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Quand les ex-PP critiquent le populisme ou les fables de la politique belge

"Autant que vous le sachiez, vous êtes déjà populiste".

Mon smartphone tombant fallacieusement parterre comme celui de la discussion Lejeune-Martin, le dernier appel entrant se recomposa tout seul. Toute cette technique moderne rebelle…Une heure avant, c'était un nationaliste qui m'avait téléphoné pour me demander ce que je pensais des multiples tentatives de la droite belge se donner un sens à son existence.

Certes, le sujet me sembla tellement hilarant, que je lui avais poliment répondu qu'il faut plutôt téléphoner à un expert en physique atomique, pas à moi, peut-être il pouvait donner une explication au mouvement brownien de l'extrême droite francophone belge. Mais que, même si mes cours de physique remontaient quand même à une époque révolue, je gardais à l'esprit au moins l'expérience de Schrodingen. Le chat enfermé dans une boîte, mort et vivant à la fois, me sembla une comparaison réussie de l'état de ces partis. 

Grande fut donc ma surprise de tomber par hasard, grâce aux caprices féminins d'un smartphone, sur une conversation étonnante, où je reconnus la voix de Mr. Aldo Michel Mungo, jadis le coordinateur général du Parti Populaire, section Bruxelles. Mr. Mungo, actuellement au mouvement les Résistants, dans un (nouvel) élan électoraliste, tenait un discours à relents de déjà vu : stop au multiculturalisme (ça sonne déjà connu ?) qui ne serait que bi-culturalisme:le monde occidental et le monde islamique (les autres civilisations du monde seraient ravies d'apprendre que la Droite les sort déjà de l'Histoire, depuis Dakkar, pour faire de la place à l'Homme blanc). Cela leur évite convenablement de parler d'autres problèmes plus aigus : emploi, redressement de l'économie, solutions pour la crise etc.

 L'intervenant fait semblant d'oublier qu'actuellement, il n'y a plus grande populisme que de parler de l'islamisation de la société. Les démagogues de droite veulent faire en sorte que près du sapin de Noël il n'y ait que des mendiants blancs, de pure souche belge. J'ai été particulièrement amusée par la remarque de l'orateur à l'autre bout du fil, pourtant militant fervent pour une société laïque : "Pour ma part, je considère qu’il faut en terminer avec les chapelles politiques, l’heure est à la construction d’une cathédrale". Je ne pouvais qu'apprécier le langage à connotation religieuse d'un athée déclaré. Je ne suis pas croyant, Dieu merci...

 L'intervention grandissant en intérêt, je continuais à écouter la conversation le souffle coupé de la découverte de "nouvelles" idées : nous sommes tous en danger, demain ce sera trop tard, l'Islam nous guette (il a été devancé par la crise, mais ça...) les états d'âme ne sont plus de mise etc. De battre, mon coeur s'est arrêta quand Mr Mungo parla à ses auditeurs émerveillés de la devise des 3 Mousquetaires, qui étaient en fait quatre : « Tous pour un, un pour tous ». Facile à dire, car heureusement pour les lecteurs de droite, les 4 mousquetaires étaient tous Blancs (et Catholiques, pour ceux qui s’y intéressent), plus ou moins fidèles au Roi, mais très dévouées aux femmes de sa Cour.

Mais les lecteurs qui déclarent en guise de programme politique que seule notre civilisation occidentale est universelle, ignorent sans doute que le même Dumas avait un aïeul Noir, à qui probablement on avait servi le même argument de la suprématie culturelle occidentale. Taquiné souvent pour ses racines non-occidentales (donc pas de valeur ?), Dumas répondait avec humour « Mon père était un mulâtre, mon grand-père était un nègre et mon arrière-grand-père était un singe. Vous voyez, Monsieur : ma famille commence où la vôtre finit ». Après 20 ans, l'extrême droite c'est toujours la Cour des Miracles. Richelieu dominerait encore le Royaume si ses adversaires étaient à l'image des nationalistes. Milady vivrait encore.

Fermant cette parenthèse, j'attendais toujours que Mr Mungo passe de la littérature discursive au concret, dire ce qu'il compte réellement faire pour sauver la Belgique, à défaut de trouver un Richelieu à droite. Mon attente fut tristement déçue, rien de tangible, juste de belles phrases rondes et fleuries, pleines de verbes à l'impératif (il faut, nous devons etc).

Le discours prit par endroit des nuances de règlement de comptes avec les populistes, dont Mr Mungo est pourtant issu. Demander au PP pour plus de renseignements, car ce parti affirme avoir mis à la porte Mr Mungo, parce qu'il "ne correspondait pas au valeurs éthiques du parti" (voir le journal le Soir du 02 juin 2010), tandis que l'intéressé affirme au contraire avoir quitté le PP de plein gré, jugeant ce parti « irresponsable et immature » et critiquant l’amateurisme politique de Rudy Aernoudt, entre temps disparu du PP, et accuse Modrikamen ni plus, ni moins, de "dynamiter les francophones sur le front communautaire" (Le Soir 09 sept 2010). Les règlements très élégants de comptes entre des anciens collègues, rien de nouveau sur le front.

Pour compliquer encore plus le paysage, le Centre pour l'Égalité des chances a porté plainte auprès du parquet de Bruxelles contre l'animateur des Résistants et probablement futur président du parti La Droite, pour incitation à la haine envers les musulmans. En diffusant par mail un diaporama intitulé La petite peste et précédé de la mention « Autant que vous le sachiez, vous êtes déjà musulman », l’intéressé aurait clairement enfreint la loi anti-discrimination du 8 mai 2007 (voir le même journal). La chaîne Quick est aussi concernée, car suite à sa décision de distribuer de la nourriture halal, elle s’est attirée les foudres des défenseurs des valeurs universelles.

Mais le feuilleton ne s’arrête pas ici, car à son tour, le descendant des immigrés calabrais qui est Mr Mungo assigne en justice le journaliste du Soir, pour lui avoir prêté des activités commerciales beaucoup moins glorieuses que l’analyse géopolitique, assigne en justice le Centre, ainsi que trois autres personnes et laisse entendre même sur les pages Facebook que toute personne qui affirmerait la même chose pour lui nuire subira le même sort. Comparu en audition de police le 22 août 2012, il affirme que le journaliste du Soir aurait crée une légende urbaine à son compte. Les menaces sont plus ou moins voilées (sans jeu de mots) , car, en parlant des autres, le discours est sur mesure « La tolérance n’est plus de mise ».

Enfin, une recherche rapide sur Internet concernant les activités politiques de Mr. Mungo renvoie systématiquement à des sites où il critique plus ou moins vertement (pas fait exprès non plus), l’Islam. Certes, la moindre critique de la personne du (prochain leader ?) du parti La Droite est punissable par la loi, rappelle-t-il sans cesse, la critique des autres religions non. Jolie démonstration de valeurs universelles.

Certes, on attendra le programme politique du nouveau parti pour nous convaincre s'ils ont d'autres choses à proposer, pour les problèmes réels de la population. Nous verrons donc les propositions programmatiques, en dehors de ces discours anti-musulmans, le plat rechauffé que l'extrême droite "islamovigilante" nous sert et ressert à saturation. En attendant, je me rappelle seulement un message privé que le Secrétaire du mouvement Nation m’avait envoyé, le 15 juin 2012, deux jours avant la manifestation du PP contre l’Islam (même créneau que La Droite, et d’autres partis de la même famille).

JP Demol affirme que Nation a des « contacts polis » avec Aldo Michel Mungo, vu ses opinions à l’adresse du danger vert, sans doute et pense que Modrikamen est «  un outil du système, pour mettre l'embrouille dans la mouvance nationaliste francophone ». Je ne sais guère si Mr Mungo assignera aussi en justice JP Demol pour créer ce lien entre eux, vu la réputation du mouvement nationaliste solidariste et identitaire créé par un ex-VMO proche de Degrelle..Eux aussi islamophobes et contre le multiculturalisme. 

Je sais juste que j’ai finalement raccroché mon smartphone, un peu déçue de ce populisme de tout bord, qui tourne autour de l’Islam et refuse systématiquement ou peut-être n’est pas en mesure de donner des réponses à la poux citoyens, plus préoccupés de ce qu’ils mangent à Noël que de la couleur des guirlandes dans le sapin, en bois ou en plastique.

J’espère que la prochaine fois, je ne tomberais pas par hasard sur une conversation Bd de l’Empereur, pour apprendre que le PS a enfin décidé de devenir un parti social ou au siège du MR pour apprendre qu’ils ont fini par découvrir John Locke ou Stuart Mill. Je ne m’en remettrais jamais de ces émotions soudaines.

 


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4 réactions à cet article    


  • Malika NN 24 novembre 2012 00:03

    Cher Monsieur Colignon,

    Merci pour votre commentaire. Lorsqu’on s’en prend à toute religion, en l’occurence à l’Islam, il y a une différence entre critiquer ladite religion comme élement d’une culture et d’une civilisation (ce qui est une forme de xénophobie à l’égard de la majorité de croyants respectifs), d’une part, et critiquer une lecture et une pratique littérales des textes fondateurs de cette même religion (les dispositions les plus cruelles de la Charia que vous mentionnez).

    Dans ce second cas, en effet, il convient de critiquer avec vigilance les excès des intégristes de toute origine, qu’il s’agisse de Tea Party evangelistes, des born again texans, des Catholiques retrogrades (qui, en Irlande, laissent mourir les femmes à la porte de l’hôpital, car Dieu interdit l’avortement, même en cas de maladie), ou bien des islamistes auxquels vous faites référence. Or, la plupart des musulmans ont une pratique tout à fait raisonable de leur religion, comme la majorité des Catholiques, des Protestants ou des Juifs, de la leur.

    Se concentrer sur les excès commis au nom d’une seule religion et non de toutes les religions c’est faire preuve au minimum de discrimination et plus généralement, de racisme (au nom de l’assimilation forcée et l’équation simpliste rapide et inexacte entre islam=arabe), de xénophobie etc. Ceux qui usent et abusent de ces discours c’est en général pour tenter de se donner l’illusion d’une existence politique.

    L’anti-islam est devenu le discours commun à tous les groupuscules d’extrême droite, mais pour certains il sert de seul et unique programme politique.


  • popov 22 novembre 2012 15:51

    @l’auteur

    « L’intervenant fait semblant d’oublier qu’actuellement, il n’y a plus grande populisme que de parler de l’islamisation de la société. »

    Populisme ou lucidité ?

    • Un arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme du 31 juillet 2001 affirme que la loi islamique est incompatible avec la démocratie et les droits de l’homme. Cet arrêt a été confirmé par la grande chambre de cette cour le 13 février 2003.
    • D’autre part, les islamiques affirment que la charia est inséparable de l’islam.
    • De plus, les mahométans ont tendance à voter pour les partis islamistes. On l’a vu avec les Tunisiens habitant en France, et dernièrement avec l’élection d’islamistes partisans de la charia en Belgique.

    Il faut donc se rendre à l’évidence : nous avons un problème avec l’islam.

    « Cela leur évite convenablement de parler d’autres problèmes plus aigus : emploi, redressement de l’économie, solutions pour la crise etc. »

    Parlons de l’emploi. A une époque où il y a encore plus de chômage chez les immigrés que dans le reste de la population, comment le gouvernement peut-il justifier l’immigration continue ?


    • popov 24 novembre 2012 16:16
      @Alain Colignon

      Imaginez une femme mariée à un petit chef de clan hébreu à une époque pré-biblique. Son mari exerce un pouvoir absolu sur ses femmes, ses chèvres et ses poules. Il est irascible, narcissique, tyrannique, très sensible aux flatteries et ne supporte pas la moindre critique.

      Cette femme qui a des talents littéraires et qui a envie de se moquer très subtilement de son mari compose un poème qui met en scène un personnage imaginaire qu’elle appelle Yawé et qui a toutes les caractéristiques de son tyran de mari.

      Ce poème se transmet de bouche à oreille, de génération en génération, jusqu’au jour où il est mis par écrit. 

      Relisez la genèse avec cette idée en tête, et vous ne pourrez vous empêcher de sourire aux descriptions de ce dieu.

    • popov 24 novembre 2012 16:27
      @l’auteur

      « et critiquer une lecture et une pratique littérales des textes fondateurs de cette même religion (les dispositions les plus cruelles de la Charia que vous mentionnez) »

      Ce n’est pas une lecture ou une autre que nous critiquons, c’est le texte lui-même.

      Maintenant, si vous pensez qu’il existe un islam modéré, pouvez-vous me dire quel en est le texte fondateur et qui en est le prophète ?

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