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Accueil du site > Actualités > Politique > Sanofi : « nous ne voulons pas devenir PSA »

Sanofi : « nous ne voulons pas devenir PSA »

Non sans un certain cynisme, lors d'une interview donnée à l'Usine Nouvelle, Christian Lajoux, le patron de Sanofi France a comparé sa stratégie industrielle à celle de PSA.

"Le problème de ce groupe [PSA], c’est qu’il avait une grande partie de sa fabrication sur le territoire français, et il a manqué le virage de la compétitivité au niveau international."

Quelle stratégie miracle a donc adopté Sanofi pour ne pas manquer "le virage de la compétitivité au niveau international" ? Se plaignant qu'aucune des 47 molécules autorisées l'année dernière en Europe n'est venue de Sanofi, Christian Lajoux justifie la réorganisation du groupe.

"Et finalement, 900 suppressions de postes d’ici 2015, c’est moins de 3% de nos salariés, ce qui veut dire moins de 1% par an !" C'est oublier que ces 900 salariés qui vont de faire licencier représentent autant de drames humains. Autant de personnes brisées. Par cette démonstration mathématique, la Direction de Sanofi nous illustre le côté le plus noir du capitalisme. Celui qui transforme l'être humain en variable d'ajustement. Un simple centre coût.

Comment ne pas penser à ces hommes et ces femmes qui se sont investis pour leur entreprise ? Ces personnes qui ont une famille à nourrir ? Qui ont un emprunt à rembourser ?

Et que penser de la stratégie industrielle elle-même ?

Christian Lajoux nous explique dans un premier temps que Sanofi la joue "grand prince" en conservant les sites de production de vaccins en France. Rappelons que c'était l'enjeu il y a quelques années lors du rachat d'Aventis. La France, par la voix de Jean-Pierre Raffarin avait montré les dents vis à vis de tout laboratoire pharmaceutique qui aurait été tenté de racheter Aventis, se faisant taxer de protectionnisme mal placé. La France aurait perdu là son avantage stratégique vis à vis des vaccins. Il était alors primordial que Sanofi rachète Aventis pour conserver cette expertise et cette indépendance sur le sol français. Le rachat a eu lieu. Merci Jean-Pierre.

Et le discours aujourd'hui ? Ne nous emm... pas ! Nous acceptons de conserver les centres de production de vaccins en France alors que Singapour est prêt à nous les racheter pour 350 millions d'euros ?

"Je vous assure que le gouvernement de Singapour nous aurait donné les 350 millions pour que nous allions nous installer là-bas !"

"C’est cela, une entreprise qui a le sens de la responsabilité nationale. Il faut aussi que nous devenions un grand pays du générique, car aujourd’hui c’est une faiblesse de notre système. On dit qu’un générique sur deux est fabriqué sur le territoire français… je pense plutôt qu’un générique sur deux y est conditionné."

Au moins le ton est donné ! La recherche, tout au moins en France, se limitera à contourner des brevets pour produire des médicaments génériques... Bel avenir pour Sanofi ! Le low-cost. La copie.

"Je ne suis pas sûr que demain, l’industrie du médicament soit grandement productrice de nouveaux emplois dans les pays matures. En revanche, dans les pays émergents, et précisément dans les Bric, elle va créer des emplois."

Christian Lajoux et son patron Chris Viehbacher concrétisent largement ces propos en multipliant les partenariats bon-marché avec les pays en voie de développement comme en témoigne son rachat cette fois-ci du génériqueur Genfar en Amérique Latine. Chaque jour apporte à Sanofi son lot d'investissement dans des pays "à fort potentiel" au détriment de ceux qui ont contribué à faire de cette entreprise ce qu'elle est aujourd'hui.

"Car ce sont les autorités de ces pays qui demanderont, sous prétexte de transfert technologique ou autre habillage, que l’on crée de l’emploi en Inde, en Chine..." Dommage que les autorités françaises ne sachent pas se faire respecter davantage. Il faut reconnaître que les politiciens chinois ou indiens ont le mérite de savoir gérer avec fermeté l'emploi dans leur pays.

"Ce qui fait l’attractivité d’un pays, c’est la réglementation, les taxes, les contraintes environnementales : il faut les respecter, mais le principe de précaution, tel qu’il est développé en France, coûte cher. Il y a aussi la mauvaise image que l’on donne ici de cette industrie."

Le respect de l'environnement, et du principe de précaution vous pose-t-il problème Monsieur Lajoux ? Combien de scandales sanitaires faudra-t-il pour moraliser cette industrie ? En France, la vie humaine n'est pas négociable. Cela vous pose-t-il problème ? Oui, travailler proprement coûte plus cher.

La conclusion de l'interview laisse sans voix. "Ce que je dis à Jérôme Cahuzac et Marisol Touraine actuellement, c’est : relancez la machine ! Nous demandons simplement d’avoir un lieu de débat sur les conditions d’attractivité, pour faire en sorte qu’on dispose d’un environnement qui invite les industriels internationaux à investir en France plutôt que dans d’autres pays."

Ce sacrifice de 900 personnes ne ressemblerait-il pas à un simple chantage ?

Décidément, Sanofi n'est pas comme PSA. PSA s'est contenté de délocaliser sa production à l'étranger tout en continuant de profiter des largesses de la France. Sanofi a poucé le cynisme jusqu'à délocaliser également sa R&D.

Il y a quelques jours, le Dr Paul Chew a été promu Directeur des Affaires Médicales de Sanofi, incontestablement l'un des postes les plus influents du laboratoire. Il exercera principalement depuis Bridgewater dans le New-Jersey. Cela valait vraiment le coup que la France se batte pour ramener Sanofi-Avenis dans son giron il y a quelques années.

Le capitalisme sauvage dans toute sa splendeur.

Source

"Nous ne voulons pas devenir PSA" affirme le patron de Sanofi


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3 réactions à cet article    


  • frugeky 4 octobre 2012 09:26

    Mais à quoi donc peuvent bien servir ces dirigeants d’entreprises au regarde de l’ensemble de la communauté humaine ? Ils ne sont pas chercheurs, pas productifs, ils coûtent cher, très cher, et de plus ils placent leurs avoirs dans des paradis fiscaux. Licencions les et faisons leur profiter des largesses de pôle-emploi.


    • Robert GIL ROBERT GIL 4 octobre 2012 10:08

      les patrons ne font pas 35H, eux ! Faut dire qu’un patron, dès qu’il se lève, il se considère au boulot ; quand il se brosse les dents le matin, quand il déjeune avec sa secrétaire, qu’il va au théâtre avec un client, ou qu’il assiste à un match de tennis avec un fournisseur il est au travail ! Et quand il passe un weekend sur un yacht ou une semaine aux Seychelles c’est pour réfléchir à une nouvelle stratégie de développement. D’ailleurs il est au travail 24 Heures sur 24 car l’appartement qu’il occupe dans le 16ème, et la voiture dans laquelle il se déplace comme le chauffeur est payé par l’entreprise.....

      voir : http://2ccr.unblog.fr/2010/11/25/revenu-maximum-autorise/


    • lereveur 4 octobre 2012 17:03

      Le vrai problème de Sanofi s’appelle Jean-François Dehecq et Lajoux le sait très bien. On ne remonte plusieurs années de dérives tant en recrutements qu’en gestion népotique de son premier cercle. Il a laissé aux successeurs une situation intenable. Le Point avait fait le 9 février dernier (N° 2056), un dossier complet intitulé “Le scandale des salaires”. Dans cette enquête , sont passés en revue une liste de très gros salaires , ou de conditions de départ en retraite exorbitant. Et un article documenté signé de Patrick Bonazza, titré “Le retour des goinfres”. Figure en bonne place la photo de Dehecq ainsi légendée “Lorsqu’il quitte la présidence du conseil de Sanofi (mai 2010), Jean-François Dehecq prend une poire pour la soif. En plus de sa retraite chapeau de 780.000 euros, le président non exécutif a reçu “une indemnité de fin de mandat “ de 3 800 000 euros, soit 20 mois de sa dernière rémunération. Pourquoi pas 25 ?”

      Il est extrêmement regrettable qu’aucun audit détaillé n’ait jamais eu lieu sur certains de ses résultats catastrophiques dont la liste serait longue. En particulier il s’est si souvent fourvoyé dans des recrutements importants pour des postes clés. Relevons qu’à l’AG de mai 2011, donc un an après son départ (à 70 ans ...), une association de petits porteurs a pris la parole pour dénoncer les montants outranciers qui lui avaient été octroyés, en regard de la situation qu’il laissait. Citant nommément, une Direction de la Recherche en ruine et un sureffectif flagrant en France. Autant de legs que les successeurs sont encore en train de régler. Et sans oublier le lâchage de proches collaborateurs qui l’avaient fidèlement servi ...

      Plus préoccupé de développer ses réseaux politiques en France, sans grande connaissance de l’international, totalement démagogue dans son management, et entrainant le groupe dans des projets risqués. L’exemple le plus tragique ayant été le quasi pari sur un médicament anti-obésité (acomplia), auquel il manquait plusieurs années de tests avant de prétendre être mis sur le marché. Sans le coup d’arrêt porté par l’administration américaine en Octobre 2008, Sanofi serait aujourd’hui dans la situation du mediator. Et Dehecq escomptait un chiffre colossal de l’ordre de 3 milliards Eur au démarrage, et davantage ultérieurement. Bien entendu effondrement du cours de bourse qui ne s’en est toujours pas remis.

      On peut vraiment se demander quelle valeur ajoutée il peut apporter dans les conseils d’administration où il s’accroche sans la moindre décence. Des salaires colossaux sont déjà en eux même source de questionnement. L’organisation d’un certain capitalisme à la française, avec ses postes croisés dans les conseils d’administration, en est un autre. Mais ils supposent au minimum que le résultat est au rendez vous. Ce n’était absolument pas le cas en l’espèce, ce qui rend ces extravagances encore plus scandaleuses. On était en droit d’attendre qu’il ait de lui même remis tous ses mandats d’administrateur, comme Air France. Triste exemple ...

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