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Macron et les retraites (2/3) : promoteur et bénéficiaire du déclassement social ?

La contestation contre la réforme des retraites a rebondi la semaine dernière, et semble encore pouvoir faire dérailler le cours des choses, comme avec le CPE en 2006. Mais il faut aussi reconnaître que la mobilisation avait faibli la semaine d’avant et que le niveau des perturbations des grèves n’a pas été suffisant pour faire infléchir l’exécutif. Et si le déclassement social était un atout de l’exécutif ?

 

Inflation et chômage de masse à l’aide de Macron

En effet, la France de 2023 n’est pas celle de 1995, notamment du fait de la baisse du pouvoir d’achat d’une bonne partie de la population. La situation de l’éducation nationale a probablement beaucoup joué. Cette profession, violemment maltraitée depuis si longtemps, avait peut-être les clés de la mobilisation. L’arrêt des écoles aurait plongé le pays dans une crise à même de faire dérailler la réforme. Tant le mauvais traitment infligé aux professeurs par Macron depuis 2017 que l’impact de la réforme le justifiaient pleinement. Mais j’ai pu constater de facto que, malgré une vraie colère, la grève restait limitée : je n’ai eu à gérer qu’une journée sans école, et la remplaçante de la maîtresse, en arrêt maladie, n’a pas fait grève, assurant les journées de classe même lors des moments de mobilisation les plus forts. Globalement, l’école que je fréquente n’a connu que deux jours vraiment perturbés sur tout le mouvement.

Comment ne pas y voir une conséquence directe de l’effondrement du pouvoir d’achat des professeurs depuis 4 décennies. Rappelons ici qu’un professeur débutant gagnait plus de 2 SMIC alors, et qu’aujourd’hui, à temps complet, il émerge à peine au-delà… Et cela ne prend pas en compte les temps partiels ou fragmentés qui sont sans doute le lot des remplaçants… Bref, aller au-delà d’un jour de salaire en moins est probablement très dur pour beaucoup de professeurs qui auraient pourtant souhaité se mobiliser contre cette réforme et aussi protester contre leur situation, d’autant plus que l’inflation est très élevée. En effet, il faut rappeler ici que l’inflation calculée par l’INSEE n’est qu’une moyenne et que cette moyenne cache des situations très différentes, comme l’avait bien monté l’OFCE début 2022 en soulignant que pour les 10% moins touchés, elle n’était que 2,3%, contre 6,3% pour les plus touchés.

On peut malheureusement supposer que beaucoup de personnes qui auraient pu se mobiliser et faire grève ont été freiné par l’impossibilité d’assumer un ou deux jours de retenue sur salaire. En outre, l’inflation s’est emballée en ce début d’année, contrairement aux dires farfelus et mal inspirés de Bruno Le Maire. Le prix de l’essence a fortement rebondi avec la fin de l’aide de l’Etat et de Total. L’électricité a pris 15% en février, soit une hausse de 40% en trois ans, et pour couronner le tout, le prix des biens de grande consommation de supermarchés affichait déjà une hausse annuelle de 14% en février, avant même la prise en compte des nouvelles hausses de tarif arrivées en mars, faisant de ce début d’année un naufrage pour le pouvoir d’achat de trop de Français, à rebours de la communication du ministre.

Ici, le refus de prolonger la ristourne sur les carburants, l’acceptation d’une nouvelle hausse de 15% du prix de l’électricité en février, et l’inaction devant l’augmentation du prix des produits de grande consommation en deviendraient presque suspects. Le gouvernement n’aurait-il pas laissé faire cette envolée de l’inflation pour casser le mouvement de protestation contre les retraites en laissant s’envoler des prix qui empêchent financièrement les Français de faire grève et manifester ? Malgré tout, je ne les crois pas suffisamment intelligents pour être aussi machiavéliques. De toutes les façons, avec le 49-3, il savait pouvoir passer en force, et le manque criant d’anticipation des ministres sur tous les sujets (crise sanitaire, scandale du match de la finale de Ligue de Champions…) plaide sans doute pour un concours de circonstances défavorable au mouvement de protestation contre la réforme des retraitres.

Cependant, l’attitude et le discours absolument révoltant de l’exécutif, qui en est déjà à dire que ce n’est pas « la retraite des réformes  », pourrait bien parvenir à remobiliser des Français qui n’en peuvent plus de Macron & Co (donnés derrières la NUPES et le RN dans les sondages). Si l’appauvrissement peut peser sur la mobilisation, au départ, il en est aussi le premier carburant.


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6 réactions à cet article    


  • lecoindubonsens lecoindubonsens 1er avril 2023 10:04

    Une solution possible !

    1. le conseil constitutionnel annule le projet actuel sous un prétexte quelconque, chacun sort honorablement de l’impasse
    2. nouvelle phase de concertation pour un nouveau projet, mais sur de meilleurs critères, par exemple
    • l’universalité (la seule bonne partie du projet initial mais abandonnée), c’est l’égalité des règles du fronton de nos mairies
    • « un euro cotisé = mêmes droits pour tous » qui en découle
    • abandon de l’objectif « 14% PIB pour retraités », mais détermination d’un % équitable revu annuellement en fonction de la démographie (cela permet de déterminer la part globale des retraités = le vrai système de répartition = la génération qui travaille partage sa production avec les jeunes et les retraités qui ne produisent pas). C’est la fraternité du fronton de nos mairies.
    • système par points pour que les retraités se partagent entre eux leur part globale du gateau (part de chacun selon total cotisé et espérance de vie a l’age de la retraite)
    • age de départ déterminé librement par chacun pour son cas personnel (on oublie les notions d’age légal, d’age pivot, de nombre d’annuités, de majoration/minoration qui ne servent à rien et ... qui fâchent en plus ! = maso). C’est la liberté du fronton de nos mairies.
    • la pénibilité se gère via les salaires. Travail pénible = meilleur salaire = plus de cotisations = possibilité de partir plus tôt en retraite à montant égal.
    • système similaire pour les enfants (qui génèrent des cotisations pour mère/parents ?)

    Bref discutons, échangeons des arguments pour construire, mais sans violence ni gène, ni perte de production (diminution de notre gateau global), ni casse (frais pour tous)


    • lecoindubonsens lecoindubonsens 1er avril 2023 10:16

      « refus de prolonger la ristourne sur les carburants »

      c’est l’exemple même de la stupidité, et du principe shadok qui gère notre société « pourquoi faire simple quand on peut faire complique »

      le principe compliqué actuel (exemple TOTAL)

      • Total vend ses carburants a un tarif largement supérieur au côût de revient
      • Total fait donc d’énormes bénéfices
      • Total distribue une grande part de ces bénéfices à ses actionnaires
      • Débat sur la taxation de ces dividendes
      • Débat pour qu’une partie des dividendes aillent vers les salariés
      • Débat sur le principe des dividendes : les actionnaires actuels n’ont rendu aucun servie à Total, ils ont juste acheté des actions en espérant dividendes et plus values. Pourquoi méritent-ils de l’argent, une part de gateau ?
      • Débat sur le versement exceptionnel vers les salariés . Pourquoi mériteraient-ils un pouvoir d’achat exceptionnel alors qu’ils ont fait leur boulot comme d’habitude. Ni plus, ni mieux que les années précédentes

      un principe simple

      • Total vend son carburant à un prix inférieur, calculé pour payer tous les frais (investissements inclus) mais sans générer de super profit et de dividendes
      • Tous les débats ci dessus sont sans objet
      • L’ensemble des citoyens bénéficient de cette solution

      POURQUOI FAIRE SIMPLE QUAND ON PEUT FAIRE COMPLIQUE ?


      • lecoindubonsens lecoindubonsens 1er avril 2023 10:23

        « acceptation d’une nouvelle hausse de 15% du prix de l’électricité en février »

        sur ce point, il faut sans doute reconnaitre la responsabilité d’une majorité de citoyens via 2 points

        1. la mode « verte ecolo » qui a poussé à négliger le nucléaire
        2. la mode « Russie 100% méchant, Ukraine 100% gentil » qui a encouragé nos décideurs à nous priver d’energie (et de bien d’autres choses), et à engager des dépenses inutiles (armes, etc.)

        Nous n’en serions pas à ce point si

        • nous avions gardé un nucléaire efficace
        • nous avions eu une position plus réaliste sur le dossier Ukraine (torts largement partagés) sans se facher avec personne, et en poussant, non vers la violence toujours plus grande, mais vers les négos et compromis.

        • Decouz 1er avril 2023 11:17

          Je ne crois pas trop au Conseil Constitutionnel pour annuler la réforme, il se borne comme la Cour de Cassation à examiner les questions de formes :

          "Le texte va maintenant être examiné par le Conseil constitutionnel qui a un mois pour valider sa recevabilité.

          Le Conseil constitutionnel doit vérifier notamment si ce texte porte "sur l’organisation des pouvoirs publics, sur des réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale de la nation et aux services publics qui y concourent".

          Le Conseil vérifie aussi le respect d’autres conditions :

          • la proposition de loi ne doit pas avoir pour objet l’abrogation d’une disposition législative promulguée depuis moins d’un an ;
          • et la proposition de loi ne doit pas porter sur un sujet rejeté par référendum il y a moins de deux ans."

          https://www.vie-publique.fr/en-bref/288693-referendum-sur-les-retraites-le-conseil-constitutionnel-saisi


          • Iris Iris 1er avril 2023 11:52

            Grosse pression sur le CC !

            Le fils Délabré disait l’autre jour que leur rôle n’est pas de faire de la politique, comme si notre constitution était univoque, c’est absurde !

            De fait, le CC aura la responsabilité de calmer le jeu... ou pas.


            • Akerios Akerios 2 avril 2023 19:48

              Le point de départ ........................................ :

              ------------------ Rétablir l’impôt sur la fortune que notre président à supprimé avant de combler le trou dans le budget national en nous volant nos retraites ! ------------

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