Les enseignants ont détourné la réforme des rythmes scolaires
Alors que ce matin chacun a pu prendre connaissance de la grande détresse de nos pauvres enseignants démunis face aux exigences des parents d’élèves (tribune publiée sur rue89 sous le titre : « Chers parents d’élèves, vous nous emmerdez »), je ne résiste pas plus longtemps à aborder un sujet qui me chagrine depuis de longues semaines.
Je veux parler de la réforme des rythmes scolaires, et plus précisément de son application concrète en vue de la prochaine rentrée scolaire.
Le constat est unanimement partagé : cette réforme est une bonne chose pour le rythme chrono-biologique des élèves. Un rythme quotidien et hebdomadaire d’enseignement plus adapté à l’apprentissage doit permettre une meilleure attention et donc éviter au maximum le décrochage scolaire.
Toutefois, il semble que son application ne soit pas un long fleuve tranquille.
En effet, le Ministre de l’Education nationale ayant fait le choix – par une volonté de concertation exacerbée, ou par manque de courage (chacun aura son avis) – de ne pas fixer par décret au moins deux principes essentiels, la réforme se trouve souvent détournée de son objectif.
Premier manquement, celui d’avoir tergiversé sur la date d’entrée en vigueur de la réforme. 2013 pour les communes qui le veulent, ou le peuvent, moyennant une aide financière assez modique, ou 2014 pour les autres. De fait, le Ministre reporte la pression sur les municipalités. Outre les modalités logistiques à mettre en place en peu de temps, les élus municipaux se retrouvent donc à devoir arbitrer, à la veille d’élections municipales, entre l’intérêt des élèves, des enseignants et des parents d’élèves.
Le deuxième manquement consiste à ne pas avoir indiqué dans le décret que la journée d’enseignement se termine à 16h30. De ce fait, certains (en réalité, de très nombreux) enseignants ont saisis l’occasion de voir leur journée se terminer à 15h15, et se sont donc battus, souvent avec acharnement, afin d’éviter à tout prix d’allonger la pause méridienne des élèves. Instrumentalisant au passage les parents d'élèves, et méprisant totalement l'interêt des élèves.
Il s’agit bien là d’un détournement de l’objectif recherché par la réforme qui voulait allonger la pause méridienne des élèves pour leur permettre d’opérer une césure importante entre deux demi-journées d’enseignement, et en leur offrant de découvrir d’autres activités à travers des temps périscolaires. Mais cela aurait eu pour effet direct de faire terminer la deuxième demi-journée d’enseignement à 16h30. Et cela, nos chers enseignants ne pouvaient le tolérer !
Résultat : le rythme chrono-biologique des enseignants se portent très bien !
Et ils ne vous disent même pas merci !
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