Le grand oubli des commerçants
Il est assez stupéfiant que cela ne soit pas davantage médiatisé, même si on peut penser que les vagues de faillite de la rentrée pourraient remettre le sujet sur le devant de la scène. Si ce n’est le chômage partiel, le gouvernement a complètement abandonné les commerçants qu’il a pourtant contraint de fermer, comme le montrent les premières décisions judiciaires qui leur sont défavorables…
Abandonnés à la loi de la jungle
Les restaurateurs médiatiques parviennent à faire parler du sujet. On se souvient du coup de gueule de Philippe Etchebest contre le gouvernement, ou des lettres ouvertes de grands restaurateurs pour alerter le pouvoir et l’opinion sur leur situation. Début août, le Figaro rapportait la première décision judiciaire favorable au bailleur d’un restaurant des Champs Elysées. En l’absence de tout cadre donné par le gouvernement, la justice estime que l’obligation de fermeture, et l’absence totale de recettes, ne dispense pas de payer son loyer. Ceci est d’autant plus intéressant que l’exploitant est locataire depuis 33 ans, consacrant un tiers de ses recettes au loyer. Le bailleur n’a pas voulu faire le moindre geste.
Deux semaines plus tard, le chef Michel Saran a été débouté d’une demande d’indemnisation de ses pertes d’exploitation à son assureur. Ces deux cas démontrent bien que le pouvoir a complètement abandonné les commerçants. Bien sûr, l’aide du chômage partiel n’est pas négligeable, mais pour des commerçants qui ont été contraints de fermer boutique pendant de longs mois, et dont certains n’ont pas retrouvé leur niveau d’activité d’avant, cette aide ne compense qu’une part de leurs pertes. Comment penser qu’il serait juste que les bailleurs touchent l’intégralité de leurs loyers et les banquiers l’intégralité de leurs échéances de la part de commerçants dont certains n’ont pu gagner un centime ?
La question aurait dû être traitée dès le début du confinement et mi-avril au plus tard, un cadre aurait dû être donné, soit par une concertation entre commerçants et bailleurs et banquiers, soit par l’Etat, en absence d’accord. Bruno Le Maire a fait semblant d’agir, se contentant de donner des recommandations, et avec une concertation… qui n’a abouti à rien ! En dehors de tout cadre, si quelques bailleurs se sont montrés plutôt compréhensifs, la plupart du temps, ce sont les seuls rapports de force qui vont jouer : un bailleur qui ne craint pas un changement de locataire pourra être intransigeant. A contrario, un locataire qui pèse pourrait aussi imposer sa volonté à des bailleurs moins forts que lui…
Tout ceci était très tristement prévisible. Ce gouvernement ne se soucie que des intérêts des plus forts et méprise ces petits, qui ne sont rien ou pas grand chose. C’est pourquoi il laisse faire, ce qui profitera forcément aux plus forts. Il est malheureusement peu probable qu’il finisse par agir véritablement, même si la rentrée voit la multiplication de ces cas…
36 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON