Le PS sans primaires ?
Pas même envisagée il y a quelques jours, l’hypothèse de la fin des primaires commence à gagner les esprits.
L’imbroglio américain dans lequel se trouve pris DSK l’éjecte brutalement du processus pour la conquête d'un fauteuil très convoité.
Les communicants de DSK, ceux qui paradent en Porsche sous les fenêtres, vont être dans l’obligation de revoir à la baisse leur chiffre d’affaires 2011, le budget ayant été réaffecté depuis hier aux honoraires de deux sociétés d’avocats d’outre atlantique. Entre autres frais annexes !
Sale temps pour EURORSCG, l’agence officielle des gouvernants et des candidats successifs depuis Mitterrand !
La France et notamment les sympathisants du PS vont se trouver dans l’ardente obligation de désigner un candidat non prévu et qui a le désavantage de ne pas être adoubé par les médias.
Ce qui est un handicap majeur dans une course à la présidentielle !
Les anciens éléphants et les nouveaux lions socialistes se déchirent de plus belle depuis quelques jours. Mais il ne faudrait tout de même pas attribuer à la seule affaire DSK les pudeurs et les divisions actuelles.
Le scénario est certes bousculé pour ce prologue, le favori ayant quitté la course suite à un claquage de muscle.
Les étapes suivantes respecteront à la lettre ce qui est écrit depuis des mois, voire des années.
Avant DSK, la date de la primaire faisait tiquer l’ensemble de la classe politique qui ne savait pas ce que ferait le directeur général du FMI.
Ira-t-il ? N’ira-t-il pas ? Ne serait-ce point trop tard ? Partira-t-il du FMI ?
Maintenant que la question semble réglée, les primaires continuent de diviser.
François Patriat, détaille sur Public Sénat : « Est-ce qu’il faut garder le processus ou penser à un autre processus plus élargi à toute la gauche ? Ou à un mode de désignation plus consensuel ? Est-ce qu’il ne faut pas se mettre d’accord sur un nom pour gagner et gérer ? »
Ce qui revient à proposer la fin des primaires. Ce à quoi ne sont disposés ni Hollande, ni Royal.
Le premier plaidait il y a peu de jours pour un report en Septembre, histoire de disposer d’un peu de temps, la seconde sait que les primaires sont sa seule change de gagner « à la loyale ».
Mais Hollande refuse maintenant tout idée de « pause » dans le processus car il sait que, dans l’esprit des caciques du PS, cela signifie « Tous derrière Martine », et cela, les challengers ne veulent pas en entendre parler.
Entre Hollande et Aubry, certains s’accordent à dire qu’il n’y a qu’une différence de virgule et qu’il serait suicidaire de tenter une confrontation publique.
À une différence près toutefois, c’est que François Hollande continue, pour les fédérations du PS, à être celui qui a régné sans partage pendant onze années sur le principal parti d’opposition.
On ne reste pas autant de temps à la tête d’une telle organisation sans se créer des obligés, de la reconnaissance et de solides amitiés. L’homme est sympathique, cordial, doté d’un solide appétit et de sens de l’humour.
Martine Aubry, arrivé au pouvoir avec de forts soupçons de tricherie aux dépens de sa rivale du Poitou-Charentes, ne peut même pas revendiquer un soutien sans faille de la Fédération du Nord, la plus puissante avec celle des Bouches-du-Rhône, déjà dans un état de catalepsie avancée..
Un gouffre sépare les deux personnes. Même avec l’appui des médias et de communicants hors pair désormais sans champion, Hollande coiffera Aubry sans grandes difficultés.
Sans refaire l’Histoire, les derniers temps, il commençait à grignoter l’avance de DSK.
Pour celle qui semble la plus loin de l’arrivée aux Champs, à savoir Marie-Ségolène, l’histoire tient en une expression : « Jusqu’au bout ! ».
Et cela ne signifie pas « jusqu’au bout de la primaire » comme elle tente encore de le faire croire sur les plateaux télé.
Il faut être journaliste parisien pour ignorer ce que les élus de terrain du PS en Poitou-Charentes savent depuis 2007.
La présidente du Poitou-Charentes, primaires ou pas, était et reste de toute manière fermement décidée à tenter sa chance ne 2012, même en dehors de son parti.
Un échec aux primaires lui importe peu. Elle a relancé depuis deux ans son équipe de fidèles à Désirs d’Avenir.
Elle a nommé les gens qui conviennent aux postes clés. Elle a ferraillé dur pour mettre en place, et à marche forcée, l’ensemble des dispositifs qui la porteront, du moins en est-elle persuadée, au pouvoir en 2012.
Jeunes, emploi, prévention, sécurité, développement durable, écologie, croissance verte, apprentissage, sa région est un laboratoire dont les travaux ne sont que de manière indirecte au bénéfice des contribuables « picto-charentais ».
Si d’aventure, elle arrivait en troisième place aux Primaires, le scénario est déjà écrit.
Ses lieutenants hurleront à la trahison et au bourrage des urnes. La théorie du complot fonctionnant toujours bien, elle se désolidarisera de son parti d’origine et partira seule à la conquête.
Ce qui promet de sérieuses empoignades jusqu’en mai 2012.
Les analystes les plus en vue prévoyaient une campagne dure. Rectification, elle sera extrêmement dure. Vous auriez aimé la campagne avec DSK, vous adorerez celle à laquelle il ne participera pas.
Le pacte de Marrakech, élaboré avant le printemps arabe, et qui concernait DSK et Aubry, n’a plus d’objet.
Le projet socialiste, adopté jeudi soir par 95 % des votants du PS, reste une feuille de route à élaborer car il ne contient rien de révolutionnaire.
Mais il a au moins le mérite de redonner, le temps d’un vote, un peu de cette unanimité et de cette chaleur dont on manque cruellement à gauche depuis quelque temps.
Le peuple de gauche, celui qui a fermement chevillé au corps, cette petite idée de justice sociale, de vivre ensemble, ne sait plus.
Les militants votent la mort dans l’âme pour un projet sur lequel ils n’ont pas vraiment pu s’exprimer, contrairement à ce qui est affirmé rue de Solférino.
Une chose cependant est certaine : la responsabilité des socialistes sera immense au lendemain du premier tour si celui-ci s’avère une fois encore catastrophique.
Paul Lémand
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