Le mauvais plan de François Fillon
Drapé dans ses habits de père la rigueur, François Fillon a tourné la page des flonflons du G20 pour un retour brutal à la réalité. Le Premier ministre a présenté lundi son deuxième plan de rigueur en trois mois. Une politique de la rustine qui ne convainc pas grand monde et qui prend des allures de cache sexe de l'échec de cinq années de sarkozysme.
Il y a du lapin chez Sarkozy, dans cette capacité de courir en zig zag avec de brusques changements de caps destinés à semer le prédateur qui le pourchasse. Il y a du Jésuite chez François Fillon notamment dans ses vœux répétés de pauvreté et d'obéissance spéciale au président de la république. Mais le mariage du Jésuite et du lapin ne fait pas pour autant un couple exécutif efficace.
Non seulement le plan dévoilé laisse une impression de bricolage mais il renforce un sentiment d'inéquité. François Hollande n'a pas eu à forcer son talent pour enfoncer le clou sur France 2 hier soir. Dans une réponse à chaud à François Fillon en service après-vente sur TF1, le candidat socialiste à la présidentielle a qualifié le nouveau plan de rigueur d'injuste, d'incohérent, mais aussi d'inconséquent pour ne pas dire inefficace.
Efficace en revanche la salve du président du Conseil général de Corrèze : "J'ai évoqué 75 Mds € de cadeaux fiscaux depuis le début du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Aucun de ces allégements n'est repris aujourd'hui. L'ISF, il va baisser cette année. Le bouclier fiscal il est encore maintenu cette année. Les cadeaux qui ont été accordés aux plus hauts revenus sont préservés et on va demander aux français, pas simplement les plus modestes, les classes moyennes également, de faire un effort ?"
Ce qui est paradoxal dans cette affaire c'est que Nicolas Sarkozy qui joue sur la scène internationale les Don Quichotte contre les moulins à vent de la finance en est politiquement réduit à passer entre les fourches caudines des agences de notation et du FMI pour que la France conserve coûte que coûte son triple A.
A cet égard, et même si elle est loin de correspondre à la réalité, la déclaration de François Fillon selon laquelle "Le budget 2012 sera l'un des plus rigoureux que la France ait connu depuis 1945" s'adresse aux oreilles des agences de notation.
Le problème c'est qu'une nouvelle fois, les discours ne correspondent pas aux actes. Le plan mis en œuvre c'est, à l'image des cinq années du Sarkozysme, beaucoup de storytelling pour dissimuler un cabotage incessant où les annonces du jour détricotent celles de la veille. Difficile dans ces conditions d'être crédible et de susciter l'adhésion.
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