Pour une gouvernance écolo-logique mondiale
Nous sommes le pire ennemi de la planète mais aussi son meilleur espoir....
car nous savons ce qu’il faut faire !
Que peut attendre l’écologie d’un écologisme qui oscille en permanence entre compromis et compromission ? La politique est-elle le bon vecteur pour promouvoir l’écologie ? Face à la démission des politiques étatiques, la solution ne serait-elle pas dans une Gouvernance Ecologique Mondiale ?
Et tout d’abord que recouvre l’écologie ?
Pour la grande majorité de la population, l’écologie concerne essentiellement l’environnement. C’est une vision très réductionniste de l’écologie, comme le rappelle sa racine éco (Oikos en grec), qui désigne l'ensemble des biens et des hommes rattachés à un même lieu d'habitation et de production.
Dès les origines, l’homme a dû composer avec son environnement pour assurer sa survie mais également celle du groupe. Toute pénurie alimentaire pouvait créer des tensions et conduire à un éclatement du groupe. La cohésion du groupe dépendait donc de conditions environnementales favorables.
Ainsi de tout temps, la relation entre l’homme et son environnement a influencé, voire réglementer, la vie en société. L’écologie ne peut donc pas être dissociée de la vie sociale. La fonction de cette écologie sociale est alors de réunir les conditions garantissant la satisfaction des besoins vitaux de chacun. Elle a pour mission de définir les priorités et les règles de partage équitable indispensables à un minimum de bien être, voire à la survie de l’humain, dans le respect de l’environnement. L’écologie sociale a ainsi pour responsabilité de veiller à rendre accessible à tous, ces priorités sociales que sont notamment l’eau potable, la sécurité alimentaire, l’éducation, la santé.
La mise en oeuvre de ces priorités sociales exige, en préalable, une prise de conscience généralisée de l’impératif d’un minimum d’équité dans les relations sociales et d’un respect de la dignité des personnes quels que soient les liens de subordination ou d’autorité.
C’est le rôle de l’écologie mentale que d’instiller dans les esprits cette prise de conscience visant l’égalité hommes-femmes, la non exploitation des enfants à des fins économiques, militaires ou illicites, la condamnation de toutes les pratiques inhumaines susceptibles de nuire à la santé, à la sécurité ou à la moralité (esclavage, servitude pour dettes, travail forcé, prostitution, travaux dangereux, etc.).
En se fixant sur la seule écologie environnementale à l’exemple de l’accord sur le climat (COP 21), les Etats ne se donnent pas les moyens de faire aboutir leurs résolutions. Il est urgent de comprendre, et surtout d’admettre, que ces écologies sociale et mentale ne peuvent pas résulter de l’écologie environnementale, mais que seul le processus inverse privilégiant les écologies mentale et sociale, permettra de sauver l’espèce humaine de cette fatalité délétère qui mine, épuise, pollue, et au final détruit son environnement vital.
Cette vision réductrice et obtuse de l’écologie n’est pas recevable et encore moins tolérable à l’aune de la mondialisation. Cet entêtement est d’autant plus incompréhensible que nombreux sont ceux qui reconnaissent qu’un changement profond de nos sociétés s’impose. Or cette mutation sociétale ne peut s’inscrire dans le cadre actuel de nos organisations étatiques désuètes, au fonctionnement totalement sclérosé par des pratiques contraignantes et des mentalités figées.
La mondialisation exige une approche globale écolo-logique associant le mental, le social et l’environnemental dans une même structure afin de libérer l’écologie du carcan sociétal, et qu’enfin, une réelle politique environnementale prenne corps.
Si le vieux rêve kantien d’une fédération entre Etats ayant pouvoir d’imposer à ses membres des règles juridiques communes a montré ses limites à travers des institutions telles que l’Organisation des Nations Unies (ONU), la Cour Pénale Internationale de justice (CPI), l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), l’Organisation internationale du Travail (OIT), c’est principalement en raison de la défiance que suscite toute contrainte extérieure interprétée comme de l’ingérence.
La frilosité des Etats à concevoir un Gouvernement mondial s’explique donc par la peur irréfléchie de perdre leur indépendance et de devoir se soumettre à un pouvoir central opaque incontrôlable. Mais cette peur est totalement illogique dans le contexte actuel où la mondialisation économique et financière les prive déjà chaque jour un peu plus de leur liberté d’action !
Face aux paradis fiscaux, aux délocalisations, au dumping salarial, aux marchés financiers, et en réponse à cette mondialisation de plus en plus inconséquente et irrespectueuse, « Lutter » et « Réguler » sont devenus les vocables les plus usités par tous ceux qui refusent de se réfugier dans une apathie ou un nihilisme dévastateurs.
Mais que peuvent espérer tous ces peuples et ces Etats, qui n’ont d’autres objectifs aujourd’hui que de s’opposer, et à qui on n’offre pas d’autres perspectives ?
Beaucoup s’accordent à reconnaître que la planète Terre et ses habitants sont dans une impasse. Doit-on pour autant adhérer à ce pessimisme ?
N’est-il pas temps d’envisager une « gouvernance mondiale écolo-logique » ; une structure se situant au delà des Etats et non au-dessus ; une structure associant la logique à la logistique ; une structure plus pédagogue que moralisatrice, pour que prenne corps enfin une mondialisation humaine respectueuse de la diversité et de la liberté des États ?
Il y a une contradiction dans le fait de laisser aux Etats le soin de faire évoluer les mentalités, sachant que les Etats ne disposent d’aucun pouvoir de coercition dans ce domaine qui relève exclusivement des libertés individuelles.
L’ambition des groupes et mouvements écologistes ne devrait-elle pas être de viser cette « gouvernance écolo-logique mondiale » qui lui donnerait l’aura et le crédit indispensables, plutôt que de s’obstiner à faire tapisserie dans des partis politiques englués dans des atermoiements et des compromissions qui laissent que peu d’espoir à un avenir écologique ?
Chantal Cottet
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