La prime au délinquant
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Avec les municipales en ligne de mire, on découvre quelques incongruités qui finiraient par nous faire douter de cette bizarre démocratie.
Pour les époux Balkany, l’affaire semble entendue, mais s’il est vrai qu’ils sont inéligibles pour un bout de temps, il n’en reste pas moins qu’ils sont aujourd’hui en liberté, alors qu’ils ont écopé de 3 ans de prison ferme...
Ils n’ont pourtant pas dit leur dernier mot, et ont affirmé récemment : « le suffrage universel des citoyens français et des électeurs Levalloisiens est volontairement confisqué par la justice ». lien
Ajoutons que, selon plusieurs sondages, s’ils avaient pu se présenter, ils auraient été réélus les doigts dans le nez...
Le plus anachronique c’est que de nombreux candidats condamnés n’ont pas hésité à candidater pour les municipales, dans le droit fil d’un Cahuzac qui, alors qu’il était censé traquer les exilés fiscaux, en faisait partie... ou à l’instar d’un Fillon qui se présentait comme le chevalier blanc de la moralisation de la politique, et pourtant pris le doigt dans le pot de confiture...
Un peu comme si on donnait la direction d’une colonie de vacances à un pédophile... ou si on mettait un banquier à la tête d’un gouvernement, autant mettre un ivrogne pour surveiller sa cave à vin.
Aux dernières nouvelles, on découvre qu’il mettait dans sa poche le salaire de ses enfants qu’il avait engagé comme collaborateurs... lien
Pourtant, on se souvient que Macron, tout comme son prédécesseur, (lien) voulait moraliser la vie politique, histoire d’empêcher par exemple les élus condamnés de se présenter à une élection...puis ont prudemment rangé ce projet dans tiroir profond...lien
En effet, l’obligation d’avoir un casier judiciaire vierge pour pouvoir se présenter à une élection avait été imaginé par Macron et ses marcheurs, avant d’être abandonné une fois le pouvoir acquis. lien
La question se pose depuis longtemps, mais elle n’a jamais débouché sur des décisions, et aujourd’hui encore, on peut être candidat tout en ayant été condamné, alors que l’article L7 du code électoral entraîne automatiquement la radiation des listes électorales. lien
Or, les municipales approchant, on découvre que de nombreux candidats ont été condamnés ou mis en examen, ce qui ne les empêche pas de briguer un nouveau mandat...
Plus de 800 maires sont poursuivis, et 340 ont été condamnés.
En voici une liste incomplète.
Romain Bail, condamné pour faux et usage de faux à un an de prison avec sursis et 5000 euros d’amende...candidat à Ouistreham.
Pareil à Aix en Provence, ou Marie Joissins, se propose pour sa réélection, alors qu’elle a été condamné en appel à 6 mois de prison, et un an d’inéligibilité pour détournement de fonds publics et prise illégale d’intérêts.
Et quid de François Bayrou, qui a été mis en examen pour complicité de détournement de fonds publics ? Sera-t-il candidat à Pau ?...alors qu’il avait démissionné du gouvernement dès le stade de l’enquête préliminaire.
Allons du côté de Cercottes, dans le Loiret : Marial Savouré-Lejeune, condamné à 1 an de prison avec sursis, 20 000 euros d’amende et 2 ans d’inéligibilité pour une affaire d’escroquerie à l’assurance...tout comme le maire de Fontaine, dans l’Isère, Jean-Paul Trovero (1 mois de prison avec sursis et 5000 euros d’amende pour favoritisme).
Tous sont candidats aux municipales...
Toujours dans l’Isère, on se souvient d’Alain Carignon avait été condamné en 1996 à 5 ans de prison (dont un avec sursis) et 5 ans d’inéligibilité... il est candidat à Grenoble, et les dauphinois semblent avoir la mémoire courte puisqu’un sondage récent le met à 20% des votes. lien
Dans l’Allier, à Saint-Bonnet-Tronçais, le maire Alain Gaubert, se présente pour un nouveau mandat, alors qu’il a écopé de 8 mois de prison, avec sursis et 5 ans d’inéligibilité pour trafic d’influence passif. lien
Dans un autre ordre d’idée, on pourrait aussi s’interroger sur la frilosité, voire la timidité, de certains candidats qui préfèrent ne pas annoncer leur appartenance politique.
On pourrait comprendre leur attitude, au vu des sondages qui font valoir que ces élections pourraient être très défavorables à Macron et à ses marcheurs, ...le peuple des électeurs serait décidé à lui faire payer au prix fort sa réforme des retraites à coup de 49/3, à ses violences policières, et aux mauvais coups qu’il porte à la démocratie.
Un sondage récent donnait 89% des français insatisfaits de cette réforme des retraites. lien
Les ordres sont venus d’en haut, la consigne donnée par le chef de l’état étant d’afficher le logo sur l’affiche de campagne... en fonction de la situation locale...
La consigne étant de ne pas afficher le logo lorsque le parti est en difficulté...et de ne l’afficher que lorsque le candidat est en position favorable. lien
A vaincre sans péril...
Ce qui explique probablement la tentative avortée de Castaner qui voulait imposer l’absence d’appartenance politique aux communes de moins de 9000 habitants. lien
Ainsi le candidat lyonnais Yann Cucherat a choisi de mettre en avant sa proximité avec Gérard Collomb plutôt que de se mettre sous les couleurs de LREM.
A Strasbourg, Alain Fontanel ne mentionne pas son appartenance à LREM sur la page d’accueil de son site internet.
Quant à Violette Spillebout, qui se présente à Lille, (LREM) elle joue peut-être sur la confusion possible avec les écologistes en proposant une photo sur un joli fond vert clair.
On pourrait aussi évoquer le cas de Xavier Darrouzet, à Bolbec (Seine Maritime), ce suppléant de la députée LREM Stéphanie Kerbahr, de François Roux, Bagnères-de-Bigorre (Haute Pyrénées), Renaud Hée, lequel se déclare sans étiquette alors qu’il figure sur le site d’En Marche...lien
Du côté des gilets jaunes, on semble décidé de faire payer à Macron toutes ses mauvaises actions, et on trouve sur les réseaux sociaux la liste des candidats qui tentent de dissimuler leur appartenance LREM... comme si ce sigle effrayait plus que le coronavirus, et de Tournon à Lille, en passant pour Annonay ou Vichy, les têtes de listes tentent de se fondre dans un anonymat civil, tel Jérôme Dozance, l’animateur de la « république en marche » en Ardèche, qui a baptisé sa liste « Annonay dynamique nouvelle ».
Toujours en Ardèche, Pascal Diaz dissimule tout lien avec LREM et affiche un anonyme « mieux vivre à Tournon ». lien
Pareil pour Benoit Mathieu, investi par LREM à Cavaillon, lequel a suivi les conseils de Macron, et ne mentionne aucun logo sur son affiche de campagne. lien
Au passage signalons la candidature du 1er ministre au Havre, qui semble confiant, vu qu’il n’est pas encarté chez les LREM...mais cet optimisme demande à être légitimé. lien
Ce refus d’afficher son appartenance n’est pas l’apanage des seuls « marcheurs », puisqu’au PS, ils sont nombreux celles et ceux des candidats qui ont choisi de ne pas utiliser le logo de leur parti, tels Anne Hidalgo à Paris, qui s’affiche avec un joli vert en fond d’affiche, Johanna Rolland à Nantes, Nathalie Appéré à Rennes, Nadia Pellefigue à Toulouse...
Pas étonnant dès lors qu’ils soient de plus en plus nombreux à quitter la LREM...lien
Idem pour les LR, qui, constatant qu’ils n’ont plus le vent en poupe depuis 2017, nombreux sont ceux qui ne mentionnent pas leur appartenance politique.
Tout le contraire de Rachida Dati, qui, tout en assumant son appartenance politique, se retrouve avec un vilaine affaire en guise de casserole. lien
Par contre, si le RN affiche son appartenance, Louis Aliot revendique à Perpignan une candidature sans étiquette : il veut probablement ratisser plus large. lien
Chez les écolos, c’est l’inverse qui se produit, la consigne étant d’afficher le logo, afin que les « listes vertes » soient clairement identifiées.
Quelle est donc cette « démocratie » qui permet a un candidat de devenir président du pays, avec 18% des inscrits (au premier tour), qui permet aussi à des délinquants de postuler à un poste de maire, et qui conseille à ses partisans de ne pas revendiquer leur appartenance politique, afin de ne pas y laisser trop de plumes.
Il n’y a plus qu’à attendre, afin de vérifier si les électeurs auront été dupes de toutes ces tentatives bien peu républicaines...
Réponse dans une semaine.
Comme dit mon vieil ami africain : « on ne prend pas un hippopotame avec un hameçon ».
Merci aux internautes pour leur aide précieuse.
L’image illustrant l’article vient d’allovertheweb
Olivier Cabanel
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