Petit décodeur de l’enfumage ambiant
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L’époque n’est pas simple. Ses débats non plus.
Il n’est pas évident en effet de toujours bien identifier les enjeux actuels, les oppositions véritables, les vrais débats, loin de la propagande officielle, des faux-semblants, et des leurres.
Parce qu’un peuple qui sait est un peuple qui peut décider librement de son avenir, une certaine oligarchie en place a tout intérêt à brouiller les repères, à rendre plus difficile la perception des clivages véritables, à enfumer, pour le dire plus trivialement.
Eclaircir le débat pour mieux permettre aux gens de faire un choix en conscience est un objectif fondamental.
Pour l’atteindre, et pour y voir un peu plus clair, nous avons fait le choix de décoder trois expressions couramment employées ces derniers temps, et destinées à tromper.
1. "S’ouvrir à la diversité" : la "diversité" est un mot piège, qui doit tout de suite attirer votre attention.
Volontairement flou, et connoté positivement, il a pourtant aujourd’hui un sens bien précis, directement importé de l’idéologie communautariste américaine qui, la première, s’est cachée derrière lui : "faire de la discrimination positive sur des bases tribales".
Vous l’aurez remarqué, les débats sur "la diversité" ne renvoient jamais aux origines sociales ou aux options idéologiques. Ainsi, quand le gouvernement annonce que "les médias doivent s’ouvrir à la diversité", il ne faut pas y voir la promotion de la pluralité d’opinions contre la pensée unique qui aujourd’hui les étouffe, mais bien une simple histoire de pigmentation de la peau des animateurs...
Même chose quand on propose d"ouvrir à la diversité les grandes écoles" : la diversité des origines sociales n’est pas le sujet. On ne parle en réalité que de taux de mélanine dans la peau. Ainsi, selon l’idéologie de la "diversité", deux élèves bourgeois dont l’un est blanc et l’autre est noir seront toujours préférables à deux élèves blancs dont l’un est fils de médecin et l’autre fils d’ouvrier.
Remplacer la diversité sociale et idéologique par la diversité tribale est une astuce assez subtile pour ne pas poser les vraies questions et y répondre par de vraies solutions, qui permettraient de décadenasser une élite dont le principal problème n’est pas la couleur de peau mais l’incroyable et suicidaire homogénéité sociale et idéologique ;
2. "Europe sociale" : défendre l’Europe sociale, c’est l’exercice auquel se livrent les socialistes français à chaque élection européenne depuis 20 ans pour mieux continuer à voter tous les Traités et toutes les directives le reste du temps.
Défendre l’Europe sociale, c’est l’arnaque électorale garantie. L’expression ’"Europe sociale" suffit d’ailleurs à alerter. Elle est tellement utilisée et usée depuis des années qu’elle doit immédiatement appeler la plus grande des vigilances.
En 1992, lors du référendum sur Maastricht, le PS nous promettait déjà "l’Europe sociale". Même chose aux élections européennes de 1994, 1999 et 2004, ainsi que lors du référendum sur la Constitution Giscard en 2005. L’élection européenne de cette année semble ne pas devoir déroger à la règle. Apparemment, "l’Europe sociale" fleurira de nouveau sur les panneaux électoraux de France cette année...
Rappelons pour ceux qui ne verraient pas l’arnaque que le PS, comme le Modem et l’UMP qui utilisent souvent la même ficelle, votent tous ensemble depuis des années l’intégralité des Traités ultralibéraux européens, ainsi que les directives qui en découlent, au détriment de nos services publics, de nos systèmes de soins et de retraite, de notre prospérité, et de notre liberté ;
3. "Moraliser le capitalisme" : alerte rouge ! Toute référence à une quelconque moralisation est le plus souvent le signe d’un renoncement, la marque d’une volonté de biaiser en feignant de changer alors qu’on ne s’en donnera pas les moyens. "Moraliser le capitalisme", c’est une manière de dire qu’on ne changera rien, et qu’on masquera ce conservatisme par un appel très incertain à une moralisation des pratiques plus incertaine encore.
Le capitalisme n’a pas besoin d’être moralisé ; il ne connaît d’ailleurs pas ces notions de moralité ou d’immoralité. Il ne connaît que la rentabilité.
Il a donc d’abord besoin d’être modifié en profondeur, par la régulation, la réglementation et la loi. Le capitalisme a produit une crise sans précédent parce qu’il a depuis 30 ans laissé les manettes à la finance mondialisée, évoluant à son gré dans un espace économique global sans frontières, dominé par l’idéologie du libre-échange et de l’affaiblissement des Etats et des nations.
Les vraies décisions sont donc à ce niveau là : retour sur le choix du libre-échange le plus débridé, affirmation du rôle protecteur des Etats-nations, rupture avec la spéculation généralisée, au profit de la production de biens réels.
Poser le débat en termes de moralité ou d’immoralité est une façon d’esquiver les vrais enjeux, pour ne pas avoir à prendre les vraies décisions utiles à tous, mais douloureuses pour ceux qui profitent à fond du Système en place.
Ce ne sont que trois exemples. Chacun pourrait en citer d’autres.
L’essentiel est d’être toujours vigilant, pour ne pas tomber dans les pièges qui nous sont tendus. Il faut tout simplement garder à l’esprit qu’un certain nombre de personnes ont intérêt à ce que rien ne change. Elles se donnent pour cela les moyens de détourner les opinions publiques des vrais sujets, et de brouiller leur perception des problèmes.
C’est, de leur point de vue, presque légitime. Ce serait en revanche une faute de notre part si nous nous laissions faire passivement.
http://www.levraidebat.com
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