Rose promise, chom du !
Ce slogan, apparu régulièrement lors des manifs à répétition contre la loi Khomri, est le reflet de la réalité d’un pouvoir coupé du peuple, entouré de jeunes énarques, tout juste bon à « servir la soupe au monarque », plongeant ce dernier dans l’illusion d’une situation qui ne serait pas si dramatique...
Il faudrait donc essayer de comprendre ce qui se passe au sommet de l’état et qui expliquerait la gravité d’une situation qui perdure depuis quelques dizaines d’années.
Pourquoi la France est-elle particulièrement visée ? Le chômage y a-t-il la peau plus dure qu’ailleurs ? Et pourquoi a-t-on le sentiment de faire du surplace depuis les années 60 ?
Partout, ou presque, en Europe, le chômage recule, et la France se retrouve à 4 places du dernier, par rapport aux autres pays de l’U.E. lien
L’une des principales réponses viendrait, d’après quelques politologues, de l’entourage même du président : ils sont un petit millier de conseillers, la plupart énarques, souvent jeunes, coupés des réalités politiques, même s’ils sont parfois envoyés sur le terrain pour prendre la température du peuple, comme récemment, lorsqu’ils ont été missionnés aux « nuitdebout » pour tenter de comprendre ce qui est en train de se passer. lien
Ils en ont fait un compte rendu au chef du gouvernement, qui, du coup, trouve ces jeunes « très bien »... « Il ne faut pas se plaindre de voir des jeunes se réunir, agir et rêver de collectif. C’est le signe que la société française a un souffle » assure Valls, lui qui s’affirme « de gauche », (ce qui n’est pas l’avis de tout le monde (lien)) et qui reconnait que « la situation de nombreux jeunes est difficile », alors qu’il a validé la loi Khomri, loi qui faisait la part belle aux patrons, ravalant les jeunes, et les moins jeunes, au rang de travailleurs jetables facilement, même si, petit à petit, la loi se vide de ses intentions initiales, sous la pression citoyenne de la rue. lien
Mais l’Élysée est une tour d’ivoire, le calme y règne dans les palais, dans les bois, la nature luxuriante plonge ceux qui y vivent dans un sentiment de sérénité, de calme, bien loin des préoccupations populaires.
À la tête de l’état on prône une chose et on fait souvent son contraire, sans même parfois s’en apercevoir.
Ainsi celui qui avait dit « on ne réforme pas la France par ordonnance, mais par le dialogue social », fait exactement le contraire en proposant une réforme du droit du travail, sans la moindre concertation.
Pourtant Hollande avait déclaré : « toutes les fois ou le gouvernement a voulu passé en force, ça a bloqué le pays : Juppé en 1995 et Villepin en 2006 avec le CPE »...ce qui ne l’a pas empêché de lancer la réforme du droit du travail, ou même celle de la déchéance de nationalité. lien
Quant aux quelques écolos de façade encore dans ce gouvernement, caution d’une présidence qui se voudrait sensible aux questions environnementale, ils sont en train d’avaler couleuvres sur couleuvre, avec l’abandon pur et simple d’une promesse hollandaise concernant la fermeture de Fessenheim, qui finalement sera peut-être fermée un jour, en 2018...sauf que la présidentielle aura eu lieu, et qu’il est probable que le successeur présidentiel ne se sentira plus engagé par cette promesse. lien
Autre promesse jetée aux orties, celle de la réduction de la part nucléaire à 50% d’ici à 10 ans...Ségolène Royal repoussant la décision à 2019, quand elle ne sera probablement plus ministre. lien
Avec seulement 13% d’opinions favorables, comment s’étonner de l’impopularité de François Hollande ? lien
Pourtant l’intéressé n’en semble pas autrement troublé, et on pourrait lui rappeler le choix du « grand Charles », qui avait déclaré : « si je suis désavoué par une majorité d’entre vous, (...) ma tâche actuelle de ceux de l’état deviendra évidemment impossible et je cesserai aussitôt d’exercer mes fonctions »... et deux jour plus tard, en accord avec sa déclaration, le général De Gaulle démissionnera avec seulement 47,13% de soutien du peuple. lien
Ça n’est manifestement pas à l’ordre du jour pour le locataire de l’Élysée, tout comme ça ne l’était pas pour ses prédécesseurs, lorsqu’ils étaient dans la même situation.
Sous Sarközi, les ministres ne démissionnaient jamais, quelle que soit la gravité des faits. lien
Aujourd’hui, parfois, un « visiteur du soir » pointe discrètement le bout de son nez à l’Élysée, et s’il faut en croire Emmanuel Berreta dans un article du « Point » ce visiteur du soir lui a confié : « à L’Élysée, il est impossible de garder le contact avec la réalité...déjà vous n’êtes plus à Paris, vous êtes à la campagne. Il n’y a plus un bruit, il y a de la verdure, un parc. Même dans les couloirs, on n’entend rien, alors que 860 personnes y travaillent. Et vous êtes cernés d’énarques qui ont 35 ans et aucun sens politique. À cet âge là, face à un président, ils s’écrasent ». lien
Quant à l’entourage proche du président, il continue à le pousser dans la mauvaise direction, affirmant contre toute attente qu’il a « l’implacable volonté d’en découdre »...on trouve au sein de ses conseillers une certaine France Lavarini, celle qui avait conseillé Jospin en 2012...mais aussi Nathalie Rastoin, qui faisait partie du 1er cercle de communicants de la campagne Ségolène Royal.
Les autres conseillers tentent de le rassurer, dédramatisant cette courbe du chômage qui ne veut plus s’inverser, allant même jusqu’à incriminer les chiffres de Pôle Emploi...affirmant qu’il vaudrait mieux privilégier ceux du BIT (Bureau International du Travail », plus favorables...comme l’affirme l’ancien ministre du travail François Rebsamen, comme s’il fallait accuser le thermomètre d’être responsable de la fièvre. lien
Pourtant tout n’est pas totalement noir mais si plus d’un milliard d’euros viennent de rentrer dans les caisses du ministère du budget, c’est d’abord grâce aux lanceurs d’alerte des « panama papers » et il reste beaucoup à récupérer. lien
Étrange situation que celle d’un gouvernement tentant à tout prix de s’auto-persuader que « tout va bien », alors qu’il est en train de sombrer.
Du coup, petit à petit, certains désertent le navire pour des horizons plus fructueux, tel Jean-Jacques Barbéris, conseiller aux affaires économiques vient de rejoindre un filiale du Crédit Agricole...l’économiste Laurence Boone a quitté l’Élysée pour le groupe AXA, et Hélène le Gal devrait bientôt obtenir un poste diplomatique à Jérusalem...
Mais quel est donc ce cancer qui gangrène notre pays au plus haut sommet de l’état, et dans toute l’administration qui l’entoure ?
Jean Peyrelevade, lui-même ancien fonctionnaire, vient de se fendre d’un ouvrage lucide et cruel pour ses pairs : « Journal d’un sauvetage/Albin Michel » dans lequel il décrit la gabegie structurelle qui veut que soient imposés à des postes prestigieux des amis, plutôt que des femmes ou des hommes compétents, en se basant sur le drame financier du Crédit Lyonnais, qui a couté 15 milliards au contribuable.
Qu’il s’agisse de ministres, de banquiers, de grands patrons d’entreprises publiques, plus intéressés par leur propre intérêt que celui de l’intérêt général, il décrit le naufrage administratif d’un Titanic administratif de tout l’appareil d’état, sans le moindre contrepouvoir, soutenus par des hommes politiques copains de promotion de l’Ena, tous intimement convaincus de leur supériorité et de leur infaillibilité.
Il n’y va pas par 4 chemins et déclare radical : « il faudrait supprimer l’Ena ! ». lien
Prenons l’exemple de l’entreprise Areva, qui bien quelle soit en quasi faillite, continue d’engouffrer des fortunes dans des EPR sans avenir, obligeant l’état à mettre la main à la poche à la hauteur de 5 milliards d’euros, (lien) ou même la SNCF, au bord d’une rupture financière, préférant investir des fortunes dans des lignes LGV non rentables (Paris Bordeaux, Lyon-Turin) plutôt que de rénover un réseau secondaire ferroviaire à bout de souffle, jusqu’au prochain Brétigny. lien
C’est en tout cas le constat que fait l’économiste Jean-Pierre Chevallier, preuves à la main, affichant plus de 12 milliards de pertes sur des dépréciations d’actifs sur l’exercice 2015 pour seulement 377 millions de bénéfice, les capitaux propres fin 2014 étant d’à peine 6 milliards. lien
En attendant, les « nuitdebout » bouclent leur 46 Mars, s’étendant à toutes les grandes villes du pays, avec maintenant leur TV en direct. lien
Quant à François Hollande, il s’est exprimé pendant 2 longues heures sur l’antenne de France 2, pour tenter de remonter un peu dans l’estime des français, en vain semble-t-il. lien
Il aurait dû écouter les conseils d’Alexandre Astier, lequel lui disait : « je crois qu’il faut que vous arrêtiez d’essayer de dire des trucs, ça vous fatigue déjà, et pour les autres, vous ne vous rendez pas compte de ce que c’est ! »,(vidéo) mais en guise de conclusion, laissons la parole aux Déschiens : vidéo
Comme dit mon vieil ami africain : « c’est tant que le vieux seau est encore là qu’il faut en fabriquer un neuf ».
L’image illustrant l’article vient d’observatoiredumensonge.com
Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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