La police politique socialiste
François Hollande, tout juste issu des urnes socialistes et aspirant à la présidence de la République, nous apprend qu’il dispose déjà d’une police politique infiltrée, et qu’il est en mesure d’accéder – et de se servir – de renseignements concernant les appartenances syndicales et préférences politiques de fonctionnaires de police.
En effet, François Hollande voudrait procéder à une sélection très précise des fonctionnaires du SPHP [1] que l’État lui affecte pour assurer sa sécurité en campagne. Son équipe compte bien détecter des fonctionnaires efficaces et professionnels, bref des personnes de confiance.
On peut déjà observer que le parti socialiste, à travers les suspicions de son chef de file, a une très haute opinion de la police nationale puisque trouver efficacité et professionnalisme parmi ses effectifs semble être un sacré défi.
Mais voilà le drame, on lui a fourni une liste vérolée, déclare un partisan anonyme - vérolée est bien le mot employé et les symptômes lui en sont infiniment reconnaissants - comprenant des fonctionnaires syndiqués dans des syndicats pas réputés défavorables au pouvoir en place – comme Alliance, s’oblige-t-on à préciser, soit des fonctionnaires pas fiables politiquement.
Eh bien ! Le parti socialiste et ses mouchards seraient-ils mieux informés, et plus adroits et vicieux que le fichier Edvige qui avait suscité des petits cris d’effroi ?
Le fichage politique de policiers existe donc, et là ce n’est pas Cop-watch qui balance…
La question que devrait, légitimement, se poser une presse démocratique, serait de savoir QUI balance les informations sur les appartenances syndicale et politique supposées, sur quelle base légale et d’après quel hypothétique fichier.
Ce que recherche le candidat socialiste pour assurer sa protection n’est pas un service de police issu de la police nationale, non, ça ressemble plutôt à une police privée composée de volontaires – ou, autre définition : milice - ce qui n’augure rien de bon quant au projet socialiste concernant les questions de sécurité, de police(s) et de qualification des effectifs, et plus largement le service public.
D’après la même source, on apprend d’ailleurs le secret du casting 2007 de la sécurité rapprochée de la candidate Royal : « Nous avions demandé à nos contacts au sein des organisations syndicales des avis sur les gens qui nous étaient proposés. » Suit le nom de l’éminent consultant en body-guards : l'ancien responsable de l'UNSA-Police.
Le plus amusant (autant en rire) est que manifestement la fine équipe socialiste n’entend pas grand-chose au syndicalisme policier et ne semble pas savoir que les appartenances aux organisations syndicales dites "de droite" et "de gauche" sont sans rapport avec les penchants politiques des syndiqués, le choix d’un syndicat se faisant le plus souvent sur des critères étrangers à l’idéologie de façade réclamée par les apparatchiks des bureaux nationaux, mais sur les qualités des représentants de terrain.
Ainsi, nous connaissons des syndiqués d’Alliance qui votent à gauche depuis des années, comme des délégués d’Unité Police SGP FO qui sont de bons petits gars de la Marine.
Voilà qui ne va pas faciliter la tâche à François Hollande...
Alors peut-être devra-t-il compléter ses dossiers d’analyses graphologiques et des thèmes astraux des candidats du SPHP pour y voir plus clair… Et dans un deuxième temps, tant qu'à faire, on leur demandera sans doute leurs préférences sexuelles et un bilan de santé.
Depuis toujours, la police est un gadget électoral recyclable à merci.
Le fantasme récurrent des collusions entre pouvoir politique et police fait la une des médias depuis des lustres et cela quelle que soit l’appartenance politique des gouvernements. Surtout en cette période où les mises en examen des plus hauts cadres de la police nationale pour diverses suspicions de mélange des genres se multiplient.
Mais quand l’obligatoire neutralité politique des fonctionnaires - et plus particulièrement ceux dotés d’une carte tricolore - s’accommode de petits arrangements, c’est vers les donneurs de leçons et les leaders politiques qu’il faut regarder.
Et là, chacun sait s’y retrouver, sans que les défenseurs de la déontologie et de l’intégrité n’y trouvent à redire.
Qu’il s’agisse de Bruno Beschizza [2] (à la fois conseiller régional UMP et sous-préfet hors cadre), parfait exemple du policier politique. Ou bien de Sihem Souid [3] égérie de l’éthique policière au PS, fonctionnaire de police suspendue mais non exempte des obligations de sa fonction, qui s’exprime es qualité de membre du comité de soutien d’Arnaud Montebourg (et dont on attend d’ailleurs avec impatience sa prochaine aventure judiciaire et administrative annoncée, pour reparler d’éthique dans des débats croquignolesques.)
Ceux qui espèrent vainement une République irréprochable avec une police détachée du rôle de VRP du gouvernement en place pour être exclusivement au service du citoyen devront repasser, visiblement une alternance ne changerait rien.
S’il y a une vérole à guérir, ce n’est sans doute pas dans les rangs de la police qu’il faut la chercher, mais plus sûrement dans les décidément inguérissables et sales habitudes des politiques, de droite comme de gauche.
Il serait peut-être temps, pour l’ensemble de la classe politique de relire l’article 12 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen :
« La garantie des droits de l'homme et du citoyen nécessite une force publique ; cette force est donc instituée pour l'avantage de tous, et non pour l'utilité particulière de ceux à qui elle est confiée. »
C’est facile à trouver : elle est affichée dans tous les commissariats.
Bénédicte Desforges et Marc Louboutin
source :
Hollande préfère, pour l'heure, confier sa protection au PS plutôt qu'à la police
Le Monde 26 octobre 2011
[1] SPHP : Service de Protection des Hautes Personnalités
[2] Bruno Beschizza qui devrait renoncer à son mandat électoral, comme il en en a l’obligation pour que sa nomination de sous-préfet soit légale [lire]
[3] Sihem Souid membre de l'équipe de campagne de A.Montebourg
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