Le vote FN est, logiquement, un vote social
C’est un sondage publié par Marianne 2 qui l’a révélé : quand Marine Le Pen fait 21%, elle obtient 34.5% des intentions de vote des employés et 37.5% de celles des ouvriers. Le vote FN est un vote social.
Un vote sanction contre un système injuste
Le fait que le Front National réunisse les suffrages de plus d’un ouvrier sur trois est impressionnant. Ces scores, extrêmement sévères pour l’UMP, mais plus encore pour la gauche, montrent que les classes populaires ont totalement perdu confiance dans les partis de gouvernement. De la sorte, elles sanctionnent ces partis qui les ont abandonnées à cette globalisation néolibérale porteuse d’inégalités, qui délocalise leurs emplois et comprime leur pouvoir d’achat.
En effet, l’intégralité de la création de richesses économiques va depuis dix ans aux 10% des Français les plus riches, dans les profits des entreprises et les dividendes pour leurs actionnaires, qui battent record sur record. Et avec le sauvetage des banques, cette crise a démontré que si les profits sont privatisés, les pertes peuvent être collectivisées. Pire, pour sauver l’euro, les gouvernements européens sont littéralement en train de saigner les peuples, en Grèce, en Irlande ou au Portugal…
Dès lors, étant donné que PS, UMP, Modem et écologistes défendent globalisation et déréglementation et ne proposent rien pour le réformer, il est logique que les classes populaires, premières victimes de ce système injuste, instable et inefficace se tournent alors vers le principal parti qui le dénonce : le Front National. Jean-Pierre Chevènement, Philippe Séguin et Philippe de Villiers ont porté une telle parole, mais leur effacement a libéré du terrain pour Marine Le Pen.
Comprendre ce vote pour y répondre
Pour toutes ces raisons, le vote FN est parfaitement compréhensible. Après tout, il est parfaitement légitime de ne pas vouloir voter pour des partis trop souvent d’accord sur les questions européennes ou de libéralisation. Il est totalement absurde et choquant d’insulter les électeurs du Front National. De deux choses l’une, soit ce parti doit être interdit (et il n’a rien fait pour l’être) soit il faut arrêter de jeter l’anathème sur ses électeurs qui expriment juste un choix démocratique.
Ce vote est notamment un cri de Français qui ont mal à leur démocratie, qui ont envie d’un changement que PS, UMP, Modem, Verts sont incapables de leur apporter. C’est le cri de Français qui souffrent du chômage, de fins de mois difficiles, qui craignent le déclassement pour leurs enfants (pour la première fois, une génération pense que ses enfants vivront moins bien qu’elle, ce qui est triste). Bref, c’est un désir de changement qui ne trouve pas encore de traduction concrète.
L’alternative, ce n’est pas forcément le FN
Mais essayer de comprendre les électeurs du Front National ne doit pas mener forcément à de la complaisance avec le parti. Critiquer le FN parce qu’il a investi un jeune nazillon aux cantonales, ce n’est pas critiquer ses électeurs. Au nom de quoi faudrait-il tout lui passer parce qu’on se situe aussi dans l’opposition aux politiques européennes et de déréglementations menées par le Parti Socialiste et l’UMP, et soutenues par les Verts et le Modem ?
C’est exactement ce que souhaitent UMP et PS. Si l’alternative se cantonne au FN ou à des partis proches, alors elle sera teintée par les scories de ce parti. Le système utilise le FN pour se maintenir. Au contraire, il est essentiel que les Français comprennent que l’alternative est plurielle et qu’elle n’impliquera pas forcément le FN. C’est pourquoi il faut montrer qu’une alternative distincte et indépendante existe. Il y a Debout la République, il y a le MRC et il y a le Front de Gauche.
Il est également heureux que des intellectuels alternatifs affrontent la vindicte bien-pensante pour développer des thèses originales. Merci donc à Jacques Sapir ou Emmanuel Todd, qui a signé une très belle tribune au sujet de la montée du FN. Et merci aux journalistes qui honorent le débat public en ouvrant leur colonne à tous les penseurs libres, Philippe Cohen, Elisabeth Levy et Eric Zemmour, contre lesquels une gauche antisociale a fait une campagne révoltante.
Aujourd’hui, les Français ont le choix. Ne compter que sur le FN pour apporter le changement est une erreur, entre ses scories et ses difficultés à casser le plafond de verre. La crise est forte. Les mouvements du corps électoral seront brutaux. Ne nous enfermons-pas dans une voie sans issue. Un petit peut devenir grand.
69 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON