Présidentielles : la grande manipulation
Entre le CAC 40, la FNSEA, le Médef, la CGPME, la grande distribution et les Syndicats de police…, la marge de manœuvre des politiques est quasi inexistante et se réduit souvent à faire des promesses intenables au citoyen de base tout en continuant à satisfaire les appétits financiers ou idéologiques de ces solliciteurs. Cela nous donne une campagne présidentielles hors sujet et d’une médiocrité rarement vue.
Comment fonctionne le système ?
La décentralisation (autrement dit le saucissonnage des compétences) a une vertu essentielle, celle de diluer la responsabilité, notamment en cas de coup dur, mais ce n’est pas la seule. Par exemple, dans l’affaire des maisons de retraite Orpéa où l’on s’aperçoit que la maltraitance trouve sa source dans une course aux profits et dans la satisfaction des actionnaires. Qui est concerné et qui gère quoi en matière de personnes âgées ? L’Etat via les ARS, Les Conseils départementaux, et la Sécurité Sociale, qui ne contrôlent rien ou si peu, juste quelques indicateurs financiers bidonnés et rarement le confort des résidents, ou alors en prévenant du contrôle, ce qui laisse pantois.
Alors on feint l’indignation à tous les niveaux, en se renvoyant bien entendu la patate chaude et on promet, la main sur le cœur que « plus jamais ça », alors même que la canicule de 2003 avait déjà mis le doigt sur la maltraitance des personnes âgées, sans que rien ne change...
On nous annonce une enquête de l’IGAS et de l’Inspection des Finances dont on connait déjà les conclusions avec une demande de renforcement des contrôles dont on reparlera dans dix ans, sachant qu’il n’y a pas de volonté politique en matière de contrôle préventifs et inopinés : c’est mauvais pour le business…
L’irresponsabilité organisée
Difficile de savoir qui fait quoi dans notre pays faussement décentralisé, où se situent les limites des interventions de chacun, les chevauchements de compétences, les modifications de frontières administratives, comment et par quels processus compliqués de cofinancements, d’accointances politiques, d’interventions des lobbies et de dépendance technique et financière sont dépensées les ressources financières des différentes strates. L’Etat intervient aussi dans le jeu pour « inciter » les collectivités territoriales à suppléer ses propres carences comme c’est le cas en matière de sécurité (polices municipales) et imputer au contribuable local des dépenses régaliennes.
Et comme ni l’Etat, ni les collectivités locales ne peuvent rien faire ou presque les uns sans les autres, cela nécessite du personnel en doublons ou triplons qui font le même travail que leurs collègues d’une autre collectivité et tout cela demande du temps pour faire aboutir les projets, signer les conventions et répartir les coûts.
Parfois même, lorsque la décision est électoralement « sensible » (et c’est souvent le cas) on fera appel à un cabinet conseil ou à des « experts » sur lesquels les élus pourront se décharger de leur responsabilités en cas de bug, alors même que les fonctionnaires possèdent souvent les compétences pour aider à la décision.
Tout cela créé d’énormes coûts supplémentaires supporté par les contribuables (l’Etat a fait appel à des « stratèges » pour gérer la crise du Covid, par exemple).
Réformer le système, alors ?
Surtout pas ! Si le système est coûteux ce n’est pas « parce qu’il y a trop de fonctionnaires » comme le proclame la bonne Madame Pécresse (et elle n’est pas la seule).
Trop d’élus, trop de structures, alors ? La question ne sera jamais posée parce qu’elle arrange tous les partis politiques qui voient en cette dispersion en petites succursales locales l’opportunité de disposer d’un vivier d’élus et d’emplois et le clientélisme qui en découle.
C’est bien là que réside la seconde « vertu » essentielle de cette fausse décentralisation pour le système politique.
On crie donc haro sur les fonctionnaires (c’est pratique) sans se pencher sur les coûts engendrés par tout ce système, non seulement en indemnités mais aussi en terme de fonctionnement des assemblées avec le cortège inévitable de chargés de mission, de chef de cabinets ou encore de services de communication (chargés surtout de valoriser l’image des élus)…, sans parler des coûts parfois faramineux de projets délirants, et des coûts de fonctionnement futurs et des dossiers avortés pour lesquels on a payé des études.
Voici pourquoi nous assistons à cette campagne présidentielle indigente où l’on parle de tout, comme au café du commerce, sauf des préoccupations quotidiennes des français que l’on règle avec des chèques sans traiter le problème de fond. L’essentiel n’est pas qui sera le futur Président mais qui sera le prochain parti politique dominant dans le paysage national, celui qui dépensera le plus et fera vivre sa petite boutique. Là est le véritable enjeu de ces entreprises politiques qui nous mangent la laine sur le dos et font les beaux jours du système économique et financier. Le futur Président n’est rien d’autre qu’un produit d’appel.
Existe-t-il une différence entre M. Macron et Mme Pécresse, par exemple ? A part la couleur des vestes de la candidate LR, je ne vois pas, les deux programmes étant Médef-compatibles.
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