Le portrait décalé de François Hollande

Extraordinaire photo ! Excellente ! (Surtout dans son format 4/3 et non pas au carré).

Si elle peut effectivement sembler « ratée » de prime abord ou aux yeux du profane, à y regarder plus attentivement, elle se révèle au contraire très maîtrisée.
Sa composition apparait d’abord comme « fouillis » puis devient assez vite plutôt « complexe »... A bien y regarder, on se rend en fait compte que (très) « sophistiquée » en est le maître mot.

Trois choses m’ont immédiatement sautées aux yeux :
- Elle est en PAYSAGE et non pas en portrait !
- Elle ne respecte pas du tout du tout les poncifs de la règle des « trois tiers ».
- Elle est en partie très surexposées et en partie sous-exposée.
NB : c’est totalement incohérent de la part d’un photographe qui n’a plus besoin de faire ses preuves donc soit il s’est effectivement loupé, soit c’est notre regard qui est à erroné.

Décryptage ...

Traditionnellement, les photos présidentielles sont en portrait avec une prédilection pour la contre-plongée afin de faire apparaitre l’homme dans toute sa splendeur de pilier de l’état.
Ici c’est l’inverse. Le format paysage, comme son nom l’indique, intègre le paysage à l’image, lui fait une place : l’homme n’est plus seul sur la photo ; son environnement, ici l’Élysée donc la république, devient lui aussi important.

Deuxièmement, l’axe (vertical) du président et l’axe du palais de l’Élysée sont parfaitement alignés signifiant que le chef de l’état et la république, superposés, sont bien dans « dans la même lignée ».
Cependant, l’ensemble est légèrement excentré (par l’arbre à droite) pour casser l’équilibre de l’image, c’est à dire la notion de rigidité .

Troisièmement, on a une photo coupée en deux à l’HORIZONTAL. Une ligne directrice horizontale symbolise le sérieux et la stabilité. Le président, au premier plan est, lui, présent sur toute la hauteur (symbole de grandeur et de dynamisme).
Dans la partie basse sous-exposée un arrière plan neutre, ne montrant rien de particulier si ce n’est du sol en terre (là où se trouvent les racines... Qui plus est, celle de l’Elysée donc symboliquement de la France entière.) se confond avec les jambes sur lesquelles repose le président (ancrant ainsi ses racines dans la France elle même).
Dans la partie haute fortement surexposée, le buste du président dont le col est incliné (symbole de mouvement) et, là aussi, lègèrement décentré (moins de rigidité) se détache sur un palais de l’Elysé « en filigranne » -mais aligné  !- ce qui le place dans le prolongement de l’homme.

Mais ...
Souvenez vous, la photo est excentré par un arbre. Celui ci, placé sur le bord est également sombre formant ainsi avec le sol une partie verticale (sombre donc ...) et occupant tout le bord de la photo. Les vieux de la vieille appellent cela « boucher un bord ». Ça sert comme son nom l’indiquer à fermer un côté de la photo, c’est une barrière pour arrêter le regard. Or symboliquement, la droite d’une image représente l’avenir !
(La gauche = le passé ; le bas = la terre, le concret ou la mort ; le haut = le ciel, l’espoir ou la spiritualité.)

La légende de cette photo est donc :
« Un président dans la ligné de la république, prenant ses racines dans la France, droit mais pas rigide et avec une volonté de faire bouger les choses sans pour autant les bousculer mais avec des perspectives d’avenir bouchées. »
( Très fort ! Très très fort ... )

Après, une photo n’est qu’un message. Que celui-ci soit vrai ou pas est une autre question ...