Petites gens qui voyez
La politique dévoyer
Cessez avec moi je vous prie
De trop vous compliquer la vie
Le FN mène son train
Que tous suivent avec entrain
Cessez avec moi je vous prie
De vouloir en faire un avis
Cette élection, qui n'a d'européennes que le nom, ne sert dans le fond à rien. Il aura fallu peu de temps pour que ceux qui la brandissaient comme capitale pour la vie des français ne le reconnaissent finalement, à l'image de Valérie Pécresse qui n'en fait à terme qu'une élection "sans conséquences", ce qui expliquerait que les français s'y autorisent à voter FN massivement. L'influence de ce vote étant quasi-nulle.
Bien sûr, Bruxelles a d'énormes impacts dans la vie des Français.
Mais bien évidemment, leur vote n'y changera rien. C'est le principe du simulacre, qui est là pour "faire semblant" d'une démocratie d'autant plus affichée qu'elle est inexistante.
Et donc, revoilà le grand méchant loup !
LE FN !
A ce stade, si vous avez bien lu, votre sang s'est glacé, vos yeux se sont désorbités, et l'animal qui sommeillait en vous a ressurgit.
Car s'il y a une constante dans la vie politique actuelle, c'est bien de constater que ces deux lettres n'ont plus le droit de laisser qui que ce soit de marbre, dans une indifférence traîtresse qui vous rend nécessairement complice de l'abomination.
Notre vie politique, et donc nos débats, nos discussions, et même (et c'est là que ça devient grave) nos pensées, opinions et idées doivent se conformer à l'idée que le FN ne les partage pas, ou qu'elle ne doivent pas être son monopole.
"Je ne soutiens pas le FN mais.."
"Mais votre discours est celui du FN..."
"Pourqui ne dites-vous pas directement que vous êtes du FN..."
Il faut donc, et vous avez ce devoir, penser dans ou hors de la case FN. Chaque idée exprimée dans l'espace public, surtout quand elle s'approche de certains sujets portant atteintes à nos dieux sacrés (immigration, souveraineté, travail, famille, patrie - ne t'excite pas j'ai fait exprès -), doit être passée au crible de la pensée FN, en positif ou en négatif.
Je proclame donc officiellement mon "Je n'en ai rien à faire du FN !".
Quel coming-out !
Je tiens donc à ce stade à revendiquer un certain nombre de droits oubliés.
Le droit de ne pas haïr le FN. Le FN s'exprime dans les médias, au même titre que la plupart des autres politiques que vous aimez. Le FN dit des âneries, le FN ment, le FN trompe, j'en suis conscient. Mais jusque là, rien d'exclusivement réservé à leur parti. Le FN hait. Peut-être. Certains. Pas tous. Et là encore, rien qui ne lui soit exclusif, quand je vois les animaux sauvages qui s'expriment quand le FN l'emporte. Par ailleurs, si le FN haît, il arrive à le faire sur des sujets de fond sur lesquels il n'est pas interdit de réfléchir. Bref, des gens qui haïssent, j'en vois beaucoup, et ils n'ont pas tous l'étiquette "Extrême-droite" accolée sur leur front.
Le droit de ne pas soutenir le FN. Je dis des choses et je pense des choses. La belle jambe me direz-vous ? J'en conviens. Sauf qu'il y a des choses que je dis et des chose que je pense qui, paraît-il, sont dites et pensées par le FN. La belle jambe, vous diré-je... J'ai en effet le droit d'essayer de comprendre les mécanismes de la société, de la nature humaine et de la politique sans m'en concerter au préalable avec Marine, avec qui je l'avoue j'ai assez peu d'affinités, mais qui est tellement confrontée à des tas de gros nuls qu'elle en apparait nécessairement plus convaincante.
Donc détendez-vous quelques secondes. Je ne suis pas dans une admiration béate du FN. Je vous l'ai dit, je m'en fiche. Et si le FN pense comme moi, tant mieux pour lui.
Le droit de débattre sans entendre parler du FN. Je vous l'ai dit. Certains sujets ne peuvent plus exister sans que le FN plane, tel un monstre sacré, au-dessus de ma tête. Vous êtes de grands garçons et filles, moi aussi, et j'ose espérer que le débat puisse également se tenir sans cette ombre. Il est donc temps de jouer aux mots interdits : pendant trois ans, en France, organisons des débats sur tous les sujets sans prononcer ces deux lettres. Ca fera un bien fou à la politique, soyez-en sûr ! Ca libérera notre expression, si peu libre ces derniers temps, qui pourra même accoucher (on peut rêver) d'idées nouvelles.
Le droit de voter sans lutter pour ou contre le FN. Et là, messieurs les politiques, ce n'est pas magique. Je vais avoir besoin de vous.
Car au-delà de ma personne, dont vous vous fichez, et vous aurez bien raison, la vraie crise est celle-là. Ainsi, tous vous vous fourvoyez dans une lutte imaginaire contre un colosse imaginaire.
La lutte contre le FN, c'est déjà une capitulation des idées. Or, la politique trouve normalement son honneur dans une arène des idées. Pourtant, pas un seul n'y échappe. Guaino écrivait encore en décembre 2013 une tribune contre le FN. Boutin a tenté d'en amadouer les électeurs sur ces "européennes". Même Denis Payre, du haut de sa neutralité bienveillante, empreinte je crois d'une bonne foi, n'a pas pu s'empêcher de sermonner l'UMP, lui intimant de "ne pas perdre son âme". Les autres UM-Pitres ne parlent que de ça pour espérer en limiter la vague. Drôle de stratégie...
Au centre, c'est le festival. Tout un tas de bonnes femmes aussi conformistes les unes que les autres : NKM, Rama Yade, Parisot, etc.
Chacune y est allé de sa "lutte" et de son bouquin. Plus facile à écrire que des idées..
Pour la gauche, je n'en parle même pas, évoquer le FN étant devenu leur sport national, car dans l'arène des idées, eux sont complètement restés aux vestiaires... Il faut amalgamer avec le FN, ou le combattre. Ca donnera ainsi une consistance mêmes aux plus mauvais d'entre eux, comme Désir ou Boutih. Bref, non seulement je ne détaille pas, mais je pense qu'avec ou sans le FN, ils sont incapables de faire de la politique, au sens noble du terme. Ceux qui en seraient finalement le plus capables seraient à l'extrême-gauche, s'ils n'avaient eux aussi adopté ce réflexe sensé juguler leur perte abondante d'électeurs. Car des idées, ils en ont dans leur gênes. Mauvaises, ok. Mais ils pourraient au moins en parler.
Tous ont donc un avis sur le FN, mais aucun n'a d'idée pour redresser la France.
Alors cet article est un appel. La politique n'est pas un jugement de valeur, favorable ou défavorable, sur le FN. Par pitié, la politique doit surtout comprendre le monde, en sortir des idées, les confronter au débat et réel, et les mettre en oeuvre, au service du bien de tous. Mais quand vous avez capitulé en politique, elle devient alors une simulation de combat, fondées sur des idées paillettes, au service d'intérêts individuels. C'est de la politique à la mode de Mai 68. Du vent, qui fait grand bruit ou qui démollit sans rien construire.
Chers politiques, si donc vous prononcez le mot FN dans vos discours et dans vos interventions, c'est que vous n'êtes plus en politique, mais en communication. Je vous invite donc à cet effort tout simple : dites merde aux journalistes qui vous interrogent sur le FN, dites merde à ceux qui vous amalgameront volontairement, dites merde à vos envies irrépréssibles d'en parler, expliquez ce que je viens de vous dire là à ces mêmes journalistes aussi mauvais que vous, et dites merci aux gens qui voteront pour vous.
Car nous ne sommes pas devant une impasse, nous sommes devant une porte fermée. Et vous êtes un troupeau de politiques bêlant en disant "il n'y a pas de clé ! Et c'est la faute du mouton noir".
Il y a une clé. Elle est dans votre poche, et c'est juste que vous avez bêlé avant de réfléchir. Trop habitué, trop conditionné, trop prisonnier. Ou parce que ça vous arrange.. C'est bien possible aussi, car dans votre indignation répétée, il y en a qui s'enfonce et il y en a qui en profite. Je vous laisse faire le tri...
La France sera sauvée quand vous serez libres. De penser, de dire et d'agir selon votre conviction intime pour le bien commun.
Je répète : pour le bien commun.
C'est ce que vous avez oublié, beaucoup trop. Mais aujourd'hui, vous n'avez plus le choix. Ou bien vous changez vos reflexes archaïques, ou bien vous mourrez.
Et remerciez-moi, car je vous dis ça alors que je m'inquiète pour vous.
Et ce n'est pas de l'humour.