La rentrée du Front de Gauche gardois
Samedi 1er septembre 2012 se déroulait la rentrée du Front de Gauche dans le Gard. L’occasion de se retrouver après ces semaines de vacances ; un repos militant bien utile après cette campagne menée tambour battant. Bon nombre d’entre nous n’ont cependant rien relâché pendant ces cent premiers jours de « presque rien » socio-démocrate prenant même à contre-pied ce qu’on attendait d’un « gouvernement de gauche ».
Le positionnement écologique est douteux, le bras de fer annoncé contre la finance flageole, le tournant sécuritaire repart de plus belle et la casse de l’emploi chez PSA, Sodimédical, Fralib semble même être soigneusement accompagnée par le premier ministre. Ce dernier envoie en gage la gauche de PS, Arnaud Montebourg qui ne fait rien et ne peut rien faire, pendant que lui prononce le discours d’ouverture de l’université d’été du Medef ! On croit rêver… Si encore c’était devant la CGPME plus représentative du secteur de l’entreprise en difficulté qu’il faut soutenir, mais non, c’est le grand patronat qu’on chouchoute, le secteur bancaire qu’on dorlote, le peuple qu’on renvoie à son devoir de courage face à la vague de rigueur qu’il doit se préparer à recevoir en pleine figure.
La côte de popularité de François Hollande, le moral des français, les chiffres de l’emploi et de la croissance, la confiance et l’espoir soulevé par cette alternance qu’on attendait depuis dix ans et que les électeurs du Front de Gauche ont permis de réaliser, tout dégringole, tout se rabougrit, tandis que notre colère, notre vigilance et nos exigences s’accroissent.
Vigilance sur ce vote d’octobre que nous redoutons… Souvenez-vous, François Hollande en campagne annonçait qu’il irait renégocier le pacte budgétaire européen aussitôt élu, cela deviendrait un pacte de croissance pour l’Europe ! Résultat, le traité Merkozy est resté inchangé, c’est lui que le groupe socialiste, assisté par l’UMP va ratifier prochainement, comme le traité de Lisbonne l’avait été en son temps par l’UMP et le PS, contre le vote populaire. Pour faire passer la pilule, une adjonction savamment nommée « pacte de croissance » rappelle que moins d’1% du PIB de l’Europe sera consacré à la croissance. Manque de bol, moins d’1% c’est insuffisant, c’était même ce qu’il était déjà prévu de dépenser d’ici 2014 (à lire dans le Monde), de la fumée, de l’air, du vent ! Monsieur Ayrault chantonne qu’« ils ont fait bouger les lignes » devant les jeunes socialistes ahuris et le peuple français occupé à voir grimper le prix de l’essence qu’ils ont freiné de 3 ou 6 cts ; rien n’a bougé et le pacte de stabilité budgétaire sera voté sans discussion populaire, dans le silence le plus total, en octobre prochain.
Pourtant ce même Jean-Marc Ayrault, pour ce même traité, exigeait un référendum… Ça ne s’invente pas c’est du Ayrault dans le texte :
« Cette motion référendaire est une exigence démocratique. Parce que l’Europe le vaut bien. Parce que c’est le droit des Français. Parce qu’il n’y a pas d’autre voie pour exprimer le double engagement des socialistes : pour le traité ; pour le référendum. Les Français ont rejeté le traité constitutionnel européen qui leur était soumis le 29 mai 2005. Près de trois années plus tard, un nouveau traité a été négocié. Il doit être ratifié par les Français. Cette exigence devrait nous rassembler toutes et tous. ».
On croit encore rêver ! Mais non, c’est bien une cynique et outrageante réalité.
Face à cette actualité de rentrée bien moribonde, ce 1er septembre était donc pour nous l’occasion de nous retrouver. Nous étions 120 prévus, 140 à l’appel à Lézan pour ce rassemblement gardois. La matinée fraichement ventée fut studieuse et s’organisa autour de huit ateliers. Les débats ont porté sur l’école, la protection sociale, l’écologie, la lutte contre le traité sur la stabilité européene (TSCG), l’éducation populaire, la réflexion sur l’avenir et le fonctionnement du Front de Gauche, les quartiers défavorisés et enfin sur l’emploi.
Je rendrais compte ici de ce que j’ai retenu de l’atelier sur l’avenir du Front de Gauche auquel je participais. Une question : comment transformer et conserver le mouvement soulevé pendant la campagne ? Un mouvement qui a permis que 17% d’intentions de votes se portent sur la candidature de Jean-Luc Mélenchon, un mouvement qui a rassemblé des centaines de milliers de personnes dans les rues pour d’immenses sessions d’éducation populaire et de débats politiques. Le Front de gauche, c’est une dynamique actuellement inédite en France, qui n’est pas sans rappeler un certain front populaire. C’est dans les faits un rassemblement de huit partis à gauche qui fonctionnent en consensus dans l’objectif de devenir un jour une majorité. Certains parmi nous souhaiteraient que les militants du Front de Gauche non encartés puissent matérialiser leur adhésion, prendre une carte et au-delà participer de façon représentative à des délibérations commune. C’est sans compter la nature même de ce mouvement. Par essence le Front de Gauche est liquide, libre et ouvert, il ne peut donc s’empêtrer d’un quelconque règlement formalisant les entrées, les sorties, les temps de paroles et je ne sais quoi d’autre. Celui qui s’y reconnaît entre, milite et repart si bon lui semble. Le front de Gauche répond à une attente moderne et populaire, celle de favoriser un rassemblement autour d’une idée politique, autour d’une urgence démocratique. Pendant la campagne présidentielle, c’est le programme partagé que de nombreuses assemblées citoyennes ont discuté, bon nombre des participants aux assemblées était sans couleur, sans parti, tous étaient désireux de participer, d’écouter, d’argumenter parfois, d’aider à porter les idées concrètes que le programme avançait. C’est là la force de cette dynamique, sa capacité à rassembler autour d’une actualité ponctuelle, brûlante, d’intéresser à la vie politique des citoyens qui de plus en plus, à cause des institutions d’une Vème république limite monarchiste et d’une gouvernance soporifique, se désintéressent de la chose publique. J’étais personnellement de ceux qui ont commencé par adhérer au mouvement avant d’adhérer au Parti de Gauche. Ce qui meut un certain nombre d’entre nous, jeunes militants, ce ne sont pas des logiques d’appareils, ce sont des idées, des alternatives, des valeurs humanistes et républicaines, celles que défendent le Front de Gauche. C’est aujourd’hui le seul rassemblement populaire en France qui s’attaque de front à l’ultralibéralisme et à la folie dans laquelle il prolonge notre société. Nul besoin de faire du Front de Gauche un énième parti politique, avec règlements, dirigeants, statuts et cotisations ; seul préalable, être un citoyen éclairé et volontaire, seule consigne : pas de consigne. Au mieux, les plus fervents sympathisants deviendront d’eux-mêmes militants du Parti de Gauche, du Parti Communiste, du NPA nouvellement venu, de ces partis d’alternance à gauche, écologistes qui souhaitent relancer la fronde par la base, par le peuple.
Et pour l’heure, c’est le combat pour le référendum que le Front de Gauche doit mener. Déjà 75000 signatures sur la pétition lancée par l’Humanité. C’est aussi le front des luttes à mener auprès des nos concitoyens qu’on jette à la porte des usines après des années de bons et loyaux services, après des milliards de subventions publiques pour préserver l’emploi en France. Le 30 septembre, le Front de Gauche réaffirmera sa force dans la rue et exigera un référendum. Si d’ordinaire le gouvernement ne nous entendait pas, c’est qu’il aura décidé de se boucher les oreilles, d’aller contre un sursaut populaire et de se voiler la face. Qu’il ne s’étonne pas si petit à petit dans ses propres rangs, la colère commence à gronder. Je prédis qu’une vague de socialistes viendra grossir celle du Front de Gauche. Amis du parti prétendument socialiste, amis écologistes sans muselière, au Front de Gauche la porte vous est grand ouverte !
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