La Sarko-civilisation. Épisode I... la laïcité positive
Travail, famille, patrie et religions sont les quatre mamelles de la rupture et le retour du goupillon est tout sauf anodin dans cette affaire.
Et donc nous y voilà à la rupture, mais est-ce vraiment le terme approprié ? Car de rupture, s’il en est une, elle est surtout d’avec l’esprit de modernité qui donnait à la France ce goût si particulier pour les avancées sociales : sécurité sociale, éducation accessible au plus grand nombre, réduction du temps de travail, impôts équitables, protection des plus faibles, séparation stricte des affaires religieuses de celles de l’Etat.
Cette rupture, donc, est sans conteste un énorme retour en arrière. Elle a des relents d’une France des années 40 ou d’une d’avant 14 du temps de Jaurès, sauf qu’aujourd’hui, à gauche, Jaurès ferait figure d’ultra-gauchiste révolutionnaire.
Après avoir tapoté de la main le dos du pape, voilà que notre empereur national nous assomme d’une phrase historique : “Dans la transmission des valeurs, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance.” Il aurait pu ajouter l’imam et le rabbin pour faire bon poids.
Décortiquons z’un peu pour mieux comprendre :
On y apprend d’abord que les instituteurs sont des incapables dans la transmission de valeurs, ce qui n’est pas vraiment leur rôle, ils font plutôt dans le savoir, mais ils assument quand même cette fonction dans la plupart des cas. De plus, ils ne font ça que contre un salaire de privilégiés... mais où est leur sens du sacrifice ? On se le demande.
Ensuite, on nous parle de radicalité du sacrifice de sa vie. Les victimes et les bourreaux de tous les attentats passés, présents et à venir en témoignent, il n’y a rien de plus radical pour soigner le mal aux dents. Donc, chers instituteurs, pour vous faire bien voir de votre ministère et de son ministre, Nicolas Sarkozy, il va vous falloir apprendre à piloter un airbus sans parachutes dorés et à le jeter contre les tours de la Défense ou, au minimum, vous faire sauter avec une ceinture de dynamite avec vos élèves.
Enfin, on nous y fait une conclusion de la plus haute teneur philosophique qui soit : “le charisme d’un engagement porté par l’espérance”. Eh oui, mes chers concitoyens, gardez espoir. Même si dans pas longtemps d’ici vous devrez avoir une assurance privée pour vous faire soigner ou boucler vos fins de mois de retraités après vos soixante longues annuités dûment effectuées, même si, pour faire valoir vos droits, il faut vous endetter pour régler avocats, franchises et trajets pour vous rendre devant les tribunaux... Ayez le sens du sacrifice... Car, après la vie, la mort sera le paradis promis par tous les religieux de tous bords.
Ayez confiance, c’est Nicolas qui vous le dit et puis, de toute façon, une fois trépassé, si ces paradis ne sont que les mêmes artifices avec lesquels il vous a aveuglé de votre vivant, vous ne pourrez plus, de toute façon, venir vous en plaindre.
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