Prestation TV de Nicolas Sarkozy : une feuille de déroute pour Ségolène Royal
Le très attendu rendez-vous présidentiel a donné lieu à de multiples analyses. Invité de France Inter ce matin, Ségolène Royal, l’ex-candidate aux présidentielles a jugé très sévèrement la prestation du président de la République, se plaçant de fait comme sa première opposante.
Un an après, les duellistes restent les mêmes. Encore meilleurs bonifiés par le temps et l’expérience. Nicolas Sarkozy avait pour principal objectif de redonner du crédit à la parole et à l’image présidentielle. Pari réussit de ce côté là. Le verbe a été mesuré, l’humilité de façade employée à bon escient. Le décor, théâtral à souhait, sur fond de dorures et de rideaux rouges a donné à l’intervention une solennité que les frasques présidentielles précédentes avaient sérieusement altéré. La vie privée, le fait mérite d’être souligné, précautionneusement évitée.
Prestation en demi-teinte car sur le fond, l’exercice s’est révélé laborieux. Ses détracteurs ont retrouvé un président “plus ventilateur qu’efficace, qui veut faire tout tout seul” comme le déclarait, toujours sur France Inter, un électeur déçu du Sarkozysme qui concluait ses propos par un “j’ai peur qu’il se chiraquise”.
“Il était brouillon et hyperactif avant, il demeure hyperactif et brouillon après” s’amusent à relever certains éditorialistes de a presse écrite. Le Président l’a rappelé, toutes les cartes sont entre ses mains. Il est apparut comme un homme seul qui décide de tout, toutes les 30 secondes. Pas d’exercice collectif du pouvoir, les ministres et le premier d’entre eux ont à peine été évoqués, relégués à un simple rôle de “collaborateurs”. Alors quand il y a des couacs dans son équipe, le PDG de la maison France prend sa part de responsabilité. “La charge est lourde” reconnaît-il pour mieux donner de la gravité à la fonction aussitôt contrebalancé par un “mais je m’étais préparé à ça” qui se veut rassurant.
Derrière le décorum de circonstances, Ségolène Royal décèle un éternel candidat. “Il est en train de payer, la France avec, la masse des mensonges qu’il a proféré au cours de la campagne”, appuyant son affirmation sur la promesse du candidat Sarkozy sur la revalorisation de la prise en charge des prothèses dentaires et optiques.
Pour la socialiste, depuis un an, la France est tirée vers le bas, “Non, ça ne va pas mieux pour les français”. Et selon elle, ce n’est pas la faute aux chocs extérieurs qui touche tous les pays. Contrairement à Nicolas Sarkozy qui estime que la France s’en sort mieux que ses voisins, Ségolène Royal voit dans son premier bilan un échec grave.
La redistribution est coeur de ce divergences d’appréciation. Alors que le Président de la république revendique le paquet fiscal, malgré des erreurs de communication, et la mise en oeuvre future du RSA, Ségolène Royal accuse. “Il faut cesser de redonner à ceux qui sont les plus favorisés car c’est tous les ans”. Une injustice quand dans le même temps, le financement du RSA sera assuré par la suppression de la prime pour l’emploi, ce qui équivaut à ses yeux, à “une redistribution entre les précaires”.
Mal à l’aise sur le dossier économique et notamment la question du pouvoir d’achat, Nicolas Sarkozy est revenu sur le thème, porteur lors de sa campagne, du travail. “J’ai été élu pour réhabiliter le travail”, “le problème de la France, c’est qu’on ne travaille pas assez”.
Un peu court tout comme le rappel éculé à la faute aux 35 heures. Le dispositif des heures supplémentaires partie intégrante du “paquet fiscal” a perdu en crédibilité quand, à deux reprises, véronique Auger a rappelé que cela ne concernait que 30% des salariés et ne se traduisait que par une rallonge mensuelle de 50 à 60 €.
Pour Ségolène Royal, le discours présidentiel a été fait de “beaucoup d’approximations”. Insistant sur le fait “qu’une autre politique est possible”, le leader socialiste a noté qu’a défaut d’une feuille de route pour le Premier ministre, Nicolas Sarkozy a dressé une feuille de déroute. “Gouverner c’est dire la vérité et rectifier ses erreurs quand on en commet”.
La contrition affichée du président n’est aux yeux de la présidente de région qu’un simple effet de communication de quelqu’un “satisfait de lui”.
Insensible au storytelling présidentiel, Ségolène Royal a stigmatisé un président plus apte ” à raconter des histoires de tranches de jambon” qu’à s’expliquer sur la hausse des prix.
C’est au final sur le domaine réservé de l’Elysée que l’ex-candidate a été la plus cinglante, dénonçant en pesant soigneusement ses mots le fait que Nicolas Sarkozy se soit “couché” devant la Chine. En un an la gazelle est devenue lionne et signe son entrée parmi les grand fauves de la politique. Ceux qui, dans son camp, la prennent encore pour une oie blanche en seront pour leurs frais.
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