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PS : en route vers la clarification

 

Du débat jaillit la lumière. Quel socialiste ne connaît pas cette maxime célèbre de Jean Jaurès. Quel socialiste ne serait pas légitimement en proie aux doutes et aux angoisses s’il s’en tenait à la majorité d’une presse qui ne parle que de chaos alors que de celui-ci semble se profiler la clarification si attendue dans le grand malstrom socialiste. Le train de l’histoire est passé à Reims. Si trois passagers sont montés, un seul arrivera au terminus.

Ségolène ou Martine, Martine ou Ségolène. Le combat s’avère rude mais, il l’a toujours été dans la vieille maison socialiste. Pas plus, pas moins que lorsqu’il opposait la gauche dite moderne de Michel Rocard à celle décrite comme classique ou archaïque de François Mitterrand. Ne dites surtout pas à l’ancien Premier ministre qu’il présente des analogies avec Ségolène Royal, sa santé risquerait d’en souffrir. Pourtant, le choix qui va être proposé aux militants les 2O et sans doute 21 novembre prochain, sera du même acabit. Deux conceptions de la politique totalement opposées et incompatibles sont en lice.

L’une, celle de Martine Aubry, est porteuse de la nostalgie d’un parti socialiste du XXéme siècle discipliné, verrouillé, laborieux. L’autre fait place à la fantaisie de l’air du temps, à l’ouverture et surtout aux médias. Mais, contrairement au choc Rocard-Mitterrand, l’avantage devrait revenir à la modernité grâce à la suprématie de l‘arme médiatique sur l’arithmétique des réseaux.

L’épisode de la carte à 20 € était annonciateur du choix présent. Quelle dimension souhaite-t-on donner au parti socialiste ? Une taille réduite savamment contrôlée pour les partisans de Martine Aubry. Une maison portes et fenêtres grandes ouvertes pour Ségolène Royal. Le choix n’a rien d’anecdotique. L’arrivée massive de nouvelles têtes dans les sections prônée par Ségolène Royal bouscule des équilibres savamment entretenus, des répartitions de pouvoir toujours délicates en vue de l’obtention de fauteuils ou de strapontins. Elle est souvent ressentie de façon douloureuse, comme une dépossession, par les « vieux » militants qui s’estiment seuls légitimes car titulaires d’une culture politique. Dans ce schéma, le nouvel arrivant, au lieu d’être le bienvenu, est toujours perçu au départ comme suspect, dérangeant.

Ségolène Royal propose de mettre un coup de pied dans ce système ronronnant qui a défaut de faire du PS un parti de gouvernement en a fait une machine à gagner au plan local. Devenu au fil du temps un parti de notables et d’obligés le PS s’est peu à peu coupé du monde réel. Singulièrement, c’est par le virtuel, la technologie de l’image et de l’internet que Ségolène Royal a réussi à retisser des liens. Il existe de ce côté-là, un phénomène Royal. L’ex candidate aux présidentielles est l’une des rares femmes politiques capable de drainer des foules et paradoxalement, cette qualité est ressentie comme gênante par son parti.

Dans ce clivage générationnel, Ségolène Royal joue le rôle d’un éléphant dans un magasin de porcelaine, abordant sans tabou et parfois sans finesse, des sujets qui constituaient jusqu’à présent le fonds de commerce socialiste. Face à elle, Martine Aubry a beau jeu de se poser en gardienne du temple, en rempart pour défendre la vocation sociale de la gauche traditionnelle à moins que ce ne soit traditionaliste : les syndicats, les associations… Ce sont malheureusement tous ces piliers qui aujourd’hui vacillent et, les incantations, même fortes, ne sauraient suffire à elles seules à les sauver.

Un monde ancien s’achève et un nouveau reste à inventer. Ségolène Royal l’a mieux que les autres pressenti. Le fait qu’un accord ait été trouvé entre les représentants de la motion Royal et ceux de la motion du pôle écologique, la vraie nouveauté de ce congrès, est symptomatique. Les représentants du pôle écologique justifient cet accord par le fait que Ségolène Royal incarne un renouvellement dans les pratiques et que son score en tête dans le vote des motions lui donne une légitimité à constituer autour d’elle une majorité.

Contrairement à l’appel au compromis lancé par Bertrand Delanoë, Henri Emmanuelli, au nom de la motion Hamon, a demandé avec insistance une clarification « Nous ne devons pas nous reposer sur une ambiguïté », « Oui, nous avons besoin d’un ligne politique claire et d’un projet qui soit lisible mais aussi, d’un renouvellement » et surtout, de « passer aux actes ».

Les opposants à Ségolène Royal ont essayé de revêtir cette clarification des habits de la question des alliances, allant jusqu’à avancer que, ce sont les alliances qui donnent ou qui retirent de la crédibilité à une ligne politique. C’est vrai lorsqu’on est la force d’appoint. Ca l’est moins, lorsqu’on est le noyau central qui donne l’impulsion.

Il reste que si le vote des militants va illustrer un choix, celui-ci risque d’être en opposition avec la structure du parti, le Conseil National. L’introduction en 1995 par Lionel Jospin du vote des militants sur la personne du Premier secrétaire avait pour objectif de faire ratifier le choix du Premier secrétaire qui résulte du Congrès. Pas de trancher ce que le Congrès n’a pas permis de trancher. Or, dans le cas présent, on pourrait bien se trouver dans le cas de figure d’une Ségolène Royal élue par les militants comme Premier Secrétaire et un Conseil National (où elle ne pèse que 30%) hostile.

Consciente de ce risque Ségolène Royal a dévoilé avec « bravitude » devant les délégués son arme de dissuasion à savoir la possibilité de consulter directement les militants sur des orientations stratégiques telles que celles des alliances. L’enjeu du vote de ce jeudi est aussi là, savoir si le pouvoir au sein du PS doit rester aux mains des apparatchiks ou s’il peut glisser du côté des militants.


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14 réactions à cet article    


  • O.Z.Acosta 18 novembre 2008 10:44

    Non SR est finie au PS, si elle aime tant Bayrou qu’elle aille le rejoindre il se sentira moins seul.

    Elle as réussi a perdre une éléction présidentielle gagné a coup sûr, face à un NS démago et fleurtant avec le parti qui est un peu a sa droite.
    Elle as perdu car elle à refusé l’aide du parti, en renvoyant les tenors du parti. Elle voulait se démarquer du parti mais elle n’a jamais réussi a confirmer sa canditature.
    Bref elle as fait une campagne présidentielle vraiement lamentable car elle voulu jouer sur le terrain de NS et de FB.

    Les tenors du parti lui font payer le fait quelle a defendu un projet auquel elle ne croyais pas. Un projet voté par les mêmes militants socialistes.

    pour ma part j’ai quitté le PS à cause de SR, et n’y reviendrais pas.

    Je ne voterais plus jamais Socialiste au niveau nationale ( traité simplifié je n’oublie pas ....) car quitte a voté a droite, bah je vote pour quelqu’un qui est dans un parti de droite.

    SR a trahie, quelle paie. Un peu comme LF qui paie toujours un sang contaminé pour lequel il n’est pas coupable.

    Z


    • stephanemot stephanemot 18 novembre 2008 11:10

      encore un poeme a l’honneur de

      La madonne des sleeping citizens

    • spartacus1 spartacus1 18 novembre 2008 10:56

      Quel devrait être le but d’un parti de gauche ?

      S’agrandir, par exemple par le biais de cartes à 20 euros, devenir un club électoral pour permettre à des caciques d’être élus ? Que ces caciques s’appellent Ségolène, Martine ou Bertrand, ils n’ont (à l’instar de Sarko d’ailleurs) qu’une seule obsession en tête : rafler le plus possible de places pour satisfaire leur égo et, sans doute, liquider quelque troubles psychologiques liés à la petite enfance.

      Pour moi, l’ambition d’un parti de gauche n’est pas de prendre le pouvoir à tout prix et, surtout, pour, une fois ce pouvoir conquis, simplement se contenter d’appliquer quelqes baumes calmants sur les plaies les plus criantes générées par une organisation sociale fondamentalement injuste. Être de gauche, ce n’est pas faire partie d’une espèce de Croix-Rouge sociale.

      L’ambition doit être plus grande. Il faut renverser cette société injuste et la remplacer par une société meilleure. Certains, pour se faire prônent la révolution. Je ne pense pas (malgré mon pseudo) que ce soit une solution valable, les sociétés actuelles sont beaucoup trop interconnectées, beaucoup trop techniques (pensons simplement à une interruption totale, de 48 d’alimentation électrique), une révolution pourrait se traduire rapidement en termes de famine, dans les villes tout au moins.
      Non, la bonne solution me parait être le réformisme, mais un réformisme tendant à la destruction du système actuel par de véritables réformes. Pour atteindre ce but, il existe de multiples moyens, le moyen électoral n’en est qu’un parmi d’autres.

      Alors, ramener ce devrait être le combat d’une gauche ferme à des conflits de personnes, c’est vraiment petit et mesquin.


      • Voltaire Voltaire 18 novembre 2008 11:03

        Erreur de titre : l’auteur aurait dû indiquer "En route vers la confusion". Car il est inutile de se voiler la face : qui que soit le (la) vainqueur, les luttes internes se poursuivront tant les haines sont devenues le seul enjeu. Le PS continuera donc de montrer un spectacle pathétique, et ses électeurs de fuir à sa gauche ou a sa droite, où deux alternatives sociétales crédibles sont apparues.

        Si Mme Aubry l’emporte, nous assisteront à un second tour Bayrou-Sarkozy en 2012, le premier étant afdfaiblit par l’absence d’alliés potentiels. Et si Mme Royal l’emporte, sans doute à un remake de 2007, sauf si Bayrou coiffe Royal au poteau du premier tour. Mais même ainsi, le président sortant partira avec une sacré longueur d’avance. 


        • LE CHAT LE CHAT 18 novembre 2008 11:12

          @voltaire

           à moins que Sarko passe dès le premier tour , tout devient vraiment possible face à de tels incapables !


        • ARMINIUS ARMINIUS 19 novembre 2008 09:05

          Arrêtez de nous gonfler avec des projections sur les présidentielles 2012, d’ici là il reste beaucoup d’eau à couler sous les ponts. Après l’élection "dans un fauteuil" de Sako, n’oublions pas son record toutes catégories de chute dans les sondages. Son électorat trahi par des promesses sociales non tenues, par sa charité bien ordonnée dans la redistribution des richesses, par des annonces et fanfaronnades non suivies d’effet, par l’esprit teigneux et revenchard dont il fait preuve par rapport à ses ennemis ( Attias, Villepin etc...) le cantonne en moyenne à 32% d’opinions favorables, il faudra qu’il innove pour qu’en 2012 il nous persuade que " le nouveau Sarkozy est arrivé", quoique, si on compare avec le Beaujolais nouveau, un produit de plus en plus dégueulasse, mais qui continue à séduire les gogos, on puisse parfois avoir des doutes...


        • LE CHAT LE CHAT 18 novembre 2008 11:11

          c’est plutôt la déroute dans un flou le plus complet , on ne sait toujours pas quel est le programme du PS et où il va ! Devant un socialisme de posture avec Blum et Jaurés à l’affiche et derrière un pugilat pathétique d’égos veillant jalousement sur leurs fiefs d’élus locaux .


          • geo63 18 novembre 2008 12:12

            Bonjour Henri Moreigne. On peut être d’accord avec votre analyse toujours sereine des choses du PS, ou bien ne pas apprécier. En ce qui me concerne, je voudrais simplement ajouter que j’ai entendu ce matin SR sur France Inter et manifestement elle se "débrouille" bien. Tous les machos qui la traitent de "nunuche", "décérébrée"...etc devraient bien essayer de gagner en objectivité.

            Ceci dit, comme certains commentaires le laissent entendre, quel que soit le résultat la suite sera féroce !

            Une simple remarque pour terminer, l’immense "merdier" médiatique s’agite actuellement pour un vote qui concerne une fraction epsilonesque des Français, mais oui !! On fait même voter par sondages, les sympathisants socialistes, les Français tout court etc...Quelle pitrerie et pendant ce temps là, l’Assemblée Nationale "respecte" une minute de silence à la mémoire de Jean-Marie Demange (voir le papier de Imhotep).


            • Forest Ent Forest Ent 18 novembre 2008 12:29

              En étant un peu optimiste, ce qui n’est pas trop mon style, on peut espérer que Ségo soit cramée et que le PS opère un recentrage à gauche. Dans ce cas, la question du leader reste. Aubry ou Hamon ? Il me semble qu’il y a effectivement un risque de voir les éléphants privilégier Aubry par solidarité, sans qu’elle ne soit pour autant la mieux placée pour représenter l’avenir du parti.


              • bernard29 bernard29 18 novembre 2008 15:02

                Oui c’est un travail de clarification.

                Ségolène Royal fait ce trés gros travail de clarification, de responsabilisation au sein de ce parti qui en a terriblement besoin.

                Si elle gagne le secrétariat national, elle aura parachevé un parcours admirable de ténacité, de déterminaton mais aussi de savoir faire politique. C’est pas donné à tout le monde de réussir à bousculer une organisation telle que le PS.

                Si elle perd cette élection interne, le PS sera pire qu’auparavant puisque tous les caciques et vieux pontes plus ou moins dépassés auront montré leurs vrais visages et leurs mesquineries qui le déconsidérera dans l’opinion, et le rendra inapte à postuler en 2012. Et Ségolène pourra sereinement monter son "écurie" présidentielle pour 2012..


                • Foudebassan Foudebassan 18 novembre 2008 20:32

                  ....Et Ségolène pourra sereinement monter son "écurie"
                  Mouton comme vous êtes, "bergerie" plutôt


                • Foudebassan Foudebassan 18 novembre 2008 18:01

                  "ce système ronronnant"...elle en a bien profité la Royal ! Entrée au PS en 1978, cela fait tout de même 30 ans qu’elle parade ! Comme renouveau, y a mieux !


                  • Stoïque 18 novembre 2008 23:22

                    Avec 47% des voix en 2007, SR n’a pas fait vraiment mieux que Mc Cain en 2008 et personne ne songerait à représenter Mc Cain aux USA en 2012....

                    SR, intronisée dans un premier temps par les médias, donc de droite smiley, s’est fait ensuite démolir par les mêmes et je ne vois pas, après ses derniers shows, ce qui pourrait la faire plus apprécier d’une majorité de français dans le futur, bien qu’elle serait absolument moins dangereuse que Sarko pour les français.

                    Une ou deux années de poudre aux yeux aux français par Sarko avant les prochaines élections et la partie ne sera alors pas forcément gagnée pour le candidat de l’opposition, s’il n’a pas une stature plus crédible que celle de Ségolène
                     


                    • vivelecentre 19 novembre 2008 06:58

                      Hamon que l’on apprend a connaître ces temps ci du fait d’une présence médiatique forte se découvre insupportable de morgue et de suffisance.

                      Inconstestablement , il fait parti de ces gens qui sont convaincu de détenir LA VERITé même si la plupart de ses positions sont archaïques, utopique et complètement irréaliste dans le monde d’aujourd’hui( protectionnisme, repli de la France, secteurs contrôlés par l’état etc )

                      Le discours a souvent des accents "besansnien" , cette pale copie tout au plus révèle le malaise des socialistes sur l’émergence du facteur de Neuilly

                      Alors certes, les autres candidats auront du mal a rassembler a nouveau le Ps, mais Hamon est emblématique de ce qui placerait pour longtemps le ps dans une opposition peu crédible et laissant tout la chance a l’instauration durable d’une (ou plusieurs ) autre formation sociale démocrate

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Henry Moreigne

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