Qui Hollande trompe-t-il vraiment ?
Au delà des péripéties conjugales présidentielles dont les médias people font leurs choux gras, peut-on encore faire confiance à un président qui, depuis son élection ne cesse de faire douter de sa parole.
Cocu… ce mot claque comme un juron, et celle, ou celui qui porte les cornes baisse tristement la tête, observé parfois avec compassion par « ceux qui savent ».
Charles Fourrier, l’un des premiers socialistes utopistes français, s’est largement exprimé sur ce domaine quittant celui du couple, l’élargissant métaphoriquement à la politique, et lorsqu’il s’exprimait sur le cocu fataliste, il écrivait : « cocu fataliste ou résigné est celui qui, dépourvu de moyens personnels pour fixer son épouse, se résigne à ce qu’il plaira à Dieu d’ordonner, et se retranche sur la justice et le devoir, en observant que sa femme serait bien coupable si elle le trompait ; c’est à quoi elle ne manque pas ».
Il en remettait une couche en évoquant le « cocu orthodoxe ou endoctriné : « il est le catéchumène du métier. Il a bien eu quelques soupçons, mais ayant été bien entouré, bien catéchisé, il est décidé à croire aux vrais principes du métier, et met toute son espérance dans le bon naturel de son épouse et l’influence de la morale ». lien
Des soupçons, les français en ont eu assez vite, peu de temps après l’élection du candidat socialiste, sachant que les décisions les plus importantes doivent être prises dans les premières semaines suivant l’élection, et ne voyant rien venir, un doute légitime s’est imposé à leurs esprits…
Le tournant socio-libéral pris le 14 janvier 2014 par le chef de l’état était déjà largement amorcé dès les premiers jours de son mandat, provoquant la légitime déception des citoyens, qui, à l’image de son ex-compagne, se sentent trahis…cocus.
Qu’un homme, ou qu’une femme soit trompé, il n’y a rien là-dedans d’extraordinaire, mais cet épisode conjugal malvenu n’est-il pas un élément de plus de nature à faire naitre un doute sur l’engagement socialiste présidentiel ?
En effet, on cherche en vain la moindre preuve dans les décisions présidentielles d’un début de lutte contre celui qu’il avait désigné comme son adversaire… « La finance ».
Les pistes ne manquent pourtant pas…appliquer le barème qu’il avait proposé avant d’être élu : que le plus haut salaire ne soit pas plus de 20 fois le smic…on attend toujours. lien
Pas d’impôts nouveaux ?
Dès le début 2013, le gouvernement les a augmentés afin de récupérer 20 milliards d’euros, et Pierre Moscovici reconnait que les prélèvements obligatoires le seraient encore de 6 milliards d’euros en 2014.
On attend toujours en vain que les 3000 exilés fiscaux soient punis : leur liste est connue grâce à Hervé Falciani, elle a été validée par la justice, (lien) et comment ne pas s’interroger sur les choix d’un gouvernement qui préfère augmenter les impôts, faisant l’impasse sur 80 milliards facilement récupérables ?
Le syndicat « solidaire-finances publiques » évalue en effet à 80 milliards d’euros la somme qui pourrait être récupérée en combattant la fraude fiscale. lien
En fin de compte, si l’on prend les unes après les autres les 60 engagements du candidat, c’est un peu « la grande désillusion ».
Ce changement promis pour maintenant semble s’éloigner chaque jour un peu plus…
Au-delà du « mariage pour tous », il y a eu de timides avancées, le salaire des ministres a légèrement baissé : alors que le gouvernement Fillon atteignait les 483 510 euros par mois brut par mois, le gouvernement actuel coute 352 860 euros …lien
Mais ce n’est qu’une goutte d’eau restant du domaine du symbolique.
On attend en vain la réforme du statut pénal du chef de l’Etat… du cumul des mandats, on est sans nouvelles du droit de vote aux étrangers à l'occasion des élections locales : lors de la rencontre qu’il a eu en avril 2013 avec des députés socialistes, il leur a confié « je n’ouvrirais pas de 2ème front sur les sujets sociétaux avec le droit de vote des étrangers ». lien
Quid de la fusion entre l’impôt sur le revenu et la CSG sur laquelle il s'est exprimé : « cette fusion on la fera, mais dans un contexte plus favorable »…quid de la grande réforme territoriale…quid de la modernisation de la vie publique ?…qui du redressement des comptes publics ?...quid des baisses d’impôts ?...
Comment est-il possible de laisser perdurer le gaspillage honteux généré par le CES (conseil économique et social) qui coute bon an mal an 40 millions d’euros, auquel s’ajoutent les CESE régionaux, ce qui porte l’addition à 100 millions d’euros. lien
Comment ne pas être scandalisé par les quasi 180 000 euros par an que va recevoir pour sa retraite Jean-Marc Ayrault ? lien
Ce même Ayrault qui continue de soutenir l’inutile Aéroport de Nantes, lequel se veut sans raison international, et qui couterait bien plus cher qu’annoncé, soit 4 milliards d’euros. lien
Sur le chapitre des grands travaux inutiles, le gouvernement a validé de nombreux projets, dont le Lyon Turin, générant un gaspillage de 28 milliards d’euros.
Ne parlons plus de « la transition énergétique » qui semble être passée aux oubliettes…(lien) d’autant que le gouvernement ne cesse de faire la promotion du nucléaire…laissant se perdurer le gaspillage honteux pour l’EPR dont la facture est passée de 3 à 9 milliards, et qui de plus souffre de défauts de conception. lien
On essaye aussi de comprendre l’intérêt qu'il y a à dépenser des millions pour la rénovation de Fessenheim, cette centrale qu’Hollande avait promis de fermer dès son élection, reportant ensuite la date à la fin de son mandat. lien
Il avait affirmé, « moi président, je ne serais pas le chef de la majorité »…mais il a soutenu, en vain, Ségolène Royal, lors des législatives.
Plus grave, lui qui avait assuré qu’il ne recevrait pas les parlementaires de la majorité à l’Elysée, il les a pourtant reçus en avril 2013. lien
Et quid des jolis cadeaux qu’il distribue à sa bonne ville de Tulle qui croule sous les subventions…200 000 euros en décembre dernier pour le cinéma de cette ville. lien
Et les cadeaux se multiplient pour Tulle. lien
Et que dire du détricotage du code du travail, (lien) ce qui met dans une juste colère les inspecteurs du travail, (lien) des suicides qui se multiplient dans les entreprises d’état, France Télécom, la Poste ?
La cerise sur le gâteau, les français l’ont découvert le 14 janvier, lors de la conférence de presse hollandaise, apprenant qu’ils avaient en fait élu un « social libéral ».
Mais le modèle allemand, inspiré par Gérard Schroeder, appliqué par Angela Merckel, laquelle a remplacé 3 millions de chômeurs par autant de miséreux, sera-t-il du gout des français ? lien
Un membre historique du parti socialiste, Gérard Filoche exprime en quelque mots sa colère et sa déception : « je ne peux pas supporter qu’on fasse des cadeaux aux patrons sans retour (…) il faut parler des exonérations qui continuent à courir, plusieurs dizaines de milliards d’euros d’aide aux entreprises..(…) or les patrons licencient, (…) les patrons ne renvoient jamais les ascenseurs…il y a eu 1100 plans sociaux depuis la signature de l’accord national interprofessionnel…la précarité augmente, les contrats courts, les CDD, ont explosé… ils ont signé un accord sur la formation professionnelle, mais à condition que ce soient les petites entreprises qui payent à la place des grosses, ils ont signé un accord sur la complémentaire santé, mais au profit des grandes boites d’assurance privées (…) j’ai entendu François Hollande dire « la redistribution viendra après » mais la crise vient du seul fait qu’il n’y a pas de redistribution, mais les richesses sont déjà là, les 500 familles possèdent 300 milliards…il y a 80 milliards de fraude fiscale…ça fait partie du deal avec le patronat qu’on aille pas les chercher ! » lien
Tout est dit, et bien dit.
Alors, à l’image de ce qui s’est fait en Allemagne, Hollande va-t-il, tout comme Merckel réduire les indemnités de chômage en les faisant passer de 3 ans à 1 an ?
Idem pour les dépenses de santé, dont l’état pourrait bien se désengager encore un peu plus, pour faire des économies.
Le 17 janvier va commencer la réforme de l’assurance maladie…il est possible que de mauvaises décisions soient bientôt prises, destinées à faire aux entreprises un cadeau de 30 milliards supplémentaires.
Comme le disait Axel de Tarlé, sur l’antenne d’Europe 1 dans l’émission de Nicolas Poincarré, décryptant la conférence de presse : « Hollande a fait son « coming out », il s’est enfin déclaré « social démocrate »…dont la formule est connue : « le marché autant que possible, puis l’Etat autant que nécessaire ».
Pas étonnant dès lors que Borloo (lien) et d’autres plus à droite, tel François Baroin, (lien) soient satisfaits de ce virage au socialisme libéral, qui, en permettant d’abaisser les charges des entreprises, va pénaliser encore un peu plus les ménages.
Il ne serait pas étonnant que les français se sentant eux aussi cocus, décident de réagir…
Pas étonnant non plus que Michelle Cotta, se croyant hors micro, ait trouvé Hollande « moche et minable ». lien
Comme dit mon vieil ami africain « on lie les bœufs par les cornes, et les hommes par la parole ».
L’image illustrant l’article provient de « France-courtoise.info »
Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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Hollandie, l’autre pays de chômage
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