupe politique-économique reconnu par la Loi. Car, s’il peut et doit y avoir autant d’intérêts que d’individus, il n’y a qu’une seule opinion « légitime » sur l’organisation sociale : promouvoir son intérêt personnel certes, mais dans le cadre constitutionnel, cet alibi moral. Comme l’élection représentative, truquée d’avance (Chouard), est tout autant alibi démocratique.
     
    La liberté des anciens et des marxistes : « Tous décident pour tous »
     
    La liberté du moderne et du libéral-libertaire : « Chacun décide pour soi »
     
    Si chacun suit ses propres intérêts, ne s’ingère dans les affaires de personne, et encore moins dans les affaires de tous, alors chacun est donc totalement libre, tant qu’il ne gène pas les autres ...
     
    Et le parfait modèle libéral de celui qui ne s’ingère pas : l’entrepreneur.
     
    En digression disons qu’un autre est le consommateur, qui ne se préoccupe aussi que de ses intérêts d’acheteur. Mais le consommateur a cet alibi moral : le Marché est pour lui une nouvelle nature « inévitable », car le Capital a spolié son autonomie. Sans Carrouf et sa voiture, le bobo des villes a l’autonomie d’un grabataire en Amazonie. C’est son excuse, à bon compte , il achète chinois ...
     
    Mais comme dit Marx, l’entrepreneur, travaillant dur à éliminer ses concurrents, est la personnification de la morale libérale libertaire individualiste, censée améliorer le bien-être de tous par ricochets. Une morale stakhanoviste, du Capital soviétique.
     
    La liberté de pratiquer sa religion est totale pour Robinson, seul sur son île.
     
    La liberté de griller un feu rouge est restreinte à bobo indigné libertaire, car cette action ne peut se trouver qu’à l’état social et non autarcique.
     
    Pour le libéral l’économie doit sortir du code de la route.
     


    « Les politiques grecs qui vivaient sous le gouvernement populaire, ne reconnaissaient d’autre force que la vertu. Ceux d’aujourd’hui ne nous parlent que de manufactures, de commerce, de finance, de richesses et de luxe même » Montesquieu, l’esprit des lois.

     


    • Jo.Di Jo.Di 8 mai 2016 11:19


      Libéralisation = liberté ,
      Consommation = transgression , 
      Ouverture = liberté

       
      le « dit » du Capital cache le « non-dit » de la traite négrière destructrice des entraides nationales, de l’ubérisation individualiste, de la privatisation de l’énergie pour la sauvegarde de l’âme de la Planète,
      shiteux le grand révolutionnaire « consommateur » transgressif, 0 sur compte en banque de petit ultra-capitaliste ultra-libéral à ultra-inversion des normes colon du mondialisme...
       
      « [...] l’aptitude des riches et des puissants à identifier leur domination à de grands principes moraux ....ce qui a pour effet de transformer toute remise en cause en crime, non seulement contre l’Être, mais contre l’Humanité elle-même. [...] Qui dit Humanité ment »
      Proudhon
       
      « Le sens moral est en nous une faculté naturelle, tout comme le sens de l’odorat et le sens du toucher.
      Quant à la Loi, à la piété [antiraciste] et à la Religion, qui elles aussi ont prêché ce principe de solidarité, nous savons qu’elles l’ont simplement escamoté pour en couvrir leur marchandise - leur prescription à l’avantage du conquérant, de l’exploiteur, [du Seigneur Capitaliste négrier baudruchonien], et du prêtre [le prébendier du Capital, payé par lui à coté de la speakerine...] »
       
       
      Piotr Kropotkine

       


      • Le421... Refuznik !! Le421 8 mai 2016 17:31

        Dessin hors sujet dans la mesure ou ce n’est qu’une gauche « fantoche » et de totale imposture qui est aux commandes...
        Mais bon.
        Si Pujadas et Pernaut le disent, ça doit être vrai !!
        Et moi, je pense que je vais aller surveiller les marmottes qui plient le chocolat dans le papier alu, tiens !!


        • Phil610 9 mai 2016 07:32

          Cette « loi » a ete ecrite par le ministre des finances du Luxembourg, elle fait partie des GOPE de la commission europeenne. C’est juste une obligation pour Hollande, de faire passer cette loi. Les gopes contiennent plein de chose interressantes, elles sont en fait le vrai programme de nos presidents, baisses des salaires, destructions des services publics, derembourssement des medicaments...etc Avant de parler de « posture » vous devriez les lire.


          • Le421... Refuznik !! Le421 9 mai 2016 08:37

            @Phil610
            Tiens !!
            UN qui suit.
            Les autres dorment près du radiateur !!  smiley


          • izarn izarn 9 mai 2016 12:56

            Ce genre de loi anti-travail, ne révele qu’une chose : La dégradation du système industriel, l’impossible compétitivité de la production industrielle, face à la finance sur dopée par les QE des banques centrales. Et le fait que le capital des grosses boites est pour 50% du capital financier, bien plus lucratif grace aux escrocs et aux Madoff qui dirigent les banques centrales (Cf sur le sujet : Delamarche, Jovanovic, et meme Stiglitz !!!)
            Le patronnat attaque le salarié, pour survivre lui-meme.
            Donc l’histoire des surprofits n’est que de la propagande. Il s’agit uniquement de profits financiers, dans un milieu spéculatif de casino, entretenu par les banques centrales.
            Si on perd on est remboursé, génial non ?
            La baisse tendancielle des profits industriels (ce qui est la marque de nos sociétés industrielles depuis le 19ieme siècle) a eu lieu depuis la fin des années 60....Ensuite dés la fin dés années 80, la finance libérée des contraintes par le néolibéralisme, a pris le relais avec la spéculation, la financiarisation, basée sur d’énormes dettes (Je spécule avec de l’argent crée ex-nihilo, c’est à dire basé sur aucune richesse produite) garantie par les banques centrales et les Etats. Donc par le peuple !
            Bien sur cela fait d’énormes bulles : 2000, 2008, et 2016....
            Remarquons que la finance avait été contrainte au début du 20ieme siècle suite à la crise de 1929 par J.D Roosevelt, pour ensuite etre imposée à l’Europe dés 1946.
            En France c’est Mitterrand qui dés 1982, reconstitua les banques généralistes.
            Il y avait séparation depuis 1946 des banques commerciales, des banques d’affaire.
            Ce n’est pas la nationalisation socialiste des banques, qui est la cause de déboires (Crédit Lyonnais), mais la latitude donnée à ces banques de faire n’importe quoi sur les marchés.
            Ce vent mauvais vient, bien sur de Thatcher et de Reagan...
            On en est encore la....
            Bien entendu que loi Komri, en plus d’etre stupide, ne marchera jamais.
            Relent de putréfaction du néolibéralisme....

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