Lendemain d’élections en Allemagne, Merkel : l’ogresse
Après les billets sous ecstasy de nos principaux chroniqueurs français, on en revient au principe de réalité. Les lendemains d’élection déchantent et la « femme la plus puissante du monde », comme a osé la nommer le journal le Monde, est bien embarrassée. Tout d’abord c’est l’hécatombe dans les états-majors des principaux partis, hormis le sien. Et enfin cette « belle victorieuse » est dans les faits, sans majorité à la chambre et avec, en face d’elle 319 députés (3 de plus que la majorité) qui peuvent tout bloquer.

C’est donc une large victoire, si l’on en croit les médias, mais qui la laisse sans interlocuteurs pour le moment. Le Parti libéral, premier parti à être éliminé du Bundestag, est confronté au reclassement de ses élus et de ces permanents (600 personnes dit-on !), son président Philipp Rösler a donc démissionné, c’est le moins qu’il pouvait faire. Il méditera sur les bienfaits d’une stratégie de gouvernement avec Mme Merkel, l’ogresse.
Quant aux Verts, ils doivent faire leur examen de conscience, leur résultat est plus que décevant (8,4%), juste en deçà de celui de Die Link (8,6%). On est très loin de l’objectif assigné des 20 %. C’est donc toute la direction des Verts et les deux têtes de liste de campagne qui ont donné leur démission. Un congrès extraordinaire en novembre devrait remettre les pendules à l’heure entre les modérés, éventuellement prêts à faire un accord de gouvernement avec Mme Merkel et les plus durs, plus nombreux et enclins à un rapprochement avec Die Linke.
Le SPD est plutôt en phase d’indigestion… la campagne de sa tête de liste Peer Steinbrück a été détestable, et même s’il progresse d’un scrutin à l’autre, le parti est en état de paralysie. Même si sur le papier la gauche a la majorité au Bundestag, aucun travail n’a été fait en ce sens. Le SPD se prépare donc à un mini congrès, très vite, le vendredi 27 septembre pour étudier la situation.
Mais cette victoire à la Pyrrhus de l’ogresse Merkel fait peur à tout le monde pour le moins. Quel avantage pourrait tirer le SPD d’un gouvernement d’union nationale, dans lequel, à coup sûr, il ne tirerait aucun bénéfice et ne serait pas en mesure d’infléchir la politique actuelle de la CDU-CSU. Il a déjà fait la malheureuse expérience d’un tel gouvernement (de 2005 à 2009).Et l’exemple épouvantable du Parti libéral, réduit à néant après une gouvernance commune avec la CDU-CSU, refroidit plus d’une ardeur, même si des maroquins sont à la clefs.
Le SPD est depuis quelques temps traversé par un courant qui cherche le rapprochement avec Die Linke (issu d’une scission avec le SPD), ne va-t-il pas plutôt privilégier une alternance à venir en cherchant un accord avec les Verts et Die Linke, ce qui lui donne déjà la majorité dans la pire conjoncture électorale qui soit. Alors avec un peu de travail et d’effort, il s’agit bien de la seule alternative possible à la politique de Mme Merkel, dont on se souviendra dans le futur, de la même manière que l’on revisite aujourd’hui les années Thatcher au Royaume Uni.
Aussi rien n’est fait à ce jour… et les allemands ne se sont pas alignés aussi massivement que le journal Le Monde veut nous le faire croire derrière la rassurante Mme Merkel. L’Ogresse s’est imposée dans tous les esprits dominants, mais le petit peuple lui n’a pas dit son dernier mot. Ces élections , si brillantes, a-t-on assez dit, risquent de finir dans une impasse à l’Italienne, faute de voir les trois partis de gauche s’assoir autour d’une table et travailler ensemble à un redressement de l’Allemagne, qui ne soit pas seulement celui des entreprises et des capitalistes, mais aussi celui des travailleurs.
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