Manifeste pour une nouvelle écologie politique
Nous sommes les habitants de la Terre et nous ne sommes ni de gauche ni de droite, nous sommes humains ! Notre mode de vie, aujourd’hui, ne permet pas d’envisager la préservation de nos ressources, et plus grave encore, l’impact de nos activités risque de détruire notre écosystème. Face à cet effrayant constat, le courant de l’écologie politique a émergé dans les années 70. Qu’en est-il advenu ?
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH290/Manifeste_eco_po-a1b72.jpg)
Les origines de l’écologie politique
En France, plusieurs formations se sont revendiquées de l’écologie politique. A la mort du président Pompidou, René Dumont fonda l’écologie politique française sur des positions proches de l’alter-mondialisme. En effet, l’auteur publié dans la collection Terre Humaine, était également l’un des membres fondateurs du groupe ATTAC.
Celui qui joua le rôle de directeur de campagne en 1974, fut ensuite conduit à se présenter lors de l’élection de 1981 : Brice Lalonde a finalement été ministre de l’Environnement de François Mitterrand, il est aujourd’hui sous-secrétaire général à l’Organisation des Nations Unies…
En 1982, Les Verts – Parti Ecologiste voit le jour. Constitué autour du Mouvement pour une Ecologie Politique (MEP), le parti a dans un premier temps participé à la Fédération pour une Gauche Alternative. Pourtant, Antoine Waechter parviendra à imposer l'indépendance du paradigme de l'Écologie politique, en consacrant une formule déjà célèbre, le « ni ni ».
En réalité, le courant a rapidement retrouvé son « ancrage à gauche ». En participant à la gauche plurielle jospiniste, l’écologie s’est fragmentée en une kyrielle de petits groupuscules indépendants qui ont durablement affaibli le courant. Mais, l’élection européenne de 2010 est venue bouleverser la donne. Pendant quelque temps la matrice politique Europe Ecologie – Les Verts espérait refonder le courant de l’écologie politique dans sa pluralité et son indépendance, qu'en est-il aujourd’hui ?
Quel sera le devenir de la matrice EELV ?
Le départ des cadres du parti :
De temps en temps, de brèves citations valent mieux que de longs commentaires…
- Lors d’une interview donnée au journal Le Monde, le 25 Septembre 2013 Noel Mamère déclare :
« Notre parti ne produit plus rien : il est prisonnier de ses calculs et de ses clans. Nous sommes devenus un syndicat d'élus. J'ai l'impression d'un sur-place qui nuit au rôle que nous pouvons jouer dans la société »
- A la matinale de Canal +, en décembre 2012, Daniel Cohen-Bendit explique :
« Politiquement je ne fais plus partie de l’espace EE-LV, je ne participe plus à aucune réunion et je ne discute pas de l’avenir et du futur d’EE-LV (…) L’état d’esprit majoritairement partagé au sein d’Europe Ecologie pour le moment m’empêcherait de représenter « le parti ».
- Enfin, Nicolas Hulot livre ses confidences à l’Express :
« "il y a parfois un peu trop de dogmatisme", estime-t-il. "On est contre tout, mais on n'est pas suffisamment clair pour savoir pour quoi on est" ».
La Matrice devenue clan se resserre :
A présent, il faudra attendre le congrès de novembre pour connaître l’avis des militants sur la future ligne idéologique du parti. Pour le 8 Octobre 2013, sept listes ont été déposées. La motion « pour un cap écologiste », ayant pour tête de liste Emmanuelle Cosse, rassemble les désormais célèbres apparatchiks verts (Cécile Duflot, Jean-Vincent Placé, Pascal Canfin). Parmi les concurrents remarquables, on note Via Ecologica, qui conteste le plus fortement la ligne du parti, la motion participative d’Alain Lipietz ; et enfin Là où vit l’écologie (LOVE) d’Eva Joly.
On souhaite ici s’attarder sur la favorite, Emmanuelle Cosse qui dispose d’un profil bien particulier. Après avoir présidé l’association Act-Up, elle s’est engagée dans la région d’Ile-de-France où elle a rencontré Cécile Duflot. On retrouve, à travers cet exemple, le fonctionnement de clan dénoncé par les cadors ayant quitté la direction de l’appareil. En effet, celle qui s’apprête à prendre la direction du parti n’est pas seulement l’ancienne collaboratrice de l’ex-dirigeante écologiste, devenue ministre ; elle est aussi la femme du Vice-Président de l’Assemblée Nationale, Denis Baupin.
Encore récemment Daniel Cohen-Bendit affirmait sur Europe 1 : « Je partage le ras-le-bol sur le fonctionnement, le clanisme, les couples terrifiants qui règnent sur EELV »… D’autres exemples des dysfonctionnements de l’organisation pourraient ici être soulignés, comme les suspicions de financement illégal qui entourent Jean Vincent Placé, mais intéressons-nous plutôt maintenant au principe qui pourrait fonder cette nouvelle écologie politique…
La nouvelle écologie politique, humaniste, passe par un aggiornamento énergétique
Premier cheval de bataille, la politique énergétique reste souvent l’objet de débats techniques entre spécialistes. Pourtant, le dernier rapport du GIEC alarme sur le rythme du réchauffement climatique, tandis que ceux qui sont aujourd’hui au gouvernement pour représenter l’écologie politique militent encore contre l’énergie nucléaire.
Les indications sur les conséquences d’une fin voire d’une diminution de l’énergie atomique sont pourtant univoques. Dans une étude, le think tank PRESSEUROP nous donne plus de renseignements quant à celles-ci en prenant l’exemple de notre voisin outre-Rhin : « Aucun autre pays ne construit actuellement autant de centrales alimentées par le coke que l'Allemagne, avec 23 installations. La plupart d'entre elles vont brûler le lignite, le combustible le plus sale des énergies fossiles ».
Au Parlement, l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPECST) a publié un rapport qui met en garde contre le choc énergétique qu’engendrerait une sortie du nucléaire sur les ménages les plus pauvres. Bruno Sido et Jean-Yves Le Déaut exposent également l’insuffisance des solutions alternatives, c’est pourquoi toute sortie de l’atome induit nécessairement une hausse des émissions de gaz à effet de serre.
A propos de ce document, il est intéressant de noter les commentaires de Denis Baupin, relevés par l’Usine Nouvelle . Celui qui est marié avec la probable future Madame EELV continue de dénoncer une "vision archaïque" de la transition énergétique qui "donne la préférence au conservatisme".
Malgré cette nouvelle hypocrisie, la lutte contre le réchauffement climatique devrait rester notre objectif prioritaire. Dans cette optique, il apparaît que l’énergie nucléaire devrait arrêter de faire l’objet d’un dénigrement systématique de la part de ceux qui se disent préoccupés par le devenir de la planète et de l’espèce humaine. Le film Pandora’s promise expose cette nouvelle conception de l’écologie. A l’instar du du Breakthrough Institute, un think tank californien, le réalisateur soutient « les énergies renouvelables mais considère qu'elles ne suffiront pas et que leur développement s'accompagne aujourd'hui d'un nouvel essor des énergies fossiles, aux effets dramatiques sur le réchauffement de la planète".
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