Les élections municipales, troisième tour des présidentielles ?
Et si les élections municipales de mars 2008 constituaient un troisième tour des élections présidentielles ? Non, le président restera toujours en place, mais cela permettra peut-être de rectifier certaines choses et d’aller plus loin dans certains domaines, dans la lutte contre le réchauffement climatique par exemple.
Les élections municipales qui doivent se tenir en mars 2008 doivent-elles constituer et vont-elles constituer le 3e tour des élections présidentielles ? Assurément non de manière directe car le mandat de l’actuel président n’est pas susceptible d’être remis en cause par le résultat des élections municipales, mais de manière indirecte et par le jeu des ajustements nécessaires, sans doute oui.
Pour emprunter une image à l’actuelle Coupe du monde de rugby qui se joue en France même si notre équipe nationale a dû aller chercher la victoire hors des frontières de l’Hexagone, après les premières et deuxièmes lignes qui sont au choc frontal entre adversaires, les troisièmes lignes sont là pour récupérer les balles, et ce n’est pas le moindre de leurs rôles, pour réorienter le jeu et faire en sorte d’aller à la victoire en marquant les essais. Les élections municipales pourraient bien avoir le même rôle et donc de faire repartir les débats dans les bonnes directions, celles notamment sur lesquelles les deux premières joutes électorales n’ont pas eu le temps de s’appesantir.
Nous aborderons cette question par le visage que devrait avoir le maire des prochaines équipes municipales. On comprendra que cette expression « le maire » ne prend pas partie quant à la personne, homme ou femme qui pourrait occuper le fauteuil de maire. En d’autres termes, le visage du nouveau maire pourra-t-il être le même que celui du précédent ? Il serait rassurant et simple de répondre par l’affirmative et de dire qu’une prime devra être fournie au maire sortant, personne d’expérience et pleine de sagesse par définition. Hélas, pour les sortants, la réponse est non et le visage du nouveau maire devra être profondément différent !
Le maire qui présidera le Conseil municipal pour les six prochaines années devra forcément être un homme, ou une femme, neuf. Neuf dans sa manière de penser, neuf dans la conduite de ses actions et neuf dans ses lignes d’actions. Les choses ont en effet profondément changé en France au cours de ces douze derniers mois : un débat présidentiel très contrasté a eu lieu obligeant les candidats à faire des concessions importantes sur de nombreux points afin de constituer une majorité assez large, un candidat qui l’a emporté très différent de celui qui dirigeait avant lui, un monde qui évolue très vite et qui appelle des solutions profondément renouvelées.
Dans sa conduite, le nouveau maire devra donc être très « réactif », très présent à travers ses interventions et « plus vivant » au quotidien. On voit mal une population locale se contenter d’un élu local « transparent » alors qu’à l’échelon national, on aurait un président sur tous les fronts. La capacité d’intervention d’un maire soit être multidimensionnelle et il doit savoir intervenir aussi bien sur la politique d’aide à la petite enfance que sur la politique d’assainissement de sa ville. Si pendant longtemps les services, tant au niveau de l’Etat qu’au niveau des communes pouvaient avoir le dernier mot, on constate aujourd’hui le retour de la primauté du politique sur le technique et les réponses du genre « les services m’ont dit... », ne suffisant plus aux populations.
Enfin, il faudra un maire « neuf » dans ses lignes d’actions. Le débat sur le développement durable « concédé » aux écologistes par le candidat Sarkozy lors des présidentielles sous la forme du « Grenelle de l’environnement » est de nature à donner aux problèmes d’énergie et de changement climatique l’acuité qu’ils méritent d’avoir. Même si la population ne se sent pas encore trop concernée pour le moment, elle va l’être de plus en plus sous l’effet des campagnes médiatiques qui vont aller en augmentant et des réalités qui risquent d’être de plus en prenantes. De nombreux rapports scientifiques convergent pour dire que les prochaines années vont être cruciales tant sur le plan économique avec l’augmentation croissante du prix de l’énergie et du pétrole en particulier que sur le plan climatique avec l’impact de l’augmentation des gaz à effets de serre, du taux de CO2 dans l’atmosphère principalement. On parlera de plus en plus de canicules en été, de tempêtes du genre de celle qui a touché la France en 1999 ou encore de hausse continue des prix de l’énergie mettant à mal une croissance économique fondée sur des modèles de consommation d’énergie fortement consommateurs en énergies fossiles. Le maire des six prochaines années devra donc avoir un « penchant » prononcé pour traiter de ces questions, pour ne pas dire être réellement passionné par ces problèmes et être particulièrement avisé pour les solutions à adopter ou à faire prendre. Dans ce contexte, la mise en place d’un système de transport en commun en site propre comme un tramway ne peut faire l’objet de la moindre contestation à l’échelon local, tellement cette solution est économique et va dans le sens de la lutte contre les changements climatiques. De même, une politique active de rénovation urbaine allant dans le sens d’une réduction de la consommation d’énergie dans l’habitat est de nature à être placée au cœur d’une politique de la ville dans la mesure où elle va à la fois dans le sens des économies d’énergie et de la création d’emplois.
Le maire du prochain mandat devra être également un bon économiste et il lui faudra avoir une vue transversale des solutions qui seront proposées de manière à saisir les moindres chances pouvant être offertes par des politiques nationales ou européennes. Il lui faudra être actif et réactif pour se battre afin d’obtenir la moindre création d’emploi à l’échelon local, au profit de sa commune.
Enfin, le maire du prochain mandat devra être une personne de consensus. Les crises sociales risquent de poindre à tout moment sous l’effet d’événements internationaux ou nationaux, notamment ceux pouvant provenir de l’impact des ajustements économiques que notre pays semble devoir connaître durant les prochaines années sous l’impulsion de notre actuel président de la République. Il faudra que le maire, par une politique de dialogue permanent et approfondi avec toutes les couches sociales de sa commune, sache désamorcer tout risque de violence en sachant appeler toutes les parties en présence à la retenue et en faisant valoir que ce n’est pas en détruisant les biens des personnes que les choses s’arrangeront tant à l’échelon local que national. C’est pourquoi le dialogue avec tous les quartiers sensibles devra être ouvert et les opportunités d’expression valorisantes pour les populations de ces quartiers devront être recherchées très en amont (emplois, services, expression artistique et culturelle, etc.).
Est-ce à dire que la mise en œuvre des ces lignes d’action suffiront pour que nos communes soient faciles à vivre non seulement durant les six prochaines années mais au-delà de ce mandat en ayant pris le bon orbite ? Sans doute pas, car d’autres problèmes appelant de nouvelles solutions risquent de surgir à tout moment. Elles constituent cependant un bon socle qui, bien décliné à travers ses composantes, devrait être une bonne base pour mieux vivre ensemble et pour compenser les impacts des politiques nationales et de la mondialisation.
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