Le tripartisme progresse au Royaume-Uni, le bipartisme recule sur le continent
Aux élections locales qui viennent de se dérouler, les deux premiers partis britanniques sont, selon les projections de la BBC, les conservateurs et les libéraux-démocrates. Les LibDems ont aussi, en nombre de sièges et en nombre de conseils locaux, la 2e plus forte progression après les conservateurs. Les travaillistes, au pouvoir à l’échelle nationale, n’arrivent que troisièmes. Un comble dans le seul pays européen auquel puissent se référer les partisans UMP du bipartisme !
La politique britannique vue de France se résume parfois à un duel droite-gauche - bien que nos journalistes accordent quelque attention aux nationalistes écossais, à l’extrême-droite anti-européenne, sans parler de l’Irlande du Nord et de ses partis communautaires.
Les électrices et électeurs britanniques ne semblent pas de cet avis ! Aux élections locales, ils viennent de nouveau de placer en 2e position les libéraux-démocrates avec 25% des voix, comme en 2006 avec 27% selon les projections nationales de la BBC (chaque élection ne concerne qu’une partie des Conseils, comme pour les cantons en France). Les LibDems voient leur nombre d’élus progresser. Parmi les sièges soumis à renouvellement en 2008, ils en obtiennent 21%.
M. Raffarin juge nécessaire à la gouvernance locale qu’un parti ait la majorité absolue - comme le scrutin municipal le permet en France - et veut réformer en ce sens le scrutin régional ? M. Fillon souhaite aussi aller dans ce sens ? Qu’ils prennent plutôt exemple sur la démocratie britannique ! Dans 40% des conseils locaux, il n’y a pas de majorité absolue (NOC = no overall control) et la prise de décision demandera aux conseillers de discuter entre eux.
Est-ce un résultat localo-local, les LibDems sont-ils absents des autres élections ? Voir : 22% des voix aux élections nationales de 2005 (+4 points par rapport aux précédentes), 15% aux européennes de 2004 (+2 points).
À propos d’élections européennes : elles sont un moyen simple de tester si le Royaume-Uni, avec cette montée du tripartisme, est une exception. De tester si la tendance lourde à la progression du bipartisme, dont on nous rebat les oreilles, est en Europe continentale une réalité ou… une construction de la pensée unique rive gauche.
La plus large période de comparaison accessible sur le site du Parlement européen est celle entre 1994 (sur la page 1999) et 2004, en prenant les résultats en sièges par partis nationaux, sur les quatorze pays continentaux de l’Union à quinze.
J’ai totalisé, dans chaque pays, les sièges des deux partis nationaux arrivés en tête.
Résultat ?
- le % de sièges recueillis par les deux premiers partis passe, globalement, de 66% en 1994 à 63% en 2004 ;
- l’évolution n’a rien d’homogène : le bipartisme progresse dans six Etats, recule dans six Etats, est stable dans les deux derniers.
Le détail ici.
Moralité, M. Raffarin a bien raison… sur un point : pour "favoriser encore le bipartisme", pour s’assurer qu’il progresse, il ne faut pas compter sur les électeurs ; mieux vaut modifier encore et encore le mode de scrutin.
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