Nicolas Sarkozy, en ce qui concerne la présidence de l’UMP, son statut d’ex-président est-il dérangeant et illégal ?
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Selon l'article 2 du décret n°59-1292 du 13 novembre 1959 l'ancien chef de l'État n'a juridiquement pas la possibilité de devenir président de l'UMP.
Mais que dit cet article :
"Les membres du Conseil constitutionnel s'interdisent pendant la durée de leurs fonctions : de prendre aucune position publique ou de consulter sur des questions ayant fait ou étant susceptibles de faire l'objet de décisions de la part du Conseil ; d'occuper au sein d'un parti ou groupement politique tout poste de responsabilité ou de direction".
Or l'ancien chef de l'État est actuellement membre de droit du Conseil Constitutionnel, au titre de son ancien mandat de président de la République.
Mais on peut se dire alors que l'impossibilité juridique pour Nicolas Sarkozy de devenir président de l'UMP pourrait être levée si celui-ci démissionne du Conseil Constitutionnel. Eh bien que nenni : il n'a pas le droit d'en démissionner puisque, contrairement aux membres nommés, lui est "membre de droit". En tant qu'ancien président de la République, en effet, son statut au sein du Conseil constitutionnel est bien spécifique : il ne s'agit pas d'une embauche ou d'une nomination, mais d'un droit automatique auquel on ne peut renoncer.
Souvenez-vous : en juillet 2013, Nicolas Sarkozy avait souhaité démissionner du Conseil Constitutionnel, qui venait alors d'invalider officiellement les comptes de sa campagne 2012. L'ancien président s'était alors confronté à cette impossibilité technique, et avait alors annoncé qu'il n'y siègerait plus et qu'il renonçait à ses émoluments, afin de "retrouver sa liberté de parole".
Mais tout cela ne l'a pas empêché de se porter candidat à la présidence de l'UMP et cela ne devrait probablement pas l'empêcher d'être élu par les militants, qui semble-t-il font fi de cette illégalité.
Mais une autre question se pose :
En tant qu'ancien Chef de l'État, Nicolas Sarkozy bénéficie de moyens humains et matériels qui sont mis à sa disposition par l'État. Des moyens que n'ont pas ses concurrents pour la présidence de l'UMP : Bruno Lemaire et Hervé Mariton.
D'ailleurs René Dosière, le député de l'Aisne apparenté PS et spécialiste des finances publiques, s'interroge à ce sujet et nous rappelle ceci :
"Les anciens présidents bénéficient de moyens humains et matériels, ainsi que de facilités de déplacement, le tout pour une facture de près de 2 millions d'euros par an. Si le législateur s'est soucié de traiter correctement nos anciens présidents, il n'envisageait pas alors que ceux-ci puissent repartir au combat politique. Bien sûr, ils en ont le droit, mais est-ce à la collectivité de prendre en charge la campagne politique d'un candidat ? "
D'ailleurs René Dosière, le 5 août 2014, soit un mois et demi avant le retour officiel de Nicolas Sarkozy, a interrogé le gouvernement sur ce qui est réellement mis à la disposition des anciens chefs de l'État, que ce soit pour Valéry Giscard d'Estaing, Jacques Chirac ou bien Nicolas Sarkozy. Concernant ce dernier il a notamment demandé que soit détaillée sa protection policière.
"Nous verrons, dit-il, mais j'ai le sentiment qu'elle est plus importante que celle de ses prédécesseurs."
René Dosière met également en parallèle ce financement public avec l'activité de conférencier de Nicolas Sarkozy, qui lui rapporterait plusieurs centaines de milliers d'euros pour chaque prestation.
"Je ne le lui reproche pas" précise le député de l'Aisne "mais on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre." Et d'ajouter "Ou on est pris en charge par la collectivité parce qu'on peut encore rendre des services à son pays. Ou on est une personne privée qui donne des conférences et alors il n'y a aucune raison pour que la collectivité prenne en charge ces dépenses."
Rappellons les avantages dont bénéficie Nicolas Sarkozy actuellement :
- Un bureau situé 77, rue de Miromesnil dans le 8ème arrondissement pour un loyer annuel de 180 000 euros, soit 15 000 euros par mois. Une charge qui incombe à l’État, comme il est de coutume pour les chefs d’Etat de la Vème République. D’une surface de 320 mètres carrés, l’espace se divise en 11 pièces. Outre l’existence de 10 pièces aménagées en bureaux, il y a une cuisine et une salle de bain. On notera au passage que "l'un des bureaux est une salle classée monument historique avec, sur ses murs, des peintures du 19e siècle".
- Pour les déplacements, aériens ou terrestres, tous les voyages sont gratuits, pour lui même et son épouse, sur l'ensemble des réseaux publics "dans la meilleure classe" faut-il le rappeler. Pour ses voyages à l'étranger, logement chez l'ambassadeur de France du lieu à condition toutefois que les déplacements soient opérés "dans le cadre de ses fonctions" (ce qui pour un retraité, demeure "assez flou" comme le note avec malice René. Dosière).
- En cas de décès, Carla bénéficiera d'une pension de réversion et gardera une partie des avantages évoqués plus haut, ces privilèges s'étendant à ses enfants jusqu'à leur majorité. Ces privilèges cessent hélas pour les générations suivantes !
- l'ancien chef de l'État a demandé que soient affectés à sa sûreté ainsi qu'à celle de sa famille, 10 officiers de police. dont 2 chauffeurs. Lors de ses déplacements en voiture, l'ancien président de la République dispose désormais d'un conducteur armé, mais aussi d'un policier assis sur le siège passager. Les trois "anges gardiens" circulant dans une voiture suiveuse. Ce dispositif permet de créer autour de Nicolas Sarkozy un "triangle de sécurité", formé par un policier du SPHP qui ouvre la voie et de deux autres qui couvrent ses arrières.
Le budget moyen d’un policier affecté à ce type de mission s’élèverait à 72000 euros par an. Le coût de la sécurité de Nicolas Sarkozy devrait donc dépasser 700000 euros par an.
- la République accorde également à l’ancien président Sarkozy pas moins de sept collaborateurs (un chef de cabinet, deux assistants, un archiviste et trois secrétaires)
Selon le député René Dosière, spécialiste de l’étude des Comptes publics, l’ensemble des avantages perçus par Nicolas Sarkozy coûterait chaque année 1,5 million à 2 millions d'euros à l’État français.
Enfin, Nicolas Sarkozy, en 2015 doit toucher des traitements liés à ses différents mandats d’élu (député, ministre, maire et président du Conseil Général) car il aura atteint l’âge légal de la retraite.
En conclusion
Alors ce statut privilégié dont bénéficie Nicolas, Sarkozy est-il équitable envers les deux autres concurrents briguant la présidence de l'UMP ? À noter que ni Bruno Le Maire ni Hervé Mariton n'ont par exemple eu droit au prime time de France 2 ! N'est-ce pas dérangeant ?
De plus l'illégalité est flagrante au vu du de l'articicle 2 du décrêt n°59-1292 du 13 novembre 1959, mais est-ce attaquable ?
Sources : Le Figaro, Paris match, Sud Ouest,
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