Les pouvoirs publics abandonnent-ils #PSA ?
Juré, promis, craché. Avec nous, jamais PSA ne fermera ses sites et en particulier celui d’Aulnay. C’est en ces termes que s’exprimaient les principaux dirigeants socialistes, qu’ils aient des responsabilités nationales ou locales. Souvenons nous ensemble, lecteurs d’A gauche pour de vrai ! Arnaud Montebourg n’en démordait pas. Philippe Varin, le pdg du groupe, était un spéculateur, jouant avec l’emploi de ses salariés. Harlem Désir criait sur les plateaux de télévision qu’il fallait signer une convention avec le constructeur automobile pour qu’il honore sa dette à l’égard de l’état et des 3 milliards d’euros versés au secteur automobile pour le maintenir à flot.

En Seine-Saint-Denis, la fermeture était, dans un premier temps, inacceptable et les syndicats étaient invités à venir s’exprimer en séance extraordinaire du conseil général dirigé par un président socialiste. A ce moment là, l’espoir de voir les pouvoirs publics aux côtés des salariés de PSA était réel, il était même grand. Depuis, plus rien, silence radio, oreilles et bouches cousues.
Il faut dire, qu’en quelques mois, la position des pouvoirs publics en matières économiques et sociales a radicalement changé. Car depuis le 6 mai 2012, le gouvernement, sous l’impulsion du président François Hollande et du premier ministre Jean-Marc Ayrault, s’est entièrement converti à la politique de l’offre et s’est radicalement rangé derrière le patronat français plutôt que de se ranger derrière les salariés. Alors mieux vaut accorder 20 milliards d’euros en plus sous forme de crédit d’impôt aux entreprises, quitte à ce que les salariés paient la facture via une TVA anti sociale. Alors mieux vaut un accord sur le marché du travail qui répond à la totalité des exigences du Medef plutôt qu’un accord qui défende le code du travail et les intérêts essentiels des salariés. Mieux vaut permettre aux chefs d’entreprises de licencier sans motif tout en réduisant considérablement la possibilité de recours des salariés virés. On comprend tout à coup pourquoi les pouvoirs publics nationaux ont progressivement mais sournoisement abandonné les salariés de PSA en acceptant les conclusions d’un rapport le jour même de sa sortie, le rapport Sartorius. Rapport qui condamne les dirigeants de l’entreprise, mais qui condamne aussi les salariés, un comble.
Parce qu’en réalité, ce rapport s’inscrit dans la droite ligne de celui pondu par un certain Gallois et qui préconise un “choc”.
Plus étonnante est l’attitude des pouvoirs publics locaux. Car, depuis quelques mois, il n’est plus question de se ranger derrière les salariés de PSA, d’accrocher des banderoles de soutien sur la façade du conseil général de Seine-Saint-Denis. Il n’est plus question d’exiger une réindustrialisation du site. Une simple “revitalisation” suffira. Il faut savoir que d’un point de vu légal, un Plan de Sauvegarde de l’Emploi oblige à une revitalisation. Il n’y a donc rien, mais alors rien de concédé par PSA. Juste le respect d’une obligation légale. Il est même demandé à un conseiller général du Front de Gauche, lors d’une séance, de ne pas parler, de ne pas s’exprimer sur le sujet. En fait, il lui est demandé de se taire. Sans même chercher à savoir si le fond des propos que ce conseiller général souhaitait prononcer était ou non pertinent, ne pas le laisser s’exprimer est insupportable dans l’enceinte de l’hôtel départemental.
Le Cri du Peuple, blog particulièrement investi dans la défense des salariés de PSA et surtout très introduit auprès de nombreux responsables syndicaux, propose un début de réponse : seuls 300 salariés du site d’Aulnauy habitent en Seine-Saint-Denis, seuls 150 résident à Aulnay. Dès lors, il n’est plus très couteux pour les responsables socialistes locaux de “lâcher” l’affaire. Telle est donc la thèse défendue par le Cri du Peuple. A gauche pour de vrai ! on trouve cette thèse plutôt crédible en vérité…
Fort heureusement, le Front de Gauche de la Seine-Saint-Denis, lui, ne lâche rien ! Les initiatives de soutien se multiplient depuis l’annonce officielle de la fermeture par voie d’affichage dans les ascenseurs. Les salariés ont apprécié comme il se doit, tout comme les juges qui ont décidé de suspendre le PSE pour plusieurs irrégularités dans la procédure. C’est dire à quel point les responsables du groupe PSA et désormais les pouvoirs publics sont passés à autre chose, ils ne prennent même plus le soin de respecter les formes. L’entreprise prévoit carrément de licencier des salariés grévistes parce qu’ils…font la grève. A quoi bon s’embarrasser après tout avec le code du travail au moment où le gouvernement s’apprête à inscrire dans la loi l’ANI et son cortège de fins de droits pour les salariés et la mise en place de PSE au rabais. Mais le Front de Gauche ne lâche rien donc. Hier, il marchait uni derrière les salariés en Seine-Saint-Denis. Aujourd’hui il soutient partout ceux qui luttent. Après tout, la lutte des classes, on y croit ou on n’y croit pas. C’est ce qui fait toute la différence…
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