Le 5 Mai : je reste chez moi
On aurait pu croire Mr Mélenchon enterré politiquement suite aux deux échecs qu’il s’est vu infligés à quelques mois d’intervalles, qu’il s’agisse de la Présidentielle ou des élections législatives à Hénin-Beaumont. C’était mal connaître l’animal qui ne se laisse pas abattre si facilement.
On aurait pu croire Mr Mélenchon enterré politiquement suite aux deux échecs qu’il s’est vu infligés à quelques mois d’intervalles, qu’il s’agisse de la Présidentielle ou des élections législatives à Hénin-Beaumont. C’était mal connaître l’animal qui ne se laisse pas abattre si facilement. Il avait déjà frappé fort, médiatiquement s’entend, suite à la proposition de loi d’armistice, nous expliquant :
L’amnistie sociale, nous devons l’arracher. Elle ne sera pas concédée. (…) On va voir quel est le degré d’indépendance des parlementaires socialistes et d’Europe Ecologie-Les Verts. Ceux qui ne voteront pas avec nous, on ne les lâchera pas (…) On les pourchassera jusque dans le dernier village de France.
Voici qu’arrive l’épisode II de la reconquête.
Si vous ne le saviez pas encore, vous le saurez dorénavant : le 5 mai prochain s’annonce, certes les championnats de France de pêche de la truite aux appâts naturels, mais surtout ce qui devrait être le rassemblement citoyen du moment ; le lieu où l’on se devra d’être si l’on souhaite participer à la formation d’un monde nouveau voulu, pensé et créé par le peuple et pour le peuple. En tout cas, c’est ce que raconte Jean-Luc Mélenchon à qui veut bien l’entendre – principalement Eva Joly et Olivier Besancenot, en vrai – car, oui, le but est noble : il ne s’agit ni plus ni moins que de plaider en faveur de la création d’une sixième République.
C’est beau, c’est grand, c’est un artistique enfumage made in Mélenchon.
Apparemment, et selon son blog, Monsieur Mélenchon semble s’être éveillé d’un coup suite aux révélations bancaires de Monsieur Cahuzac :
L’affaire Cahuzac suscite la colère et la nausée. D’une gravité extrême, elle ne révèle pas seulement l’absence de probité et d’honnêteté d’un homme.
Rien d’inventé, il s’agit bien là de la première phrase du Communiqué Front de Gauche du 5 avril 2013 : Le 5 mai, marchons pour la VIème République. Ainsi, donc, le gentil Jean-Luc, l’agent du Bien, fort de je ne sais quel Alzheimer précoce, semble bien découvrir à nouveau, car le cheval n’est plus tout à fait neuf, que les hommes politiques se trimballent généralement avec une ribambelle de casseroles derrière eux. La surprise passée, donc, Monsieur Mélenchon revêt son costume d’analyste de la Gauche Vraie pour affirmer qu’en réalité toutes les plaies de la France viennent de la cinquième République, un machin vieillot qui corrompt les élus ou qui permet aux élus d’être toujours un peu plus corrompus en toute sérénité ; quoiqu’il en soit un très très mauvais système, tout pyramidal qu’il est, à la limite de la monarchie, cause de toutes les politiques prétendument austères et de la faim dans le monde. Ainsi, Monsieur Mélenchon sort-il de son chapeau l’arme ultime de la longue marche de dénonciation-indignation, à défaut d’un grand soir ; longue marche dont on connaît d’avance l’efficacité.
L’histoire pourrait prêter à sourire si le climat social en France ne se détériorait pas un peu plus chaque jour et si le même jour n’étaient pas également prévue une manifestation du collectif « la manif’ pour tous ». Certes, un débat Mélenchon versus Frigide Barjot ne manquerait pas de style mais l’on risquera plus probablement une rencontre improvisée entre membres de Civitas et membres du clergé communiste, laquelle ne pourra qu’être beaucoup moins festive.
En réalité, le politicien very dangerous rejoue la seule partition qu’il connaisse : organiser des rassemblements de gens pas totalement satisfaits par la montée du chômage, l’inflation de la pauvreté et le capitalisme de connivence qui n’en finit plus de scléroser l’économie. Il l’avait jouée l’année dernière, il la rejoue cette année ; quant à savoir ce que renfermerait le projet même d’une sixième République, il semble que l’on puisse se la mettre derrière l’oreille puisqu’hors de la méchante corruption contre laquelle elle luttera pour mieux « favoriser la démocratie sociale », rien n’est écrit.
Revenons donc un an en arrière afin de se faire une mesure exacte du projet qui va mettre fin à la crise. Ce qu’il faut dare-dare c’est une constituante élue à la proportionnelle intégrale sans seuil, supprimer le Sénat, supprimer « les pouvoirs exorbitants du président de la République », accorder le droit de vote aux résidents extracommunautaires et surtout limiter le cumul des mandats dans la durée – pas complètement, point trop ne faut d’injection de moraline.
Accessoirement, Monsieur Mélenchon estimait que pour sortir de la crise, il serait de bon ton d’inscrire dans la constitution le droit à l’IVG et à l’euthanasie.
Sortir de la crise, c’est simple en fait et heureusement que Monsieur Mélenchon est là pour bien expliquer les différentes étapes de la gestation. Ce qu’il nous faut, ce n’était pas tant une autre Europe qu’une autre France ; heureusement qu’il était là pour le théoriser.
Le rôle de Monsieur Mélenchon est donc comme clairement toujours le même depuis 2008, il est celui qui, dans la valse de la manipulation politique, est en charge des points numéros cinq et six : s’adresser à l’émotionnel plutôt qu’à la raison des individus et les maintenir dans l’ignorance en n’abordant jamais le problème des traités européens qui interdisent à la France de décider pour elle-même de son avenir, quitte à se tromper, sans avoir à demander l’autorisation de vingt-six autres partenaires.
Il s’agit de surfer sur la misère du peuple tout en tentant de la canaliser pour son propre compte en monopolisant son attention sur des sujets clivants de surface. Vendre la soupe d’une sixième République n’est qu’une façon comme une autre de ne surtout pas mentionner les articles 32 et 63 du TFUE. Vendre la soupe de la sixième République, c’est éviter de devoir expliquer aux futurs chômeurs d’Arcelor-Mittal que là où Monsieur Villepin tentait vainement de s’opposer à une OPA, l’union Européenne l’imposait en vertu de ces mêmes articles. Vendre la soupe de la sixième République, c’est accessoirement n’avoir pas à rappeler que l’on est un parlementaire européen qui ne brille par sa présence que lorsqu’il vote en faveur de l’introduction des OGM dans l’agriculture.
En attendant, il sera tout ego gonflé le 5 mai, il est bien possible que des gens se tapent festivement dessus à propos de sujets qu’ils ne comprennent plus puisque personne ne leur en parle, il est certain que le quatrième pouvoir neurasthénique qu’est la presse subventionnée contera ce qu’ils voudront.
Sinon, vous pouvez aussi boycotter l’événement ou choisir de vous rendre au vide-grenier du marché aux fleurs de Cognac la Forêt, cela ne pourra qu’être plus intéressant.
Marion B -Adhérente pour Union Populaire Républicaine Rhône
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