La présidentielle 2022 de A à Z
À moins de trois mois du 1er tour de l’élection présidentielle, petit tour d’horizon du paysage électoral sous la forme d’un abécédaire...
A) Abstention : Eu égard au mécontentement croissant d’une partie significative de la population, elle risque fort d’atteindre un niveau record pour une présidentielle de la Ve République. Ce qui n’empêchera pas le vainqueur ou la gagnante d’afficher sa satisfaction lors de la soirée du 24 avril. / Arthaud : Depuis la première candidature de Laguiller en 1974, rien n’a changé à Lutte Ouvrière : ni le discours, ni le ton, ni l’attente du Grand soir. Pas de surprise à attendre de ce côté-là, que ce soit sur les plateaux ou dans les urnes. / Asselineau : candidat de l’UPR, ce bonnet de nuit techno espère en 2022 dépasser le glorieux score de 0,92 % qu’il a atteint en 2017. À chacun son Everest !
B) Bérézina : Celle que risque, après la claque de 2017, de subir le Parti Socialiste, menacé de ne même pas être remboursé de ses frais de campagne. L’objectif non avoué d’Hidalgo : faire mieux que Poutou.
C) Ciotti : Gardien de la ligne identitaire et sécuritaire sur laquelle il a contraint Pécresse à s’aligner durant la primaire des Républicains. Il est incontestablement un caillou dans la chaussure de la candidate LR. / Covid-19 : Très encombrant invité de la campagne dont nul ne sait de quelle manière et dans quelles proportions il influera sur les débats et sur les scores du 1er tour.
D) Dégâts : Ceux qu’une nouvelle et humiliante défaite des Républicains pourrait entraîner dans le parti : LR pourrait se retrouver « éparpillé façon puzzle », comme dirait Raoul Volfoni. / Droits de mutation : Ces « droits de succession » pourraient faire l’objet d’échanges houleux entre ceux qui veulent drastiquement les alléger (à droite et à l’extrême-droite) et Mélenchon qui entend tout aussi drastiquement les alourdir pour les gros patrimoines. / Dupont-Aignan : Lâché par nombre de ses soutiens, son ambition devrait se limiter à devancer Philippot.
E) Ego : Satisfaire le sien reste l’un des principaux moteurs des candidats en lice. / Emmerder : Si Macron entend bien « emmerder » les non-vaccinés, ces derniers sont tout aussi déterminés à l’« emmerder » en votant massivement contre lui. / Enseignants : Une corporation qu’en pleine campagne l’exécutif a tout intérêt à brosser dans le sens du poil après la spectaculaire journée d’action du 13 janvier. / Environnement : Une cause dont Macron s’est fait le chantre en déclarant en juin 2017 « Make our planet great again ». Il est hélas ! à craindre qu’elle ne soit largement remisée au second plan d’ici au 10 avril par la majorité des candidats.
F) Femmes : Leurs droits ont été érigés en « grande cause nationale » par Macron. Au terme de son mandat, force est de reconnaître qu’en dépit de quelques avancées, l’essentiel reste à faire. Puisse ce sujet ne pas être éludé des débats ! / Frais de campagne : Dérisoires dans les petits partis n’ayant qu’une vocation de témoignage, ils font peser une grande menace sur les partis dépensiers qui n’atteindraient pas les 5% de voix, seuil nécessaire pour prétendre au remboursement par l’État.
G) Godillots : Principalement étiquetés LREM, ils sont au nombre de 268. Auxquels il convient d’ajouter les 57 brodequins Modem et les 22 croquenots Agir. La plupart de ces gens aspirent à rempiler en juin 2022. D’où leur soutien sans faille à Macron. À noter qu’en cas de défaite du président sortant, la fonction de godillot aurait toutes les chances d’échoir aux élus LR et UDI qui, dans le passé, ont montré d’excellentes aptitudes dans ce domaine.
H) Handicap : Les moyens qui lui sont consacrés ont été augmentés, mais on reste loin des objectifs affichés par Macron. Espérons que la place de cette cause durant la campagne ne se limitera pas au scandaleux propos de Zemmour sur la scolarisation des enfants handicapés ! Hidalgo : Capitaine de la périssoire socialiste qui, contrairement à la fringante nef des armoiries parisiennes, a cessé de se maintenir à flot pour couler inexorablement.
I) Identité nationale : Avec des candidats comme Le Pen et Zemmour, sans oublier Ciotti en embuscade derrière le tailleur chic de Pécresse pour lui rappeler fermement les conditions de son soutien, le sujet devrait occuper une place centrale dans les débats. / ISF (Impôt sur la fortune) : Prélèvement que certains candidats veulent rétablir après que Macron ait décidé de le remplacer par une taxation plus douce sur le seul patrimoine immobilier afin d’alléger la précarité et les tourments des possédants.
J) Jadot : Écartelé entre la Primaire populaire et les baisers de judas de sa concurrente battue de la primaire EELV, le candidat écolo ne peut plus voir les couleurs primaires en peinture : plus que jamais il s’accroche au vert. À l’image de l’Union européenne, il est même prêt à verdir les réacteurs nucléaires !
K) Karma : Impossible de savoir qui, parmi les candidats en lice, bénéficie d’un « bon karma ». Une chose est sûre : pour espérer triompher, mieux vaudrait que cela soit le cas.
L) Le Pen : Débordée par Zemmour sur son extrême-droite, elle fait figure de cheftaine scoute à côté de la marionnette de Bolloré.
M) Macron : Malgré son arrogance et ses petites phrases, il garde un socle électoral solide, au grand dam de ceux qui ne le voyait même pas finir son mandat. / Mélenchon : « Je me voyais déjà en haut de l’affiche », semblait-il avouer d’un air désabusé après la présidentielle de 2017. Une déception qui, si l’on en croit les sondages, risque d’être renouvelée en 2022. En pire ! / Montebourg : Confronté à des sondages calamiteux, le chantre du Made in France pourrait annoncer son ralliement à Taubira avant d’aller tenter d’exister ailleurs. Pourquoi pas dans la fabrication, très tendance, des cargos à voiles ?
N) Néolibéralisme : Doctrine inspirée naguère par les économistes Friedman et Hayek qui ont jeté les fondements d’une nouvelle Église, caractérisée par le sacrifice rituel des humbles. Macron en est le Grand prêtre de la branche française et compte bien le rester en 2022.
O) Odeurs : Mélenchon s’en est servi lors d’un « meeting olfactif » dont seuls ont pu profiter les militants LFI présents. Dommage ! car la campagne pourrait prendre un tour divertissant si la diffusion des traditionnelles « boules puantes » pouvait atteindre les narines de l’ensemble des électeurs. / Omicron : Avant de désigner un variant du Sars-CoV2, cette lettre n’était que la 15e de l’alphabet grec. Avec le Covid, sa notoriété est devenue planétaire. En France, elle s’est invitée dans la campagne. Macron, en chef de guerre contre l’ennemi viral, mise beaucoup dessus pour s’en faire une alliée. Un pari très aléatoire.
P) Paradoxe : Une enquête réalisée par Harris Interactive en juillet 2020 a montré que les Français plébiscitent les valeurs socioéconomiques de gauche. Ce qui n’empêche pas ces mêmes Français de confier le pouvoir à des élus de droite. Bref, ils veulent aller à babord et virent à tribord, comprenne qui peut ! / Parrainages : Un processus rendu opaque du fait des chantages exercés par les appareils partisans et les collectivités sur les élus locaux. Cela dit, pas d’inquiétude pour les principaux postulants, tous auront leurs 500 signatures. / Passe : Après le « sanitaire », voici le très controversé « vaccinal » ; la Macronie serait-elle devenue une maison de passe ? / Pécresse : La candidate LR entend mettre derrière les barreaux ceux qui sont assignés à domicile avec un bracelet électronique. Qu’en pensent ses « amis » Fillon et Sarkozy ? / Philippot : Il est au RN ce qu’a été Mégret au FN : un perdant à qui l’échec va mieux au teint qu’à son influence électorale. / Pognon de dingue : Il a permis jusqu’ici de sauver des milliers d’entreprises et une myriade d’emplois. Qu’en sera-t-il lorsque la politique d’aide prendra fin ? Après la présidentielle le déluge ? / Poutou : N’attend rien pour lui-même de cette élection. Mais si son nom évoque un bisou auvergnat, c’est plutôt sous la forme d’uppercuts qu’il assénera ses vérités. / Primaire populaire : Un mécanisme de sélection qui, à gauche, n’aura probablement contribué qu’à « ajouter de la confusion à la confusion », ce que pourtant Taubira prétendait vouloir éviter.
Q) Papier Q : Indispensable à tous les non-vaccinés que Macron « emmerde ».
R) Retraites : L’émergence du Covid-19 a opportunément permis à Macron de reporter à un hypothétique 2e mandat la mise en œuvre de la réforme. Le sujet sera-t-il sérieusement débattu durant la campagne ? Rien n’est moins sûr. / Riches : Il a beau faire pour tenter de corriger son image, Macron – promoteur de la suppression de l’ISF et de la Flat Tax – en reste le président aux yeux de nos compatriotes. Les Français sont des ingrats ! / Rousseau : experte en scuds qu’elle ne cesse de lancer en direction de son vainqueur de la primaire EELV. / Roussel : Valeureux candidat d’un parti subclaquant, cet adepte de la méthode Coué refuse d’entendre le Requiem de Mozart et s’obstine à écouter la Marche du Triomphe de Charpentier.
S) Sécurité : Un sujet ô combien sensible qu’aucun candidat ne peut éluder, pas même ceux qui tentent de se voiler pudiquement les yeux pour ne pas mettre en lumière leur incurie passée. / Seuil de pauvreté : Le nombre des Français situés sous ce seuil de la honte dans la 6e économie planétaire n’a cessé d’augmenter durant le mandat de Macron. Dans le même temps, les plus riches ont vu leur patrimoine s’envoler vers de nouveaux sommets. Cherchez l’erreur ! Sondages : Rien de changé par rapport aux précédents scrutins : les candidats s’en prévalent lorsqu’ils leur sont favorables et les vouent aux gémonies dans le cas contraire.
T) Taubira : Après avoir beaucoup chanté « J’y va t’y, j’y va t’y pas », la groupie de Césaire qui prétendait ne pas vouloir « contribuer à l’éparpillement » a annoncé sa candidature. À gauche – si l’on peut ainsi classer cette néolibérale –, plus on est de fous, plus l’on rit ! / Taux d’emprunt (de la France) : Compte tenu de l’inflation qui se met en place dans la zone euro, il risque fort d’augmenter dans les mois à venir et de creuser la dette du pays ; mais de cela, aucun candidat ne semble se soucier. Bref, tout baigne ! / Thouy : Il est à craindre pour cette avocate (apolitique) de la cause animale que son juste combat ne rencontre que peu d’écho dans le tumulte des affrontements politiques. / Thuriféraires : Comme tous les personnages souffrant d’un délire mégalomaniaque, Macron n’aime rien tant que la flagornerie des courtisans. Sur ce plan-là, la campagne devrait lui donner toute satisfaction.
U) Ubuesque : Ainsi peut-on qualifier la pitoyable comédie qui se joue à gauche autour d’une impossible candidature commune. / Union européenne : Macron prétendait la façonner à son image. Suspendu au bout des fils, il n’est pour l’heure que la marionnette d’une UE au fort accent germanique. Cela ne l’empêche pas de feindre en tirer les ficelles, surtout depuis qu’il a pris la présidence du Conseil de l’Union européenne !
V) Vaccin : S’il en existe plusieurs pour lutter contre la pandémie de Covid, aucun en revanche n’a encore été inventé pour éradiquer la médiocrité du débat public en période électorale.
W) Wokisme : Quelle que soit la définition de ce terme, il est peu probable qu’il soit au centre des préoccupations des électeurs ni des professions de foi des candidats. Eu égard aux dérapages que ce concept peut engendrer, nul ne devrait s’en plaindre.
X) Classé X : Depuis l’affaire Griveaux, aucune nouvelle personnalité politique ne s’est lancée dans ce genre de tournage. Dommage, cela aurait pu être croquignolet et égayer une campagne qui s’annonce des plus austères !
Y) Yodel : Voilà une technique que Lassalle ne maîtrise pas. Il excelle en revanche parfaitement dans le chant béarnais, y compris au sein de l’Assemblée nationale (lien). Puisse-t-il nous divertir lors d’un prochain débat.
Z) Zemmour : Le candidat pétainiste que l’Élysée n’avait pas vu venir et qui rebat les cartes. En risquant de plomber Le Pen, il peut propulser Pécresse au 2e tour pour un duel « bonnet blanc, blanc bonnet » face à Macron.
Le temps, c’est bien connu, soigne les plaies. C’est sans doute pour cette raison que les anciens présidents renouent avec une popularité perdue durant leur mandat pour cause d’incurie, d’incompétence ou de mépris du peuple. Peut-être en ira-t-il de même pour Macron lorsqu’il aura quitté l’Élysée dès le printemps 2022 si les électeurs choisissent de congédier cet arrogant monarque républicain. Qui sait ? Verdict dans les urnes les 10 et 24 avril.
Précédents abécédaires :
Abécédaire du Covid-19 (mars 2021)
Actuellement en tête de gondole : Macron de A à Z (mars 2020)
Au rayon des disparus : Sarkozy de A à Z (décembre 2016)
Petit abécédaire de Sarkozy (février 2012)
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