SACEM et compagnie, le chant de l’argent
Ha bon, vous organisez un bal du village pour financer le comité de jumelage ?
Vous êtes une association loi 1901 (sans but lucratif), certes mais pas nous. Nous nous sommes la SACEM et nous devons ponctionner vos bénéfices pour payer un salaire décent aux artistes qui nous font confiance.
" Cette rengaine, nous l’entendons résonner à travers toutes la France. Pas d’exception, pas de répit, tout le monde doit payer la dîme pour ce culte avilissant qui fait de la culture une marchandise comme les autres. Les percepteurs de la SACEM sont à l’affût des kermesses d’écoles, des bals pour financer les échanges entre communes...
Mais puisque cet argent est là pour aider les pauvres artistes à survivre, eux qui sont tant piratés sur internet, on ne peut pas refuser, surtout avec des menaces glissées entre les lignes (montant de la pénalité en cas de non paiement....) : même le gars des impôts qui vous écrit pour vous réclamer des arriérés est plus aimable. Pourtant, d’après le rapport annuel de la cour des comptes sur les organismes de gestion des droits d’auteurs, il semble que l’argent subisse une sorte d’évaporation dès qu’il arrive dans les caisses d’organismes comme la SACEM ou la SCPP (1).
Un parlementaire UMP, député de la Mayenne va demander l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire au président de l’assemblée nationale. Par ce biais il souhaite avoir des éclaircissements au sujet des rémunérations pharaoniques perçues par les dirigeants de ces sociétés alors que le marché de la musique est censé être en pleine crise. (2)
Il en a assez de constater que concitoyens voient leurs efforts ponctionnés si sévèrement. Et il n’a que trop raison, quand on sait que pour une somme dépensée aujourd’hui l’artiste ne touchera en moyenne son dû qu’en juin 2011, on se demande où passe l’argent durant tout ce temps. Et surtout où passe la partie qui manque ?
Non content de faire payer la taxe pour la copie privée aux hôpitaux qui ne font que mettre des données médicales dessus (contrairement à ce que croit la Sacem et compagnie, les hôpitaux ne sont pas des usines où on grave à la chaîne les CD piratés), les organismes de gestion ne défendent même pas les artistes comme ils le prétendent.
Mais dormez tranquille, braves gens, le gouvernement veille et il veille avec d’autant plus d’ardeur qu’il couche dans le même lit que les professionnels du divertissements et les lobbies. Nous l’avons encore vu lors de l’examen de la loi création et internet (HADOPI) où la ministre de la culture, Mme Albanel a fait siens des chiffres fournis par l’industrie culturelles. Ces chiffres montraient quel danger représentait le piratage, et donc la nécessité de conserver à la fois la taxe sur la copie privée mais aussi celle de durcir la réglementation envers ceux qui essaient d’user de ce droit pour lequel ils paient une taxe. Malheureusement pour elle, la cours des comptes américaine vient de fustiger les chiffres imaginaires et contrefaits fournis par l’industrie de la culture.... (3).
Il reste à espérer qu’en France on puisse nous aussi ôter les oeillères qui empêchent nos élus de voir clair dans le jeu de lobbies culturels et de remettre à plat le système de répartitions des droits d’auteurs une bonne fois pour toutes.....
(1) http://www.pcinpact.com/actu/news/56327-hadopi-crise-cour-compte-controle.htm
(2) http://www.pcinpact.com/actu/news/56650-yannick-favennec-sacem-enquete-parlementaire.htm
(3) http://fr.readwriteweb.com/2010/04/19/divers/gao-affirme-les-chiffres-du-piratage-sont-contrefaits/
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