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Le PS entre fraudes et lutte des places

La semaine, à gauche, aura sans doute été marquée par la sortie du livre d’André et Rissouli (journalistes à Europe 1 et Canal +), intitulé « Hold-uPS, arnaques et trahisons » dont on peut lire ici quelques extraits assez savoureux.

L’ouvrage confirme ce j’avais déjà constaté lors du Congrès de Reims en 2008 et même au-delà : Ségolène Royal, sifflée par quelques trublions haineux lors de son discours alors qu’elle citait pourtant du Jaurès, ne pouvait nécessairement que coaliser contre elle tout ce que le PS compte d’alimentaires, et d’esprits étriqués ou incultes.

Je me souviens ainsi des insultes dont les soutiens de Ségolène Royal ont fait l’objet de la part de certains militants socialistes pendant la campagne présidentielle, puis durant la phase préparatoire du Congrès de Reims. Ces soutiens, membres ou sympathisants du PS, n’étaient pas considérés comme des militants à part entière, mais comme des supporters, voire comme des membres d’une secte (dixit Henri Emmanuelli) ou des enragés (dixit Benoît Hamon).

Ils n’étaient pas non plus perçus comme des socialistes ou des gens de gauche, mais comme des « ségogoles » (il faut se rappeler de la haine incroyable qui s’était manifestée entre socialistes dans des réseaux sociaux tels Facebook par exemple).

Le livre d’André et Rissouli met donc au jour l’évidence : Aubry est devenue Premier secrétaire du PS à l’issue d’un scrutin serré sur lequel de nombreux doutes pèsent. Elle a été soutenue dans cette entreprise par une coalition hétéroclite (Fabius, Strauss-Kahn, Jospin, Rocard, Lang, etc., lesquels se détestent pourtant depuis toujours).

On sait que cette vieille garde socialiste a clairement fait le jeu de Nicolas Sarkozy, dès les primaires socialistes de 2006, pour barrer la route de l’Elysée à Ségolène Royal et ménager ainsi les ambitions personnelles des uns et des autres.

A ce titre, il est intéressant de relire ce billet de Cédric rédigé en septembre 2007 et intitulé « Ségo et les chics types ». L’auteur y analyse les principaux acteurs du désastre, lesquels n’ont jamais eu de mots assez durs pour fustiger la « sorcière du Poitou ».

Les « chics types », ce sont ceux qui se sont faits les alliés objectifs de Nicolas Sarkozy en 2007 et qui ont tout mis en oeuvre pour que Ségolène Royal ne prenne pas le PS en 2008.

Aujourd’hui, jouant les vierges effarouchées, affirmant même qu’il n’y a pas d’éléments probants de fraude, ils en appellent à l’unité du PS, cette notion qui leur est pourtant consubstantiellement étrangère tant ils l’ont bafouée chaque fois que les circonstances politiques contrariaient leurs projets.

Depuis 1990, on a pu mesurer tout l’intérêt qu’ils portaient à l’unité du PS, eux qui, précisément, n’ont eu de cesse de se disputer comme des charognards la succession politique de François Mitterrand.

De même, le PS peine à se relever de cette soirée du 21 avril 2002 durant laquelle Lionel Jospin, battu au premier tour par Jean-Marie Le Pen, a préféré se retirer lâchement de la vie politique alors qu’il aurait eu pourtant toutes les cartes en main pour devenir le leader naturel du PS. Depuis, l’homme ne cesse de remâcher son échec et d’en mettre partout jusque devant le perron de l’Elysée, pour la plus grande joie du Monarque actuel.

Depuis le 21 avril 2002, le PS, parti politique qui compte pourtant le plus d’élus locaux, est un bateau à la dérive, privé de capitaine et de ligne idéologique.

Comment ne pas rappeler que ceux qui, aujourd’hui, conseillent de serrer les rangs autour de Martine Aubry et invoquent cyniquement la lassitude des militants, sont les mêmes qui, hier, se sont assis sans vergogne et à plusieurs reprises sur les votes des militants socialistes ?

Que ce soit pour la campagne sur le traité constitutionnel européen, les primaires de 2006, la campagne présidentielle de 2007, le Congrès de 2008 et la désignation du Premier secrétaire, ils n’ont jamais hésité à faire prévaloir leurs intérêts personnels sur l’intérêt de la gauche en général et du PS en particulier.

Ils ont démontré, par la nocivité de leurs actions et de leurs propos, que si le PS a abandonné depuis longtemps le concept marxiste de la lutte des classes, celui-ci applique consciencieusement en revanche, sous leur impulsion, la notion arriviste de la lutte des places.

Par conséquent, tant que les responsables socialistes refuseront de tirer les leçons politiques des vingt dernières années, tant que les plus anciens d’entre eux s’accrocheront à leurs prérogatives, le PS sera incapable de se mettre en ordre de bataille pour les prochaines échéances électorales et de susciter sur son nom l’adhésion d’une majorité de Français.

Que faire après les révélations du livre d’André et Rissouli ? Peut-on se contenter de crier au complot journalistique ou aux tentatives de déstabilisation du PS ? Assurément non.

Comme le relèvent Les Coulisses de Sarkofrance :

« Pour la suite, faut-il exiger de Ségolène Royal, la victime de ces trucages, qu’elle pardonne et n’enfonce pas le clou ? Evidemment le timing semble mauvais, trop proche des futures élections régionales. Pourtant, si Ségolène Royal choisit une voie conciliante, quelle garantie aura-t-elle, à l’avenir, que les prochaines échéances se dérouleront dans la sérénité et la transparence ? Aucune, bien au contraire. »

Ségolène Royal a-t-elle intérêt de porter plainte au pénal ?

Je pense que oui, même si je trouve dommage que l’on en soit réduit à faire appel au juge pour rénover le PS, et même si ses contempteurs ne manqueront pas d’y voir une tentative de destruction du PS.

Je sais bien que l’on ne manquera pas non plus d’objecter l’existence de certaines pratiques douteuses dans l’Hérault, les Bouches-du-Rhône et en Guadeloupe, mais celles-ci sont sans commune mesure avec le système de fraude qui semble avoir été mis en place dans les fédérations du Nord-Pas-de-Calais, plus nombreuses en effectifs, et surtout qui jouissent du privilège incroyable de pouvoir éditer et gérer leurs propres cartes du PS, sans passer par un contrôle de la rue de Solferino.

Dès lors, qui a le plus à craindre d’un grand déballage ?

C’est dans des circonstances pareilles que la citation de Jean Jaurès (ce grand socialiste que certains congressistes incultes ont sifflé) prend tout sens :

« Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire, c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe et de ne pas faire écho aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. » (Jean Jaurès, juillet 1903).


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7 réactions à cet article    


  • Furax Furax 12 septembre 2009 13:04

    Imaginons, je dis bien imaginons ! un militant socialiste qui était contre le projet de constitution européenne. Il s’exprime dans son parti et...perd (on sait maintenant ce que signifie un vote au PS). Il vote contre au référendum et....gagne...et perd Sarko s’asseoit sur le résultat.
    Devenu partisan de Ségolène, il se fait voler son scrutin après le congrès da Reims.
    Parlez lui de démocratie...Il réponr GABON !
    Il ne sait pas que Martine, comme Dominique (nique, nique) font partie du groupe Bilderberg qui se fout de l’opinilon des électeurs comme d’une guigne. La raison d’être de cette mafia est la manipulation des peuples contre la démocratie.


    • jeanbecq 12 septembre 2009 16:34

      Ce qui est frappant dans cet article, c’est qu’à aucun moment il n’y est question de politique. On y parle de manœuvres politiciennes, mais de politique à aucun moment.

      Alors que l’auteur commence son papier en parlant des « révélations » faites par le livre d’André et Rissouli, ce n’est vraiment pas surprenant. De quelles révélations s’agit-il ? « Le livre d’André et Rissouli met donc au jour l’évidence : Aubry est devenue Premier secrétaire du PS à l’issue d’un scrutin serré sur lequel de nombreux doutes pèsent », je ne suis pourtant pas un analyste hors pair, mais ça je l’avais déjà compris au soir même du congrès de Reims. Le livre non seulement ne révèle rien, mais il soulève des questions auxquelles personne ne pourra jamais répondre, devant ou hors les tribunaux.
      En réduisant le Parti socialiste à des querelles de chefs, on fait l’impasse sur le réel travail attendu et souvent mis en chantier par nombre de militants. Un travail de définition d’un réel projet de société et d’un programme politique ambitieux. On fait aussi l’impasse sur les qualités et le travail dont malgré tout les chefs font preuve, et qu’ils oublient trop souvent de mettre devant leurs petites phrases destinés aux seuls médias.

      Ce qui met réellement la démocratie en danger c’est ce spectacle des manœuvres politiciennes qui prend la pas sur la politique. Les acteurs en sont responsables, autant que les spectateurs et les chroniqueurs.

      L’auteur de cet article devrait relire Jaurès, car s’il en a retenu la lettre, il a en complètement négligé l’esprit : Jaurès ne parlait que de politique, jamais de manœuvres politiciennes.

      • joelim joelim 13 septembre 2009 22:56

        Parler des manoeuvres politiciennes pour les dénoncer afin de tenter de les prévenir à l’avenir, c’est bien. C’est participer à des manoeuvres politiciennes qui n’est pas bien. Nuance aussi importante que celle entre pyromane et pompier. A moins que vous trouviez ce discours trop moral ? Rien ne m’étonnerait plus au PS.

        Quand à retenir la responsabilité des spectateurs sur ce qui est, au vu des dénégations molles que j’ai lues, un véritable trucage au niveau décisionnel principal, c’est quand même joyeusement déjanté... Çà me fait penser aux trucages des élections de Bush... C’est aussi la faute des « spectateurs » ?

        Promouvez des gens droits (mais pas de droite !), tel est peut-être le comportement salvateur dont le PS a besoin ?

      • joelim joelim 13 septembre 2009 23:15

        « Un travail de définition d’un réel projet de société et d’un programme politique ambitieux. »

        Ah bon ? D’après la presse ce sont les questions de primaires qui intéressent le PS.

        D’accord, c’est la presse qui crée et gonfle le sujet. Mais pourquoi vous vous faites avoir ? Vous n’avez qu’à relativiser la question et répondre comme si on vous avait posé une question intéressante. 

        La droite le fait. Ce n’est pas parce qu’elle le fait qu’il ne faut pas le faire ! Si vous vous mangez dans la main de la presse mainstream en leur faisant leurs quatre volontés selon leur agenda, c’est vous les moutons.

      • MAIKEULKEUL 13 septembre 2009 01:08

        L’auteur a sa carte à l’ump ?

        Si oui, qu’il balaie devant sa porte.

        Si, par hasard, il est socialiste, pas à 20€ bien sûr, qu’il s’exprime dans sa section.

        Et il va être reçu !

        Tout le reste est du vent.


        • joelim joelim 13 septembre 2009 22:32

          Traduction : les citoyens français non militant PS (ni UMP) n’ont pas à discuter de se qui se passe au PS. S’ils en parlent c’est du vent. Circulez y a rien à voir !...

          J’en conclus que pour certains le mépris pour les processus démocratiques n’a d’égal que celui des citoyens français, qui ont droit de voter mais pas de commenter. Bonjour la sclérose du PS ! Achetez un île et restez entre vous, çà sera plus facile...

        • alcyon 14 septembre 2009 08:19

          Très bonne analyse, toutefois j’en viens à penser que ce parti au pouvoir a fait une politique de droite et que la connivence est grande entre les énarques de la gauche caviar avec leurs homologues de droite et les conseillers A. Minc, J. Attali dont les propos calamiteux reflètent leur orientation vers une économie néolibérale, sans parler des économistes qui ont leur entrée sur les plateaux de TV pour faire de la désinformation. Le résultat c’est le drame de cette crise financière qui nous lamine. Le tournant du début de la fin du PS s’est joué avec F. Hollande, dont la prise de position et la campagne en faveur du oui au traité constitutionnel européen au coté de la droite est très révélatrice . Cette prise en main de la direction du PS par certains énarques est désastreuse, incapables d’imaginer un autre projet de société plus viable économiquement, plus humaine plus respectueuse de l’environnement, ils s’alignent sur la politique de droite, en essayant de sauver les apparences dans le discours. Naturellement ayant la même formation, les même attaches, ils ont la même vision de l’évolution vers une globalisation subit. Il ferait bien de s’ imprégner de la lecture de la trahisons des économistes par J-L Gréau éminent économiste , ou encore de certains ouvrages d’Emmanuel Todd dont « après la démocratie » malheureusement il est de notoriété que l’économie n’est pas la tasse de thé de ces énarques, la course au pouvoir les querelles de personnes, la politique politicienne qu’ils contribuent à entretenir, finira par tuer la belle idée du socialisme et ses luttes pour une société plus justes plus humaine, plus solidaires de l’intérêt général corolaire républicain de liberté d’égalité et de fraternité. Le salut est dans la reprise en main de la direction par les militants socialistes du parti, a commencer par imposer une action en justice pour le vote qu’on leur a volé.

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