Monsieur 30% !
Alors que le président de la République envoie le premier ministre annoncer les mauvaises nouvelles, évoquant le gel de son salaire comme signe de rigueur, le candidat socialiste prend la balle au bond et propose mieux que le gel : la diminution de 30% du salaire des ministres et du président.
Cette suggestion est-elle démagogique ? En baissant de 50% ces salaires, y compris celui des députés, sénateurs, et conseillers généraux ou régionaux, l’économie réalisée serait de 112 millions d’euros par an. lien
Sarközi ne devrait pas s’inquiéter car si son salaire passait de 20 000 € à 10 000 € (lien), en 2007, sa rétribution n’était « que » de 6594€. lien
On pourrait aussi se pencher sur les rémunérations perçues par les maires des grandes villes et autres présidents d’agglomération, qui peuvent dépasser parfois les 5000 €. lien
Alors qu’en France, les élus menacés trouvent dérisoire et déplacée cette proposition, les élus espagnols ont décidé de réduire, timidement il est vrai, leur salaire de 10 à 15%. lien
En effet, en France, les élus UMP l’ont fait clairement savoir par la voie de Christian Jacob, leur chef de file, qualifiant cette initiative de « connerie » (lien) et ont décidé de voter « non » récemment. lien
Et quid de l’indemnité de frais généraux des députés européens (4 299 €) à laquelle il faut ajouter les indemnités forfaitaires, annuelles de voyage, et les indemnités journalières ? lien
Et quid des IRFM (indemnités représentatives de frais de mandat) qui représentent pour chaque sénateur et député, près de 6000 € par mois. lien
En limitant ces remboursements de frais aux justificatifs fournis, l’économie annuelle serait de près de 5 millions d’euros annuels, ce qui n’est pas négligeable, d’autant qu’on ne sait pas trop ou part cet argent, et qu’outre Manche, cela à provoqué des scandales. lien
On peut aussi être scandalisé par ces hauts fonctionnaires qui touchent une retraite d’environ 10 000 € mensuels alors qu’ils n’ont jamais été préfets, (lien) (Le détail est sur ce lien) tout autant que du cumul des mandats. lien
Puisqu’on en est dans la rigueur, pourquoi ne pas supprimer le CESE (conseil économique et social environnemental), dont les 233 membres reçoivent un joli salaire mensuel peu justifié. lien
Cet organisme dont on apprend qu’il devrait contribuer à l’information des citoyens, à favoriser le dialogue, conseiller le gouvernement, semble ressembler à tout, sauf à ça. lien
Cette assemblée coute tout de même 37,6 millions d’euros annuels au contribuable, soit en moyenne 161 000 euros annuels par membre.
Comme le dit le politologue Jean Petaux, « c’est un mécanisme de rétribution pour services rendus (…) la désignation des 40 personnalités qualifiées résulte du fait du prince ».
Entre Laura Flessel, ou Maud Fontenoy, en passant par Raymond Soubie, (conseiller de Sarközi) la proximité et l’allégeance présidentielle semble être l’un des ressorts pour figurer au sein de cette assemblée. lien
On comprend mieux pourquoi Hervé Mariton, le député UMP, à souhaité pour sa part la suppression de cette institution qui, d’après lui, ne sert à rien. lien
Les ministères ne sont pas en reste, et la Cour des Comptes les a épinglé, leur reprochant d’avoir dépensé en budget « com. » 600 millions d’euros entre 2006 et 2010. lien
La liste des économies possibles serait trop longue et un rapide calcul, probablement incomplet, démontre qu’une meilleure gestion de l’argent public aurait pu faire économiser 37 837 350 000 €. lien
Des citoyens indignés demandent au Sénat de rendre à l’Etat la cagnotte de 1,3 milliard d’euros qu’il détiendrait. lien
C’est l’occasion de découvrir le livre de Robert Colonna d’Istria et d’Yvan Stefanovitch qui dénonce « les super privilégiés de la République » (édition du Rocher) (lien) et de signer la pétition pour un audit citoyen de la dette publique.lien
Personne n’a oublié les promesses du président actuel, lequel voulait une république irréprochable, avec tolérance zéro. lien
De Laporte, à Hortefeux, en passant par Estrosi, Boutin, Juppé, Guéant, Tron, Bertrand, Tapie, Besson, Lagarde, Alliot Marie, Woerth, Blanc, Fillon, Yade, Amara, Barouin, Bachelot, Longuet, Dati, Joyandet, Morano, Ollier, et Sarközi, la ripoublique irréprochable a montré ses limites. lien
Quand des ministres sont pris la main dans le sac, soit qu’ils se payent des jets pour des voyages privés, qu’ils fument des cigares aux frais du contribuable, qu’ils détournent de l’argent, etc. sont seulement réprimandés, sans pour autant être sanctionnés, le laxisme présidentiel n’est pas acceptable, et il s’est mis lui-même hors jeu, d’autant que de nombreuses plaintes ont été déposées contre lui, avec comme motif, entre autres, "crime contre l’humanité". lien
En France, l’association « ni putes, ni soumises » proteste régulièrement en demandant en vain que les élus condamnés « dégagent ». lien
Au classement des pays corrompus, établi par « transparency international », la France recule régulièrement : Sur 178 pays, elle occupait la 19ème place en 2007, à rétrogradé à la 23ème place en 2008, et se classe à la 25ème place en 2010. lien
Récemment une pétition a été lancée pour demander à notre dépensier président de rembourser les frais de sa chambre réservée lors du dernier G20, (lien) et même si l’Elysée dément l’information, on peut signer cette pétition pour l’ensemble de son œuvre. lien
En 2008, une réforme constitutionnelle devait permettre à la population de proposer un projet de loi en vue d’un référendum.
En France, il faudrait au moins 4,5 millions d’électeurs pour faire approuver une nouvelle loi, à condition que 184 parlementaires l’appuient, ce qui est quasi impossible à réaliser. lien
Si nous nous comparons à d’autres pays, on peut constater facilement les carences du notre.
En Suisse, par exemple, le Président n’a qu’une fonction symbolique, à tel point que de nombreux suisses ignorent jusqu’à son nom.
Elu pour un an, il exerce ses fonctions à part égale avec 6 autres membres du conseil fédéral et du 1er janvier au 31 décembre 2011, c’est Michelle Calmy-Rey qui préside. lien
Les citoyens suisses peuvent aussi, par référendum, provoquer des décisions : pour une modification de la constitution, il suffit de 100 000 électeurs, et pour adopter une nouvelle loi, il suffit 50 000 électeurs.
En Italie, il suffit de 500 000 électeurs pour qu’une loi soit abrogée par un référendum d’initiative populaire. (Article n°75 de leur constitution) et pour l’Europe, un million de ressortissants européens peuvent prendre l’initiative d’inviter la commission européenne à soumettre une proposition mais cette disposition ne prendra effet qu’en 2012. lien
Sur tous les points, la France en perd par rapport aux autres pays et si question dette, l’Italie atteint 1900 milliards d’euros soit 120% du PIB, (lien), la France vient juste de dépasser les 1700 milliards, soit 87 % du PIB, devenant le 19ème pays le plus endetté au monde sur 195 états. lien
Pourtant la France n’est pas pauvre, puisqu’avec ses 2,2 millions de millionnaires, elle se place au 3ème rang mondial (lien) sauf qu’elle compte 8 millions de pauvres. lien
Sur ce lien, la carte de la dette mondiale pays par pays.
Sur le chapitre chômage, nous pourrions prendre des leçons du Danemark par exemple, ou d’autres pays européens comme on peut le découvrir sur ce lien
En effet avec son déficit de 4,6% du PIB, sa croissance de 1,25, son taux de chômage de 4,2%, ses 80% de salariés syndiqués, le Danemark montre la voie. lien
Quand aux banques, si elles ont parfois des problèmes de trésorerie, leurs PDG n’en ont pas, puisque entre rémunération fixe, variable, jetons de présence et autres avantages divers, l’argent coule à flot.
Jean Paul Chifflet du Crédit Agricole reçoit 1 805 731 €, (lien) Frédéric Oudéa, de la société générale reçoit 2 876 325 €, (lien) Baudouin Prot de BNP Paribas, reçoit 2 628 108 €, (lien) et Nonce Paolini, de TF1 reçoit 2 101 037 €
Les autres sont sur ce lien
On comprend mieux pourquoi le P.S propose pour 2012 de plafonner leurs salaires à 354 900€ annuels. lien
D’ailleurs, nos voisins helvètes se sont émus des rémunérations des grands patrons, et des parachutes dorés, et à l’initiative de Thomas Minder, un petit entrepreneur suisse, les élus ont décidés de fixer des règles acceptables. lien
Notre autocrate présidentiel évoque chaque année une « moralisation » du capitalisme, mais il en reste au chapitre des promesses : Il l’a promis en 2008, en 2009, en 2010, et enfin en 2011.
Il le promettra sans doute en 2012 avec un plan gouvernemental pour sortir le pays de la dette consistant à faire payer les moins riches. lien
En attendant, un projet secret de mise en place d’un « euro du nord » se discute en douce (lien) alors qu’un appel est lancé contre la dictature financière. lien
Car comme dit mon vieil ami africain.
« Le sage ne dit pas ce qu’il sait, le sot ne sait pas ce qu’il dit ».
Merci à Corinne Py pour son aide efficace.
L’image illustrant l’article provient de « meltystyle.fr »
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