On serait tenté d’ajouter :

"Comme dans les avions qui ont été détournés le 11 septembre 2001..."

Dans la tourmente, la droite et le patronat font bloc autour de leur chef. Ils seraient bien ingrats, les bougres !

De 1993 à 1995 sous le gouvernement Balladur, Nicolas Sarkozy fut un efficace ministre du Budget qui participa au mécano des privatisations avec les fameux "noyaux durs"... Il fut aussi le ministre de l’Economie du couple Chirac-Raffarin, qui prépara les privatisations d’EDF et de GDF...

Depuis l’élection présidentielle, tout allait bien pour lui : fin des 35 heures, paquet fiscal, loi SRU vidée de sa substance, ouverture des chemins de fer à la concurrence, RGPP, privatisations, réformes des universités et des retraites, franchises médicales, préparation de la privatisation de La Poste...

La droite triomphait et imposait les privatisations et la dérégulation à marche forcée. A tel point que Fillon, en juin dernier, déclarait :

"Nous avons gagné la bataille idéologique. Nous sortons du relativisme culturel et moral que la gauche française des années 1980 avait diffusé dans le pays. (...) Pour la gauche, le progrès ne peut que prendre le visage du refus du libéralisme, de la compétition et de la mondialisation."

Le chef de l’Etat, lui-même, en, juillet dernier, sortait de sa réserve présidentielle au conseil national de l’UMP :

"La France est en train de changer. (...) Elle change beaucoup plus vite et beaucoup plus profondément qu’on ne le croit. (...) Désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s’en aperçoit."

La droite était sur son petit nuage. Appliquant à la lettre les dogmes de l’idéologie néo-libérale, elle n’a pas vu venir le krach. Elle a ensuite tenté de minimiser ses effets. Et aujourd’hui, le pouvoir exécutif organise réunion de crise sur réunion de crise pour donner l’impression de sa maîtrise des événements...

Le pouvoir s’agite à défaut d’agir !

Et depuis quelques jours, c’est cette droite qui affirme que la France est mieux armée que les Etats-Unis ou l’Angleterre...

C’est bizarre, pendant plus de vingt ans, Sarkozy et les siens ont dit justement le contraire... La France était en faillite. La France était bloquée par des règles trop contraignantes...

Depuis des années, certains intellectuels, patrons et économistes envahissaient les médias sur le thème du déclin de la France.

Alors donc, en situation de crise internationale, c’est cette France-là qui va mieux résister au krach que les autres comme les modèles américains et anglais ?

Soit le pouvoir exécutif raconte des sornettes, soit il ne contrôle rien puisqu’il ne cesse de se contredire...

A l’instar de cette déclaration de Fillon qui date de lundi 30 septembre :

"La situation réclame du sang-froid, de la ténacité. Elle réclame aussi de l’unité nationale."

D’un côté, le pouvoir exécutif affirme que l’économie française et ses banques sont fortes, mais, de l’autre, il réclame une sorte d’union nationale comme si la patrie était en danger ! Comprenne qui pourra...

D’ailleurs, pour celles et ceux qui ne comprennent pas, le Premier ministre ajoute :

"le sens de l’intérêt général doit l’emporter sur celui des intérêts particuliers, la volonté d’unir nos forces et nos idées doit supplanter le goût de nos divisions."

Quel lyrisme !

Unir nos forces avec la droite néo-libérale, ça ne ressemble pas au baiser de la mort au moment où elle s’apprête à prendre les économies du livret A, destinées au financement du logement social, pour sauver du désastre des banques privées ?

Les 15 milliards du cadeau fiscal auraient pu servir à ça, à relancer l’économie, à financer les retraites ou la Sécurité sociale... Tout cet argent aurait pu servir l’intérêt général.

Elle est belle la victoire idéologique de la droite...

Au fait, ce n’est pas la droite qui affirmait, sous couvert de pragmatisme, que notre système de retraites avait besoin d’une bonne dose de capitalisation ? Pour bien répondre, regardez de l’autre côté de l’Atlantique...