Quand Bayrou cherche à séduire Hollande
Invité du Grand journal de Canal le 19 octobre au soir le candidat du modem s’est essayé à un argumentaire de séduction à l’attention de François Hollande tout en cherchant à se démarquer du projet socialiste. Exercice en casuistique moyennement convainquant annonçant une stratégie de rapprochement vis-à-vis du PS dont il reste encore tout à inventer en termes d’argumentaire.
Arrivé troisième au soir de la présidentielle de 2007 François Bayrou aurait dû choisir entre le candidat PS et celui de l’UMP. A l’époque il s’y été refusé, pensant y gagner davantage que dans une prise de position claire et précise.
Avec le recul le calcul s’est avéré faux, son indécision d’alors lui ayant desservi plus qu’elle ne lui fut utile. Aujourd’hui il sait qu’en 2012 il lui faudra choisir.
Mais conscient qu’un ralliement à Sarkozy serait difficile tant ses critiques à l’adresse du chef de l’Etat ont été violentes, le leader du Modem cherche à se rapprocher à pas comptés du PS.
L’exercice est difficile car le Modem est à l’origine un parti de centre droit dont, il est vrai, les électeurs ont eu tendance ces quatre dernières années à voter en priorité pour un PS recentré que pour un UMP droitisé.
Mais tout de même un chrétien démocrate appelant à voter pour le PS, voilà une révolution dont Bayrou pose peu à peu les jalons d’ici à 2012.
Pour preuve cette suite d’appels du pied adressés non au PS, mais à son candidat. S’en suit une improbable scène de séduction d’un futur candidat (Bayrou) ne tarissant pas d’éloges sur un autre candidat (Hollande) tout en critiquant ouvertement le parti de ce dernier.
A cela une formule un peu schizophrénique d’un Bayrou affirmant se trouver des « points de rencontre » avec le candidat Hollande, là où, selon le leader du Modem, le PS se caractérise par le caractère « insoutenable » de son projet. D’où l’invitation faite à François Hollande de chercher à davantage être le candidat de ses propres particularités plutôt que celui de son propre parti.
Posture d’équilibriste insoutenable en plus d’être improbable. Mais première approche franche de Bayrou à l’attention de qui se trouvera sur sa gauche lors de l’entre-deux-tours de la présidentielle à venir.
De quoi présumer un peu plus des difficultés à venir pour Nicolas Sarkozy dans l’élection qui s’annonce ? Oui, quoiqu’en oubliant un peu vite qu’un électorat n’appartient jamais à qui le convint sur un premier tour. Oui encore mais à la condition d’admettre que Hollande puisse être autre chose que le défenseur du projet socialiste qui fait tant peur à François Bayrou
Bref dans l’hypothèse où François Bayrou fasse troisième au sortir du premier tour de la présidentielle tout son argumentaire de ralliement d’entre-deux tour reste à construire.
Anthony Rigot
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