Nicolas Sarkozy le candidat du peuple, mais quel peuple ?

Le Sarkozy "nouveau", comme le beaujolais, est sur le marché depuis l'annonce de sa candidature sur TF1 le 15 février.
Le président de la République le jure "il a changé". Fini le bling bling, les soirées au Fouquet's, les montres Rolex et les lunettes ray ban, le président-candidat s'auto-qualifie de "candidat du peuple".
"Du peuple, par le peuple, pour le peuple". Nicolas Sarkozy a donc choisi de faire de cet extrait de l’article 2 de la Constitution la ligne de force de sa stratégie de reconquête.
Mais à quel peuple fait-il référence ? Celui du XVe arrondissement de Paris dans lequel il a installé son QG de 600 m2 ?
Regardons d'un peu plus près qui réside dans cet arrondissement parisien dont le chef de l'État a choisi parce que "c'est un quartier de classes moyennes, des gens à qui il veux parler d'abord."
Tout d'abord posons nous la question : "c'est quoi une classe moyenne" ? Le Larousse nous donne comme définition de l'adjectif moyenne :
--- qui se situe entre deux extrêmes
--- qui se situe dans la zone intermédiaire d'une hiérarchie sociale.
Donc qui dit classe moyenne dit revenu moyen, or l'Insee en 2010 établissait le revenu moyen net des français à 19 177 euros par an. En supposant que ce ménage moyen vit en couple, donc ses revenus s'élève, toujours dans la moyenne, à 3196 euros mensuels. En supposant que ce ménage, toujours dans la moyenne a 2 enfants, il lui faut pour se loger un appartement de 3 pièces, soit au minimum une surface de 60 m2. Et combien coûte une location dans le 15e arrondissement de Paris ? Et bien selon le site de La Vie Immo le prix moyen au m2 s'élève à 22,30 euros, ce qui fait pour notre ménage un loyer de 1 338 euros par mois. Et si par hasard il voulait acheter, toujours selon La Vie Immo, le prix d'achat au m2 étant de 8 660 euros, il faudrait qu'il débourse 519 000 euros.
Mais ce n'est qu'une moyenne car là ou se trouve la QG de Nicolas Sarkozy au 18 rue de la Convention le prix du m², selon le site Meilleurs Agents est en moyenne de 8687 € mais peut varier entre 6413 € et 13278 € selon les appartements et l'étage.
Voilà la fameuse classe moyenne que Nicolas Sarkozy a choisi de rencontrer pendant 64 jour ou si il va jusqu'au deuxième tour de l'élection pendant 79 jours.
A Marseille, lors de son discours fleuve, écrit non par lui mais par Henri Guaino, il a lancé un vibrant :"Je veux être le candidat du peuple de Fance. Je ne serai pas le candidat d'une petite élite contre le peuple. Le référendum c'est l'esprit de la Ve République ".
Alors là j'ai sursauté, Nicolas Sarkozy qui a été pendant 5 ans le président d'une élite fortunée, se dit maintenant n'être pas le candidat d'une petite élite, mais le candidat du peuple de France ! Mais quelle mascarade !
Oublié le bouclier fiscal, les abattements et exonérations en tout genre, la dépénalisation du droit des affaires, grâce à lui les paradis fiscaux, les fonds spéculatifs, les bonus des traders, les stock-options et les cadeaux aux banques se portent bien.
L'ancien maire de Neuilly, ministre puis président de la République depuis dix ans croit être en phase avec la classe populaire. Mais que connaît-il de sa réalité, de ses galères ? Rien absoluement rien ! Ce ne sont pas ses courtes visites scénarisées, dans les usines ou les villages qu'il a arpenté au pas de course, protégé de toute vindicte populaire par des centaines de gendarmes, pendant que sa claque avait été organisée soigneusement.
Il connaît le peuple qu'à travers une onéreurse batterie de sondages qu'il fait décrypter par des spécialistes de l'opinion. Et que lui révèle ces sondages très orientés ? Et bien que le peuple n'aime pas les immigrés, les feignants qui vivent des allocations en tout genre, les Roms, les délinquants de tout acabit et les élites qui s'en mettent plein les poches. De plus il aime qu'on le flatte en lui demandant son avis sur tout et sur rien.
C'est sur ces bases qu'il a construit son programme pour les 5 prochaines années, et dès le début de sa campagne il a annoncé deux référendums qui résumaient ce que les sondages lui avaient enseigné sur le peuple. Il va donc lui poser deux quesions à ce peuple : "Souhaitez-vous que les chômeurs soient mieux formés ? ", et "souhaitez-vous que les reconduites à la frontière des sans-papiers soient plus efficaces ?"
On désigne des coupables, encore, comme toujours. Sauf qu'à force d'exclure les autres, on finit par s'exclure soi-même.
Mais le plus étrange est de l'entendre présenter le référendum comme la solution miracle pour faire passer ses réformes. Sachant qu'il a contourné le "non français" à la Constitution européenne , en faisant ratifier le traité de Lisbonne par le Parlement, et qu'il a fait annuler, en compagnie d'Angela Merkel, la consultation que voulait organiser le Premier ministre grec, Georges Papandréou, sur l'adoption du plan de sauvetage de la Grèce élaboré à Bruxelles.
"Le sarkozysme n’est pas la droite, c’est autre chose, une mixture idéologique inédite, et dangereuse, qui écorne le pacte républicain et brise le consensus national érigé depuis la Libération autour du modèle social français," a écrit Renaud Dély dans le Nouvel Observateur.
Si Nicolas Sarkozy est réélu pour un nouveau quinquennat de violence, l'état de tension qu'est celui de la France aujourd'hui n'en sera que renforcé. Espérons que ce peuple, dont se réfère le candidat-président, ouvre enfin les yeux et lui accorde un congé paternité et le renvoie à son étude d'avocat d'affaires. Cela permettra à la France de retrouver le chemin de la sérénité.
Sources : La vie Immo, Meilleurs Agents, Le Nouvel Observateur,
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