Nicolas Sarkozy sera-t-il un jour président de la République ?
Voici presque un an que Sarkozy a été élu, un an qu’il ne préside pas, un an qu’il n’incarne pas la République. Son comportement de patron de l’« entreprise France » le conduit à jeter le plus grand trouble sur l’échiquier politique, chez les journalistes et surtout au sein du peuple français.
Nicolas Sarkozy prend des poses de patron tout-puissant mais, paradoxalement, se fait aussi semeur de désordre...
Sarkozy, le patron
C’est en patron que Nicolas Sarkozy s’adresse aux jeunes de banlieues en leur disant "toi, je te donne un travail si tu te lèves tôt !" C’était déjà en patron qu’il s’adressait aux ouvriers des usines lors de sa campagne, qu’il déclara son intention de renvoyer les gens de France 3. C’est encore en patron qu’il se comporta en triplant son salaire, en négociant ceux des marins-pêcheurs, en distribuant des largesses aux actionnaires de l’"entreprise France" - une oligarchie de richissimes hommes d’affaires - au moyen d’un paquet fiscal coûteux pour le pays. C’est encore le patron qui parle et qui martèle "je veux, je veux, je veux !", qui recrute "les meilleurs". L’agressivité dans les affaires est toute patronale quand il s’agit d’"aller chercher la croissance avec les dents". Son sens de la compromission au nom de l’intérêt supérieur du profit en fait un parfait VRP.
Et ce n’est pas fini ! C’est encore et toujours en patron qu’il changera bientôt les statuts de sa fonction par une réforme institutionnelle, qu’il réorganisera l’organigramme en quelque sorte... C’est en patron qu’il monte son entreprise familiale avec Mme Sarkozy, qu’il fonde "Sarkozy père & fils" à Neuilly. Un patron peut étaler ses richesses et c’est ce qu’il fait. Enfin, tout dernièrement, c’est au nom de son intuition qu’il prétend régenter les esprits : l’espérance religieuse et, dernière trouvaille en date, la mémoire des petites victimes de la Shoah qui devra être partagée par les enfants de CM2. Mais quelles seront donc les limites de ce règne de l’intuition ? A ce régime, ne risque-t-on pas d’assister à d’autres dérapages de la presse affolée par ces agitations (cf. Nouvel Obs) ? Mme Bruni-Sarkozy peut-elle s’accorder aussi des intuitions ? Sa référence à la dénonciation des Juifs sous Vichy semble indiquer que oui... En bref, Sarkozy ne semble plus pouvoir quitter cette ligne de conduite et ne parvient pas à diriger le pays dans l’intérêt général. En vérité, il donne le sentiment d’un homme qui a perdu tout contrôle de la situation.
Sarkozy, le semeur de trouble
On attend d’un président de la République qu’il donne la direction et le sens des choses, qu’il fasse preuve de recul et de hauteur et qu’il se montre respectueux de l’ordonnancement de la démocratie. Malheureusement, il s’emploie tout au contraire à brouiller les repères, tâche qu’il avait initiée lors de sa campagne en invoquant Jaurès et Blum. Depuis, c’est au gré et à l’aune de ses passions intimes, de l’émotion publique et de son sens de l’intuition personnelle qu’il croit posséder au même titre que les artistes et les poètes, qu’il entend mener le peuple. Sous le coup de l’intuition supposée géniale du "Eux = CM2 !" (ou du "Pas le choix, ce sera la Shoah !"), voilà que tout l’échiquier se voit contraint de se positionner rapidement pour réagir à cette tapageuse improvisation, et que l’on se risque à dire n’importe quoi. Ainsi François Hollande qui applaudit d’abord l’initiative puis qui se rétracte. L’appel du 14 février pour une vigilance républicaine signé par plusieurs personnalités politiques vient augmenter encore le trouble ressenti. Le camp en place invoque à juste titre le déni du verdict des urnes tandis que la composition de la coalition pétitionnaire suscite chez les électeurs des interrogations légitimes : que vient faire François Bayrou au milieu des gauchistes (dont Noël Mammère et un communiste) ? Dominique de Villepin est-il le mieux placé pour donner des leçons de respect de démocratie, lui qui fit passer en force son CPE et l’imposa au président lui-même qui ne put abroger le texte ? On se souvient d’ailleurs qu’à l’époque Nicolas Sarkozy avait rempli les offices de médiateur...
Il est grand temps que tout cela cesse, que la rupture affichée ne soit plus l’alibi du n’importe quoi, que la raison l’emporte sur les passions, les intuitions, les médiocres conseillers, et qu’enfin Nicolas Sarkozy se glisse dans son costume de président de la République comme le peuple le lui demande !
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