PS à la Rochelle : Armistice et vieilles recettes
Attendue avec gourmandise par l’ensemble des journalistes politiques, l’Université d’été du Parti Socialiste en aura sans doute déçu plus d’un : silence dans les rangs, tel était le message, largement respecté par les ténors du parti. Mais cette pause dans la guerre des chefs s’est faite au moyen d’un repli sur soi politique et idéologique qui augure de négociations difficiles avec ses alliés potentiels.
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La contestée première secrétaire du PS était attendue au tournant : après l’échec des européennes, comment ne pas faire de l’Université d’été de la Rochelle le tombeau du Parti Socialiste… Il faut dire que l’expérience de l’année précédente avait été dramatique : entre petites phrases et coups de poignards, l’Université d’été 2008 du PS avait fait les délices des journalistes et de la majorité, et totalement déconsidéré le parti aux yeux de ses militants et électeurs.
Alors que le débat sur les alliances et les primaires pourrissaient la vie du PS depuis des semaines, Martine Aubry choisissait d’évacuer ces thèmes explosifs de la Rochelle dès son discours inaugural : les primaires ? Les militants trancheront en octobre. Les alliances ? Il suffit que nos alliés adhèrent au projet du PS, qu’ils nous soutiennent dans toutes les élections, qu’ils prennent leur carte PS en précisant « tendance Aubry » et bien sûr ils seront les bienvenus. Et de compléter ce discours par ce maitre-mot : la rénovation (pas de congrès du PS sans cet épithète essentiel), plus tard (2010, 2011…).
Les sujets qui fâchent ayant ainsi été prestement évacués, l’ensemble des ténors du parti socialistes pouvaient faire assaut d’amabilités entre-eux, dans l’espoir de redorer un peu l’image passablement écornée d’un parti politique uniquement réputé pour ses querelles internes. Et l’on allait donc ainsi pouvoir se concentrer sur le fond, sur ce fameux projet socialiste et sur ces idées novatrices d’un parti célèbre pour ses intellectuels.
Hélas, mille fois hélas. Si le discours de clôture de Martine Aubry ravira sans nul doute une majorité de militants traditionnels par son ancrage dans une vision très classique du Parti Socialiste, les électeurs en attente de rénovation justement auront eu la bizarre impression de revoir un épisode d’une vieille série des années 80 : emplois-jeunes aidés, prime (sous la forme d’un remboursement de TVA) aux ménages modestes, allocations familiales maintenues pour les enfants de plus de 20 ans, mise sous tutelle des entreprises qui délocalisent…
Les vraies idées innovantes, il aura fallu les chercher dans le discours de Vincent Peillon lors de la séance plénière « La crise, et après ? » : changer d’indicateurs afin de ne plus mesurer la croissance par le simple accroissement de richesse, soutien à la proposition de Pascal Lamy sur la nécessité d’une puissance publique internationale ayant pouvoir de sanctions, limitation des écarts de salaires de 1 à 30 dans les entreprises, création d’une fiscalité discriminatoire sur les plus-values boursières à court-terme, soutien à la proposition des écologistes de création d’une taxe Tobin pour financer les efforts des pays en voie de développement pour limiter leurs émissions de CO2… Toute une série de propositions compatibles avec les projets des écologistes et du MoDem, et qui pour cette même raison seront sans doute enterrées. Car après la « claque » donnée à toute idée d’accord avec le MoDem lors du discours inaugural de Mme Aubry, c’est un violent coup porté à la possibilité d’alliance avec les écologistes qui était adressé par les prises de positions socialistes contre la taxe carbone. La réponse de Cécile Duflot, qui intervenait lors d’une séance sur « Pensez l’avenir » était on ne peut plus claire : pour la secrétaire nationale des Verts, « la fiscalité écologique est une nécessité, et ceux qui s’y opposent sont des démagogues face au mur de la réalité ».
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