Privé de permis de conduire l’Etat ?
Au moment ou le chef de l’Etat se passionne pour le permis de conduire, des citoyens énervés se demandent judicieusement s’ils vont lui retirer le sien : celui de conduire l’Etat
Après l’affaire scabreuse de la viande Hallal, proposer aux électeurs de s’intéresser au permis de conduire, au moment ou l’économie du pays continue à s’enfoncer inexorablement, et au moment ou 1000 emplois continuent à être supprimés chaque jour (lien) les choix de sujet de campagne du candidat président sont de nature à surprendre l’électeur.
François Bayrou a tiré le premier, dénonçant les écrans de fumée agités par le président candidat, avec « l’affaire » de la viande Hallal, qui, si elle n’est pas pour autant un sujet anodin, ne devrait pas être un sujet majeur de la campagne. lien
Dénonçant aussi « l’affaire du permis de conduire » pour les mêmes raisons, alors que la crise de l’euro est relancée, et que les 1000 milliards d’euros investis par la banque mondiale n’ont manifestement pas eu l’effet désiré.
C’est en gros ce que déclare aussi Jean-Luc Mélenchon pour qui « Sarközi raconte n’importe quoi (…) il devrait parler travail, salaire, santé (...) pas ces sornettes que je le vois tenir hier ». lien
Eva Joly vient d’en remettre une couche déclarant que, « lorsque des témoins crédibles, qu’ils sont nombreux, ainsi que des présomptions concordantes et précises contre Nicolas Sarközi dans les affaires Bettencourt et Karachi », c’est une « anomalie de pouvoir solliciter un second mandat » quand on est cerné comme lui par « des affaires judiciaires ». lien
Marine Le Pen a une formule plus radicale, comparant le président candidat à un cancre qui « n’a rien fait de toute l’année scolaire » et qui tente de se racheter « à 15 jours du conseil de classe » ajoutant que les « français n’ont pas la mémoire d’un poisson rouge (…) et vont se souvenir des résultats calamiteux de Nicolas Sarközi ». lien
Hollande a analysé ce quinquennat qui selon lui aura été celui de la division, de la discorde, critiquant cette « manie d’opposer les Français » dénonçant la « stigmatisation de l’autre (…) des populations les plus fragiles, des chômeurs, des immigrés ». lien
Au-delà de ces tirs à boulet rouge sur celui qui prétend à un nouveau mandat, il n’est pas inintéressant de se pencher sur le profil psychologique des candidats.
Le journal « Le Point » a consacré un dossier complet sur le sujet afin d’étudier sous tous leurs aspects, les profils psychologiques des candidats à la présidentielles, et il mérite le détour.
Boris Cyrulnik, le célèbre neuropsychiatre range dans la catégorie des « traumatisés dans leur enfance » Sarközi, Marine le Pen et Bayrou.
Marine Le Pen fut traumatisée par un attentat contre son père le 2 novembre 1976, provoquant ce jour là sa métamorphose, volant au secours d’un père qu’on a voulu détruire.
Elle noie cette partie douloureuse de son enfance dans des fêtes en boites de nuit, et danse tellement qu’elle a héritée du surnom de « la night clubbeuse ».
D’après Cyrulnik « elle a besoin de se faire persécuter pour légitimer son agressivité ».
Bayrou, lui aussi a souffert d’humiliation lorsqu’il était enfant, malmené d’être qualifié « d’orateur » , donnant des discours lorsqu’il était écolier, et c’est peut-être cette blessure affective qui l’a rendu bègue à l’âge de 8 ans.
« Son désir d’utiliser la parole pour agir sur le monde mental des autres est si fort que son corps ne parvient pas à suivre », marque de fabrique de nombreux bégayeurs lorsqu’ils se mettent en colère.
Quand au candidat président, il se serait, d’après le psy, senti humilié d’être un enfant de divorcés, diminué par le manque de père, et par une mère le délaissant, se sentant inférieur à ses frères, toujours placé en bout de table, écrasé par le succès de ses copains de classe, plus élégants, plus drôles, plus riches, alors il cherche l’affrontement, souvent à ses dépens, ayant l’impression que « rien ne lui est donné » qu’il doit tout « arracher par la bagarre et le travail » et rêvant tout petit de devenir président pour compenser les humiliations de son enfance.
On comprend mieux son « cri du cœur » lorsque, s’adressant à ses militants, il a lançé son « aidez-moi ». lien
Joseph Messinger, décrypteur de ces gestes qui nous révèlent, s’est lui aussi attardé à ceux des candidats. lien
De « l’ancrage présidentiel de l’avant bras » au « reboutonnage de veston bayroutien », en passant par les « index amoureux » hollandais, les gestes de chaque candidat sont éloquents.
L’ancrage de l’avant-bras (lien) sarkozien est le réflexe d’une personne capable de se rebiffer quand on cherche à la mettre sous pression, indiquant le « refus de s’engager ».
Le reboutonnage de veston remarqué souvent chez François Bayrou, peut avoir plusieurs significations.
Si vous vous reboutonnez votre veston de la main gauche, sans vous aider de la droite, c’est signe « que vous ne vous sentez pas à la hauteur », mais si vous le faites de la droite sans vous aider de la gauche, c’est le contraire, mais si, comme le fait Bayrou, vous reboutonnez votre veston grâce à vos deux mains, c’est signe de contrariété, de perturbation.
Bayrou a aussi tendance à suçoter son majeur droit (ce qu’on appelle « le doigt tototte ») marque la volonté de « mettre de l’ordre dans un esprit en désordre », afin de récupérer « une confiance en soi malmenée ».
Dans un article ancien, (le parole silencieuse) j’avais évoqué le travail de Messinger, cet expert passionnant.
Pascal de Sutter, docteur en psychologie politique, dresse le portrait des principaux candidats à l’élection du 22 avril prochain.
Il décrit François Bayrou en « extraverti ambitieux », François Hollande en « accommodant agréable », Marine Le Pen en « dominante révoltée », Jean Luc Mélenchon, en « indigné susceptible », et Nicolas Sarközi en « dominant émotionnel ».
Sur celui-ci, il note que : « certains de ses traits sont à la limite du dysfonctionnement, évoquant une instabilité émotionnelle qui peut donner le pire comme le meilleur. C’est un narcissique compensatoire qui possède une grande capacité d’adaptation et de changement d’opinion. Ces profils compensent la perception plutôt négative qu’ils ont d’eux en se mettant continuellement en avant et en critiquant les autres. Sa communication non verbale traduit sa nervosité intrinsèque (…) vouloir dominer les autres semble inné chez lui, comme s’il souffrait d’une injustice originelle ». lien
Cet expert rejoint ainsi l’analyse faite par Boris Cyrulnik.
La stratégie d’intimidation lancée par Sarközi contre Hollande est tout à fait dans cette logique, puisqu’il déclare par presse interposée vouloir « lui sauter à la gorge », « l’exploser », « le réduire en miettes », « l’atomiser », en souvenir manifestement des récréations où ce bagarreur né cherchait l’affrontement, sans résultats toujours positifs, s’il faut en croire l’analyse faite par Cyrulnik.
Il montre ses muscles, comme s’il allait monter sur un ring, mais le débat risque de ne pas s’en trouver grandi.
Il tente, manifestement en vain, de faire passer Hollande pour un lâche qui refuserait l’affrontement, mais pas sur que les français soient dupes, comme l’écrit Anna Cabana, grand reporter au « Point ». lien
D’ailleurs, le temps semble se gâter pour l’autocrate président puisque Anne Lauvergeon, l’ex-patronne d’AREVA, balance grave sur son compte, l’accusant de l’avoir poussé à vendre du nucléaire à des pays peu recommandables.
Il lui aurait confié ne vouloir faire qu’un mandat, préférant aller chercher fortune chez son copain Bouygues.
Dans son livre récent « la femme qui résiste », elle raconte l’offre présidentielle qui lui proposait un ministère : « il ne composait pas un gouvernement, il recrutait pour un casting ».
Elle lui reproche aussi d’avoir « laissé s’organiser un système de clan, de bandes et de prébendes » dans la filière nucléaire française, et « de vendre du nucléaire à des pays où ce n’est pas raisonnable » citant par exemple la Libye de Kadhafi, déclarant : « l’état, censé être plus responsable, soutenait cette folie. Imaginez, si on l’avait fait, de quoi nous aurions l’air maintenant ?! » évoquant l’insistance présidentielle à laquelle elle ne regrette pas d’avoir résisté. lien
Et puis les affaires Karachi et Bettencour refont surface, de nouvelles preuves accablantes étant récemment révélées, (lien) concernant le financement de la campagne Balladur, dont s’étaient occupé activement à l’époque Nicolas Bazire et Nicolas Sarközi. lien
15 personnes y ont trouvé la mort, et il parait difficile d’en faire l’impasse.
Pour l’instant le candidat président pratique une technique en 3 points, l’esquive, le démenti, et l’explication imprécise, sans grand succès. lien
En attendant, l’autocrate président, impatient de voir « les courbes se croiser », doit être dépité de revoir Hollande reprendre l’avantage dans les sondages, (lien) constatant en même temps la montée évidente de Mélenchon, car comme dit mon vieil ami africain : « ce n’est pas l’Etat qui appartient au prince, c’est le prince qui appartient à l’Etat ».
L’image illustrant l’article provient de « poliblog.canalblog.com »
Merci à Corinne Py pour son aide efficace.
Olivier Cabanel.
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