Le gouvernement a autorisé la livraison de matériel de répression à Ben Ali
Selon « Le Monde » daté de jeudi, le gouvernement français avait donné son accord pour « la livraison de matraques et de grenades lacrymogènes » au régime du tyran Ben Ali. A quoi tient la réussite ou l’échec d’une démocratie naissante...
Patatra, badabling ! Voilà qui ne va pas arranger les affaires de Sarko et de Mam en pleine polémique sur le rôle de la France dans la révolution tunisienne.
On s'en doutait un peu. Selon « Le Monde » daté de ce jeudi, le gouvernement français a bel et bien donné son accord fin 2010 pour « la livraison de matraques et de grenades lacrymogènes » au régime du tyran Ben Ali. « Conformément à la procédure, les livraisons avaient été approuvées par les ministères de l'Intérieur, de la Défense et des Affaires étrangères », précise le quotidien.
C'est ce qui s'appelle être pris les doigts dans le pot de confiture. Interrogée mardi lors de la séance des questions au gouvernement, Michèle Alliot-Marie avait en effet prétendu le contraire en déclarant que le gouvernement n'avait apporté aucun soutien matériel au dictateur en fuite. « La coopération avec la Tunisie est essentiellement tournée vers l'aide aux populations et, depuis toujours, l'aide au développement, l'aide à l'éducation et à la formation », avait-elle déclaré, sûre de son effet. Cause toujours.
AVEU
Changement de ton, et de version, ce mardi. Contacté par « Le Monde », le cabinet de Michèle Alliot-Marie, confondu, a confirmé l'information tout en prétendant avoir « ordonné le blocage des livraisons le 14 janvier », jour de la fuite du dictateur. Un aveu douloureux puisque c'est à la date du 11 janvier, soit trois jours avant, que Mam avait triomphalement suggéré l'aide et le savoir-faire de la France au tyran sanguinaire.
Il semble maintenant établi que Sarko et son gouvernement étaient fermement déterminés à tout faire pour assister Ben Ali dans sa répression contre la révolution tunisienne. Les grenades et les matraques destinées à être envoyées là-bas étaient certainement estampillées « démocratie Française ».
COURAGE FILLON
Par un hasard malheureux l'information est tombée ce mercredi en pleine séance des questions au gouvernement à l'Assemblée, prenant François Fillon de cours. Troublé, le Premier ministre a répondu à l'opposition sur un ton inhabituellement agressif, en tremblotant, et en cherchant parfois ses mots. « Il n'y a pas eu d'exportation de matériel de maintien de l'ordre. (...) Il s'agissait de grenades lacrymogènes, d'uniformes de police et de matraques », a-t-il déclaré en oubliant de préciser que la fuite de Ben Ali l'avait empêché de passer à l'acte. Ouf ! Les révolutionnaires tunisiens ont eu chaud. A quoi tient la réussite ou l'échec d'une démocratie naissante...
Quoi qu'il en soit, le savoir-faire gouvernemental en matière de communication n'est vraiment plus ce qu'il était.
La vidéo publiée sur le compte Dailymotion du Premier ministre est ironiquement intitulée « Pas d'exportation de matériel de maintien de l'ordre ». C'est vrai, car il a été pris de cours par la fuite du dictateur Ben Ali. François Fillon a juste oublié de préciser que son gouvernement avait donné son accord pour l'envoi de grenades lacrymogènes, d'uniformes de police et de matraques. A quelques heures près, si la livraison avait honorée, le sort de l'histoire en aurait été changé...
Par « Peachy Carnehan » et « monsieur Marcellus Wallace ».
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