Les mollusques des sondages
Les socialistes, les sympathisants de gauche, plus spécifiquement le PS ont de graves problèmes avec les sondages. Tétanisés par la seule motivation qui semble les préoccuper, reconquérir l’Elysée à n’importe quel prix, battre Sarkozy, ils arrivent à en oublier le pour quoi faire.
La reconquête n’est bien sûr pas une préoccupation mineure, mais doit-elle tout supplanter, même les idées de fond ?
L’affaire ne date pas d’aujourd’hui et de cette première primaire citoyenne. Rappelez-vous, cette problématique dominait déjà la primaire interne au PS de 2006 qui enregistra la désignation de Ségolène Royal contre Fabius et … DSK ! Un DSK, certes aujourd’hui dévalué, mais qui à l’époque aurait pu porter les espoirs socialistes, n’ayant pas encore gâché ses chances dans les suites d’un Sofitel.
A l’époque les sondages proclamaient que seule la Dame du Poitou était à même de battre Sarkozy au printemps 2007 et les grandes compétences économiques, de gestionnaire du professeur DSK furent renvoyées à une clé USB oubliée dans un tiroir. Madame Royal est un peu gonflée, aujourd’hui, d’accuser les sondeurs de sa défaite : ce sont eux qui l’ont fait Reine il y a 5 ans.
En cet automne, le même syndrome risque bien de se reproduire et, ironie du sort, en direction de son compagnon d’hier, François Hollande. Ami des journalistes, choisi par eux depuis le retrait forcé de l’ancien Directeur du FMI, Hollande caracole en tête des sondages depuis mai et arrive en tête du premier tour de la primaire. Par ailleurs Martine Aubry, après une très mauvaise campagne, confuse, désorganisée, flottante et de substitution pour cause de galipettes, aurait dû être logiquement laminée au profit d’un véritable projet alternatif celui d’Arnaud Montebourg. Mais les sondages disent tout autre chose. Ils donnent comme seuls capables de battre Sarkozy, devinez … Hollande et Aubry ! Bien sûr Arnaud Montebourg toujours en disgrâce avec les appareils, difficilement reconnu par les petits cercles médiatiques, iconoclaste dans le domaine économique et tout particulièrement dans sa conception européenne, ne peut en aucun cas figurer au panthéon des vainqueurs possibles contre Sarkozy : éliminé ! Peu importe les thèmes qu'il soulève : éliminé ! Par qui ? Par les mollusques des sondages ... les oblitérés de l'anti-sarkozysme primaire avant toute autre préoccupation. Une fois de plus, en 2011, comme en 2006 l’espoir d’une victoire à n’importe quel prix risque de l’emporter sur les questions de fond.
A la fin de la course, le modéré(e) socialiste, mou(e) désigné d’une courte tête sera obligé d’aller flirter côté Bayrou, tout comme Ségolène Royal en 2007. Ainsi il en sera fini du beau « rêve », une fois de plus. Pour gagner en 1981, François Mitterrand n’avait pas fait une campagne de mollusque des sondages.
Ne vous trompez pas, aujourd'hui c'est le PS qui marche avec le bandeau sur les yeux, mais l'UMP n'échappera pas au syndrome de la démocratie d'opinion. Et pour terminer sur un sourire crispé : en écrivant cette note j'entends en sourdine les débats de "Mots croisés" sur France 2. Sur le plateau, entre autres, Nadine Morano : si l'UMP ne met pas rapidement fin à sa carrière médiatique, les dégâts seront énormes. Qu'en disent les sondeurs ?
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